Second opus tournant autour du très original Mc Cash (ici viré de la police), Le Tigre a été plutôt surpris de la qualité de ce roman par rapport au premier de Férey avec son héros irlandais. Un peu de sentiments bien placés, beaucoup d’actions, ça passe plutôt bien. Loin d’être parfait certes, mais un indéniable bon moment de lecture.
Il était une fois…
Mc Cash a été dégagé de la police. La rage au cœur, il apprend en plus que son œil de verre ni nettoyé ni changé depuis longtemps est en train d’attaquer méchamment son œil valide. Au point que la cécité est à portée de mois (ça passe comme expression ?). Heureusement (ou malheureusement), il apprend qu’une ancienne petite amie, décédée depuis d’un cancer, a laissé une fille, Alice. Or celle-ci est aussi la fille de Mc Cash. Arrivant dans le village où la petite réside, il découvre une fillette noyée. En sus Alice vient le trouver, étant selon toutes apparences le témoin qui dérange. Voilà qui ne sera pas de tout repos.
Critique de La jambe gauche de Joe Strummer
Une certaine qualité, Le Tigre ne peut qu’applaudir Férey qui a fait montre de certains progrès dans l’écriture et l’intrigue d’un roman policier à la française. Le personnage de Mc Cash s’épaissit, l’arrivée d’une petite chose fragile (en l’espèce, sa fille) y étant pour quelque chose.
Le style s’est grandement amélioré, pour moins de 250 pages je ne me suis aucunement ennuyé lors de la lecture de l’ouvrage. Un peu plus sec, moins de descriptions inutiles, mais surtout histoire un peu plus prenante. Plus d’envergure ai-je envie de rajouter. Car au-delà d’un sordide meurtre, le héros déroule une pelote tout ce qu’il y a de plus terrible.
Chefs corrompus dans le BTP, parties fines entre notables, mercenaires balkaniques de combat, affaires au Maroc, ça dépote. Un peu trop peut-être : ça fait parfois too much, ces intrigues de partout qui comme par magie se dénouent en quelques pages. Le lecteur n’a même plus le temps de chercher par lui-même les liens entre tous ces joyeux drilles. Vexant.
Au final, il est fort dommage de découvrir un roman correct sans pouvoir se familiariser avec le héros autrement qu’en lisant le premier, médiocre. Par chance ce n’est pas nécessaire, les deux tomes jouissant d’une indépendance totale. Chouette.
Thèmes abordés (du moins selon Le Tigre)
Petite et grande criminalité. Sans spoiler, ce roman met en scène des petites bassesses d’entrepreneurs de campagne qui font appel à des hommes bien plus dangereux et psychopathes que prévus. A vouloir péter plus haut que leurs culs, les autochtones que Mc Cash rencontrent sont en très mauvaise posture. Ce dernier a en outre quelques altercations (le terme est faible) avec des vilains d’une violence inouïe. La fin fait d’ailleurs penser à un mauvais épisode de Derrick, avec de vieilles personnes regrettant leurs actes ayant mené à tant de malheur.
Les liens du sang. Mc Cash est ce qu’on appelle un antihéros (cf. roman précédent avec le gusse). Toutefois dans notre opus il fait la connaissance de sa fille, et du terrible parcours qui peut attendre un enfant sans parents. La violence du texte est alors balancée par des considérations paternelles un peu rudes mais toujours affectueuses. Se pose enfin la question de l’avenir du héros comme père, avec ses problèmes de santé rédhibitoires à terme. Son côté bourru exacerbé serait alors un bouclier afin de rabaisser les attentes de la petite ?
…à rapprocher de :
– Joe Strummer, faut-il le rappeler, était le leader du groupe The Clash. Prenez un peu de temps pour réécouter Rock The Casbah ou London Calling. Plus étonnant, j’ai découvert au début des années 2000 The Faint, excellent groupe d’électro-clash dont le chanteur a une vocalise assez proche de Joe.
– Le lecteur pourra d’abord se familiariser avec le héros dans Plutôt crever. Pas obligatoire, d’autant plus que ce premier opus est nettement moins bon.
– Le Tigre a grande mémoire. Une petite qu’on veut éliminer car étant un témoin gênant, un ancien militaire / policier pour l’aider, c’est un peu La Sirène rouge, de Maurice G. Dantec. Si en plus la gamine de ce dernier roman s’appelle Alice…
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