Dans la lignée d’un excellent Block 109, poursuivons les aventures dans le monde de l’uchronie relative à la world war two. Cette BD au format classique se lit rapidement, trop sans doute. C’est sur le front africain que le conflit est décrit, et bien que très correcte le lecteur sera forcément déçu par rapport au premier opus, réellement novateur.
Il était une fois…
Automne 1946. Parce qu’une usine nucléaire allemande a été détruite en Norvège, le Reich lorgne les mines d’uranium / coltan du Congo belge. La SS et quelques prisonniers gratinés y sont envoyés contre un certain Leclerc, à la tête de la résistance locale. But de la SS : l’exterminer.
Critique d’Opération soleil de plomb
A nouveau, la description d’un grand théâtre d’opération de la géniale uchronie de Brugeas. Après le grand froid, le très chaud de l’Afrique. Le Tigre a un peu moins aimé qu’Étoile Rouge : toujours d’indétrônables frenchies certes, mais moins d’envergure que d’habitude.
Après l’URSS, on a parfois l’impression que les auteurs pressent le scénario jusqu’à la dernière goutte. Or cet épisode reste très correct, et montre que dans un environnement plus luxuriant le dessin reste de qualité : pluies diluviennes, hommes traumatisés au regard hébété, machines de guerre achroniques dans cet environnement miséreux, c’est suffisamment bien dessiné pour que le lecteur se croit sur place.
En outre, on nous présente un petit côté tiers-mondiste, voire « africa powa » bienvenu et sympathique. Les guides locaux des SS ne sont pas dupes, et parviennent à tirer leurs épingles du jeu. Quant aux Allemands, imaginez juste de dangereux repris de justice qui se retrouvent, arme à la main, avec pour ordre débusquer l’ennemi, dans un environnement inconnu et propre à toute « fiévreuse folie ».
Thèmes abordés (du moins selon Le Tigre)
La conquête d’un territoire hostile, la colonisation et le travail que cela représente. L’immensité du territoire est bien rendue, la tâche des assaillants SS est quasiment impossible à réaliser. Même avec du gros matos, le belligérant est obligé de faire appel à des autochtones, avec les risques (manque de loyauté surtout) que ça représente. A méditer concernant nos conflits modernes, où se pointer la bouche en cœur avec toute la technologie la plus en pointe est hélas insuffisant.
Suite logique d’une telle entreprise, l’implacable guérilla. Cette œuvre n’est pas sans rappeler la guerre du Vietnam. Et pose la question de la manière de remporter une telle configuration de conflits. Faut-il envoyer une armée régulière, « USA style », ou faire confiance à des psychopathes dont on ne peut avoir totalement confiance ? Le Reich opte clairement pour la seconde option, et les conflits, surtout en période de stress intense, sont extrêmement délicats à résoudre. Quitte à tomber dans la mutinerie.
…à rapprocher de :
– Les autres épisodes du roman graphique d’origine (Block 109, en lien) sont : Étoile rouge (mon préféré), New York 1947 (chouette), Ritter Germania (mouais).
– Ces deux auteurs ont publié une autre série nommée Chaos Team. Z’ont du beau talent, tome 1.1 (sans plus), tome 1.2 (aaaah, mieux) et tome 2.1 (très correct).
– Le film Apocalypse Now, rien que pour certains visuels (notamment les hélicos).
Enfin, si vous n’avez pas de « librairie à BD » à proximité, vous pouvez trouver ce titre en ligne ici.
Ping : Brugeas & Toulhoat – Block 109 | Quand Le Tigre Lit
Ping : Brugeas & Toulhoat – Chaos Team, Tome 1.1 | Quand Le Tigre Lit
Ping : Brugeas & Toulhoat – Ritter Germania | Quand Le Tigre Lit
Ping : Brugeas & Toulhoat – Chaos Team, Tome 1.2 | Quand Le Tigre Lit