Premier tome d’une série policière avec des animaux anthropomorphes, voici la présentation du héros, Blacksad, et de sa première enquête d’envergure en tant que détective privé. Scénario captivant, fluidité de la lecture et dessin d’une minutie à couper le souffle, nos auteurs espagnols ne pouvaient démarrer plus bruyamment.
Il était une fois…
Natalia, magnifique comédienne qui avait du potentiel, est retrouvée assassinée. Or la belle fut, pendant un temps, la fougueuse amante de Blacksad, détective privé . Celui-ci, à partir du peu qu’il sait finalement de la victime, va remonter le fil jusqu’à punir son meurtrier. Le fil mènera très très haut.
Critique de Blacksad : Quelque part entre les ombres
Quelle belle surprise, en fait point de découverte tellement ce premier opus a été chanté de partout et a occupé les têtes de gondoles des magasins. Et à juste titre, car après des années de travail le résultat est là. Le Tigre pensait (par rapport à l’espagnolité certaine des noms des auteurs) que cette BD venait du sud de l’Europe, or il n’en est rien. Guarnido et Canales ont sorti leur ouvrage à l’attention du marché français, ensuite les traductions vers d’autre pays (dont l’Espagne) ont été effectuées.
Le héros, Blacksad, chat noir au museau blanc, est un personnage que le lecteur aura plaisir à suivre. Taciturne, doté d’un certain sens de l’humour, désabusé et conscient de la médiocrité de ses contemporains, c’est le Canardo version sombre et plus « léchée ». Sur le scénario, c’est du solide. Le chat déroule son enquête et plus il se rapproche du but, plus les dangers pleuvent autour de lui. Jusqu’à une fin presque amorale mais réjouissante. Un polar noir somme toute classique, mais délivré de la sorte, c’est du grand art.
En effet, c’est le dessin qui rend cette BD excellente. D’une part, l’illustrateur (Guarnido si je ne m’abuse) a opté pour un zoo complet de protagonistes, où gentils sont représentés par des animaux plutôt amènes et méchants par des alligators, serpents et autres trucs peu ragoutants. Le policier en chien, le boxer gorille, chaque tempérament correspond parfaitement au bestiau.
D’autre part, les planches offrent un luxe de détails qui plongent vite dans l’ambiance, avec une ligne claire agrémentée de jeux d’ombres (le titre aidant) et d’expressions faciales très inspirées. Un titre qui démarre superbement la série, et donne envie d’acquérir les autres tomes.
Thèmes abordés (du moins selon Le Tigre)
Le New-York des années 50. Comme je le disais, les illustrations sont réussies, et en particulier l’atmosphère d’une grande ville d’après-guerre. Saluons le travail de l’illustrateur sur l’architecture de Big Apple, entre quartiers typiques à la population animalière hétérogène et immeubles de grand standing que le héros est amené à visiter. Un régal pour les yeux, on oublierait presque le bestiaire des personnages qui ne sont que trop humains dans cette jungle.
A ce titre, les disparités sociales sont traitées au travers du prisme de l’antagonisme populace / puissants. Plus Blacksad avance, plus il s’avère que des personnes hautement placées sont sans aucun doute impliquées. Sans spoiler, le méchant final est un pur produit du capitalisme sauvage, un être sans morale si ce n’est celle du rapport de forces. Notre détective sera d’autant plus seul dans sa quête qu’au sein même de la police la consigne est donnée de ne pas trop se fouler sur ce meurtre. Les dernières planches, heureusement, insufflent un peu d’optimisme au lecteur.
…à rapprocher de :
– Le Tigre vous enjoint à lire les autres tomes : Artic-Nation, Âme rouge, L’Enfer, le silence, Amarillo .Que du bon, sauf le cinquième à la rigueur.
– Avec des animaux, mais en documentaire, il y a le pullitzerisé Maus de Spiegelman ou La ieuvre, BD réalisée par des Italiens talentueux sur le pool antimafia de Falcone.
Enfin, si votre librairie est fermée, vous pouvez trouver cet illustré sur Amazon ici.
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