Pris un peu par hasard parce qu’en tête de gondole savamment présentée, lu assez vite sans grand plaisir. Mc Cash, c’est la nouvelle création de Ferey, étoile qui serait montante dans le polar français. Style pas désagréable mais peu décoiffant ; histoire souvent lourde, bref il y a bien mieux en France et ailleurs.
Il était une fois…
Fred a commis une grosse connerie. Alice, sa meilleure amie, lui a offert les mémoires d’un inconnu et un flingue dans une boîte à chaussures. Ce même objet avec lequel Fred a tué un député avant de prendre la fuite à travers la Bretagne. Ils seront traqués par des basques d’où provient le pistolet et par l’inspecteur Mc Cash, flic drogué et borgne. Tous en piste !
Critique de Plutôt crever
Ce ne fut pas le grand délire, surtout au début du roman. Disons que je me suis un peu ennuyé sur les 200 premières pages, quasiment tout au long en fait…
Premièrement, l’histoire : ça a l’air complexe, alors qu’il ne s’agit que d’un malheureux concours de circonstances. Pour faire simple, Alice vole une arme à son frangin qu’elle prête à un ami qui tue par accident un député. DST, police, tous se penchent vers cette affaire, en particulier Mc Cash qui traite à l’origine avec le grand-père du meurtrier et se retrouve à poursuivre le couple en cavale.
Mc Cash, c’est en fait le héros de ce roman. Heureusement que le titre donne un indice, parce que le lecteur suivra surtout la cavale des deux jeunes. Cavale chaotique et pas très bien rendue au demeurant.
Deuxièmement, le style : pour un Français, il faut convenir que c’est parfois bien léché dans les descriptions. L’auteur parvient à rendre crédible certains personnages (le protagoniste en cavale et le héros d’accord, mais les deux truands, moins bien) dans leurs faiblesses et pensées. Chapitres courts, avec un titres associés (quelques clins d’œil) et police d’écriture plutôt grosse.
Pour Le Tigre dont l’exigence va, au cours des années, en grandissant, ce roman sera vite oublié. Le temps qu’on se dise que c’est quand même ennuyeux, il reste bien 80 pages et là ça commence à devenir réellement intéressant.
Thèmes abordés (du moins selon Le Tigre)
L’antihéros qu’est Mc Cash : drogué à la meth, alcoolique sur les bords, le personnage ressemble en sus fortement à un pirate. Ni très fin ni sportif, notre héros jouit bien sur d’une solide intuition. Derrière son air bourru se cache avant tout un homme dévasté (deux mariages foireux, avec la même personne) qui ne demande qu’à être cajolé. Personnage principal un peu convenu donc.
La maltraitance des enfants. Le Tigre ne pensait pas que de tels problèmes seraient traités dans cet ouvrage, et que ceux-ci soient assez finement abordés. Au point de relancer l’intérêt du roman sur sa fin. Fred, le pauvre trentenaire en cavale, a eu des parents pas très présents. A la mort de ces derniers il ne veut pas laisser ses vioques (grands parents qui l’ont élevé) récupérer la garde de sa sœur. Et à juste titre lorsque de profonds souvenirs feront surface.
Dernier thème, plus marketing : comment vendre un auteur ? Pour présenter Caryl, l’éditeur égrène un paquet de soit disant qualités. Florilèges :
Caryl Férey […] s’est imposé comme l’un des meilleurs espoirs du thriller français
Traduction libre : depuis Jonquet, Manchette et Pouy, on est bien emmerdé de voir que seuls les auteurs anglo-saxons assurent. Alors on place beaucoup, trop même, d’espoir en cet écrivain qui n’est déjà plus tout jeune.
[…]prix Sang d’Encre 2005, prix Michel Lebrun 2005 et prix SNCF du polar 2006, Prix Elle des lectrices […]
Traduction libre : bon, trois romans et déjà tant de titres, il faut absolument faire du « price dropping », au risque d’y mettre des récompenses qui feront sourire [j’en parle ici].
…à rapprocher de :
– L’antihéros total dans un roman policier, c’est aussi Jack Taylor dans les romans de Ken Bruen. Par exemple ici, là ou encore par ici.
– La suite, La jambe gauche de Joe Strummer, est nettement meilleure.
Enfin, si votre librairie est fermée, vous pouvez ici trouver ce roman en ligne ici.
Ping : Caryl Ferey – La jambe gauche de Joe Strummer | Quand le tigre lit