Ça y est, dernier opus de la saga Block 109 enfin lu. Et quoi de mieux que de terminer sur un polar un peu noir dans un troisième reich réinventé. Le Tigre n’est pas mécontent que ça se termine, ça en devenait presque lassant, surtout avec cette BD où le manque de pages se fait cruellement sentir pour « saisir » tous les protagonistes.
Il était une fois…
Début 1950. Un haut dignitaire nazi est assassiné, avec comme signature celle de Ritter Germania. Ritter est un ancien acteur, une star de cinéma qui semble avoir bien mal tournée. Pour éviter d’autres meurtres, le Reichsführer Heydrich confie l’enquête à un brigadier SS, le héros que le lecteur va suivre. La traque de Ritter Germania peut commencer, sur fond de guerre entre services.
Critique de Ritter Germania
Quatrième BD qui clôt la série, les auteurs s’en allant vers d’autres chemins d’imagination. L’histoire est plutôt bien imaginée, les rebondissements rares mais satisfaisants. Le Tigre sent néanmoins que les auteurs se sont peut être moins foulés qu’à l’ordinaire, d’une part en imitant le noble style du « polar noir », fait de personnages tragiques et torturés ; d’autre part en faisant une histoire au format BD plutôt que roman graphique.
Toutefois l’univers de base, génial, reste superbement exploité grâce à l’exploration de différents thèmes : guerre en Afrique, virus mutants, aviation « Buck Danny style » et ici meurtres à Berlin. Certes je l’ai lu en moins d’un quart d’heure, mais quel régal au début quand l’histoire du Ritter est expliquée ! Quant à la suite, le rythme est hélas loin d’être parfait.
Le principal défaut de cet opus est l’incessant « name droping » des protagonistes, chacun attaché à leurs petites organisations et se tirant à tout bout de champ dans les pattes. Pour le non initié (99% des gens j’imagine), c’est trop à moins de relire attentivement la BD avec une feuille et un stylo à ses côtés en vue de faire un joli organigramme. Ils se détestent tous, ont des intérêts de temps en temps convergents,…mince un tableau récapitulatif (un peu comme dans Les Bienveillantes de Littell) n’aurait rien coûté !
Dernier (léger) point négatif aussi : le dessin. Si je n’avais rien à vraiment reprocher par rapport aux titres précédents, ici ça me semblait trop « brouillon » et sombre, surtout par rapport à Étoile rouge ou New-York 1947. Déjà que la compréhension du scénario n’est pas optimale, alors si le dessin s’en mêle où va-t-on ?
Vous l’aurez compris, si vous avez le roman graphique d’origine Block 109, vous pouvez passer votre chemin, à moins d’acheter les quatre BD attachées. Sinon, vous n’avez rien à faire sur ce post. Passez par la case départ (cf. infra).
Thèmes abordés (du moins selon Le Tigre)
La propagande, la vraie. L’histoire du Ritter, c’est celle de toute dictature (voire démocratie) en guerre : prenez un héros, faites le lutter grandiosement contre l’ennemi commun (ici la « bête rouge ») dans un film qui emprunte le meilleur d’Eisenstein ou Riefenstahl, gros succès, et voilà ! Hélas dans Ritter Germania l’acteur prend vite le melon et fait un peu n’importe quoi avant d’être éjecté. D’où l’importance d’avoir un héros masqué, on peut changer d’interprète sans susciter les interrogations du public.
L’incroyable complexité des différents services au sein du Reich. Hitler, pour satisfaire ses nombreux soutiens, leur offrir un hochet et s’assurer avant tout qu’aucun ne prenne trop d’importance dans le Reich millénaire, a imaginé une pétée d’officines qui s’entre chevauchent territorialement et matériellement. Pire que notre administration, puisque derrière les petites guerres en services, ce sont des luttes pour survivre. La confiance est de facto inexistante et nuit souvent à la bonne marche de la bureaucratie (si ce n’est pas un pléonasme).
…à rapprocher de :
– Les autres épisodes du roman graphique d’origine (Block 109, en lien) sont : Étoile rouge (mon préféré), Opération soleil de plomb (correct), New York 1947 (chouette).
– Ces deux auteurs ont publié une autre série nommée Chaos Team. Z’ont du beau talent, tome 1.1 (sans plus), tome 1.2 (aaaah, mieux) et tome 2.1 (très correct).
– Un polar sous le régime nazi, à la différence que c’est un roman non uchronique (je ne me porte pas garant de l’existence de cet adjectif), je vous conseille la Trilogie berlinoise, de Philip Kerr.
Enfin, si vous n’avez pas de « librairie à BD » à proximité, vous pouvez trouver ce titre en ligne ici.
Ping : Brugeas & Toulhoat – Chaos Team, Tome 2.1 | Quand Le Tigre Lit
Ping : Brugeas & Toulhoat – Etoile rouge | Quand Le Tigre Lit
Ping : Brugeas & Toulhoat – New York 1947 | Quand Le Tigre Lit
Ping : Brugeas & Toulhoat – Chaos Team, Tome 1.1 | Quand Le Tigre Lit
Ping : Brugeas & Toulhoat – Chaos Team, Tome 1.2 | Quand Le Tigre Lit
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