Tétralogie sensée provoquer un effroi et un insupportable suspense, du moins faire peur, je me suis bien emmerdé. Le scénario a peiné à m’intéresser, et à moins de lire les quatre tomes à la suite comme si Warren en personne contrôlait votre rythme de lecture, bah on ne retient pas grand chose. Faible envergure, Tigre espérait mieux.
Il était une fois…
Quatre BD d’une soixantaine (à peine) de pages dont les titres sont les suivants : La Dix-neuvième victime, La Légende de nouvel homme, L’Enfant au fond du jardin, Encore quelques heures à vivre. Tout ça publié de 1996 environ jusqu’à 2005 (le dernier tome a mis du temps à sortir, et le résultat est inversement proportionnel à l’attente). Warren, c’est tour à tour un Indien maltraité, un tueur psychopathe, un réalisateur qui tourne un film sur Warren Wednesday, etc. Warren, c’est surtout un esprit vengeur qui saute de génération en génération pour trucider les responsables des exactions qu’il a subies (souvent à raison).
Critique de L’esprit de Warren
Quelle déception, mon dieu. J’avais cru que Servain et Guth (un illustrateur différent s’est occupé du dernier tome toutefois) étaient relativement bien cotés, hélas j’espère que ces opus ne sont pas ce qu’ils ont fait de mieux. Je dois être trop habitué à lire des Batman, parce qu’en 200 pages je me suis sévèrement ennuyé.
Comme le disait un ami du Tigre, le scénario est « mou ». Ça ne dépote pas vraiment dans les foyers. Dès le premier album l’action peine à se développer, sans compter les flashbacks et références dont je n’avais rien à fiche. L’esprit du vilain Warren qui occupe différents corps, chaque protagoniste « infecté » qui y va de sa petite tuerie, dès la moitié du second tome Le Tigre en avait marre. Tout m’a semblé confus, peu cohérent et surtout mal délivré de manière générale. J’ai du m’accrocher dès le début, et j’espère que d’autres lecteurs n’ont pas eu cette fâcheuse impression.
Quant aux illustrations, ce n’est pas fameux non plus. A la rigueur, si l’histoire suivait, la ligne pseudo claire et les approximations sur le rendu des protagonistes auraient pu passer. Mais là ça m’en a touché une sans faire bouger l’autre. La lecture est laborieuse, passer d’une case à l’autre n’est pas franchement réjouissant, surtout qu’il manque de grands tableaux qui auraient du occuper une planche entière. Couleurs fadasses et individus peu propices à l’empathie tellement ils m’ont paru « faux », je me demande encore comment j’ai pu acquérir le coffret.
Au final, un achat de curiosité qui m’a laissé de marbre. Sans doute ça a prématurément vieilli, ou alors en termes de thriller je suis trop habitué aux comics ou BD de SF pour apprécier L’esprit de Warren. Quoiqu’il en soit, Tigre n’était pas du tout dans l’esprit.
Thèmes abordés (du moins selon Le Tigre)
La vengeance est au centre de cette saga, et grâce à ce thème Brunschwig s’en est donné à cœur joie. Sauf qu’entre les différents protagonistes censés incarner Wednesday Warren, je me suis largement paumé en chemin. Le gars qui est exécuté et renaît illico en un enfant qu’une femme accouche en même temps, je peux saisir. Mais le gus qui pète un câble dans le quatrième album en dézinguant à tout va dans une salle de siné comme les héros à la fin d’Inglorious Bastard, j’ai eu beau relire la trame générale, le temps que ça arrive plus d’un lecteur aura été perdu en chemin.
La malédiction des Amérindiens. Derrière ses vilains psychopathes, c’est comme toute l’histoire du peuple noir qui se balance entre l’amour…euh merde, rien à voir avec France Gall. Plutôt la double humiliation : celle de leur terrible histoire, faite de tueries, discriminations et menus viols des femmes locales. Ensuite un producteur cinématographique qui, en souhaitant rendre hommage à cette population, ne véhicule (selon les Navajos) que des poncifs et une image peu flatteuse de ce peuple. Après, Tigre n’a pas poussé l’analyse plus loin, un tas de choses ont dû m’échapper. Et pour une saga qui a pris 10 piges à sortir de terre ce n’est jamais bon signe.
…à rapprocher de :
– Dans le même « esprit » avec un méchant qui se réincarne dans un autre corps, il y a Les Enfants du rasoir, de Joe R. Lansdale. C’est un roman, achtung. Décevant aussi, c’est presque une malédiction.
– Dans la catégorie je-veux-faire-du-lourd-mais-la-bd-française-ne-va-pas-bien-loin, j’ai souvent pensé au Temps des cités.
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