VO : Don’t close your eyes (enfin un éditeur qui traduit mot à mot). Le Tigre ne recule devant rien, ni même les « écrivaines à môman ». Ambiance oppressante, tueur mystérieux qui peut être n’importe qui, bah figurez-vous que ça passe ! Personnages certes creux et roman un peu long, mais à ma décharge je n’ai pas vu le temps passer. J’ai même été surpris par le dénouement.
Il était une fois…
Allez zou, voilà le quatrième de couv’ [200 mots de gagnés au moins] :
« Quoi de plus effrayant qu’une vague de meurtres qui, du jour au lendemain, se met à décimer vos proches sans que vous sachiez qui sera la prochaine victime ? Quoi de plus sauvage qu’un inconnu qui frappe sans que l’on en comprenne la cause et qui laisse derrière lui en lettres de sang des phrases tirées de la Bible ? Port Ariel, niché sur les bords du lac Érié, avait tout jusque-là de la petite ville tranquille où tout le monde se connaît et où mourir assassiné semblait inconcevable. Le temps des rêves est terminé. La mort rôde désormais armée d’un long rasoir. Elle n’épargne personne. Elle peut être tout le monde. Votre voisin, votre père, l’amie de tous les jours… »
Critique de Ne ferme pas les yeux
Carlene Thompson, c’est un peu l’écrivaine dont les romans finissaient comme cadeau par défaut pour maman-lynx. Les héroïnes sont souvent des femmes (les victimes aussi, hé hé), c’est la petite gourmandise qui remplace correctement n’importe quel polar. Hélas, pour le Tigre, de tels titres qui dépassent parfois le demi-millier de pages ont souvent représenté un formidable gâchis. (c’est pourquoi je demande à une amie de les lire pour me sélectionner ceux de Thompson qui le valent bien)
Pour reprendre l’histoire du roman, l’héroïne (Natalie), qui est revenue pour soutenir une copine dont le compagnon l’a trompé, commence à se dire que ça sent sérieusement le sapin pour elle. Quatre meurtres, quatre gosses (Tamara, Alison, Charlotte et je ne sais plus qui) tués ayant un certain lien entre eux.
Là où ça devient original (et sans doute peu crédible), c’est quand Nat’ prend ses burnes à une main, son carnet de détective dans l’autre, pour aider le shérif du coin à résoudre le mystère. Même la gamine du représentant de l’ordre s’en mêle, arrêtez les frais !
Sur le style, c’est étrangement à la fois dense (chapitres longs, écriture petite et plus de 500 pages) et léger, en particulier à cause du vocabulaire que le lecteur aguerri pourra survoler. L’enquête durant une petite semaine (les titres des parties sont des indications temporelles), le dénouement (que je n’ai pas vu arriver, honte à moi) est arrivé un peu vite à mon goût. Lecture agréable certes, toutefois la mère Thompson ne visait pas Le Tigre dans son lectorat.
Thèmes abordés (du moins selon Le Tigre)
La paranoïa ambiante est plutôt bien rendue dans ce roman, avec tous ces assassinats (les victimes, proches de la protagoniste principale en sus) dont on sait qu’ils ont été forcément commis par un individu qui a été déjà décrit par l’écrivaine américaine. Presque un thriller à huis clos. En rajoutant d’inquiétants appels téléphoniques reçus par l’héroïne, il n’est pas difficile de comprendre que mémère, dans son canapé, comment peut avoir quelques suées en lisant cette œuvre.
La vengeance, la vraie. [Attention SPOIL, pour vous montrer que je l’ai lu jusqu’au bout]. En effet, toutes les victimes étaient des enfants de personnes impliquées dans une tragédie ayant eu lieu quelques années plus tôt : un jeune garçon est mort sur la table d’opération, le médecin étant le père de Nathalie. La daronne du mioche décédé a changé son nom et s’est fait passer pour une autre personne. Ayant réussi le tour de force de coucher avec le père de l’héroïne tout en sympathisant avec tous ses proches, elle a tranquillement zigouillé tout ce petit entourage. [Fin SPOIL]
…à rapprocher de :
– Pour les écrivaines de cet acabit, il faut mieux rester sur Thompson que reprendre une Higgins Clark ou, pire, la vilaine Sue Grafton (exemple ici).
– Les romans de Nicci French sont plus courts, glauques, avec un mystère moyennement bien entretenu. Dans l’ensemble, je ne le recommande pas (j’en ai lu peu, attention).
Enfin, si votre librairie est fermée, vous pouvez trouver ce roman via Amazon ici.
Ping : Sue Grafton – S comme silence | Quand Le Tigre Lit
Ping : DodécaTora, Chap.BM : 12 os en papier à lâcher à sa belle-mère | Quand Le Tigre Lit
Ping : Nicci French – Aide-moi… | Quand Le Tigre Lit