La tendre jeunesse de Catherine fut d’une rare sensualité, entre partouzes et rangées de bites soigneusement sucées. Le naturel avec lequel tout cela est livré est exceptionnel, Tigre s’en est difficilement remis. Superbe essai qui saura revigorer le plus peine à jouir des lecteurs, malgré quelques passages abstraits inutiles entre deux scènes de cul.
De quoi parle La Vie sexuelle de Catherine M., et comment ?
Catherine Millet, personnage fascinant qui exerce dans l’art contemporain, cachait plutôt bien son jeu. La coquine. Quel témoignage, je vous avoue avoir plus d’une fois ressenti comme un petit picotement…n’ayons pas peur des mots : quand j’ai lu cet ouvrage avant mes quinze ans, je bandais comme un âne à ne plus savoir en faire.
De ses dix-huit printemps (première expérience à plusieurs) à un âge plus avancé, Cathy (tu permets ?) nous conte l’étendue de ses aventures sexuelles. Son écriture, simple et sans fioriture, ne s’embarrasse pas de métaphores et appelle une chatte une chatte. Il ne s’agit pas non plus de dérouler uniquement le menu de ses exploits, disséminés au petit bonheur la chance (exit l’ordre chronologique) dans les quatre parties que composent l’ouvrage, savoir : Le nombre, Lʼespace, Lʼespace replié et Détails.
Pour ce qui est du nombre, on a arrêté de compter. Quant à la signification des autres parties, c’est un peu le souci de La Vie sexuelle… : le galimatias cherchant à intellectualiser la chose m’a semblé superflue, j’avoue même avoir survolé ses tentatives éthérées auxquelles je ne bitais (oh le jeu de mots lamentable) strictement rien. Le félin a mis ça sur le compte de l’exposante d’art contemporain dont une bonne partie du métier consiste à vendre du vent avec de jolis mots. Et Catherine M. se débrouille fort bien.
Tout ça pour ça. Cependant il convient de saluer une artiste qui se met à nu, il n’y a qu’à jeter un coup d’œil (et se le rincer au passage) à la couverture pour se dire que Catherine M. n’a que peu de limites. Se dévoiler autant, même par des mots, chapeau l’artiste. Certains mal avisés diront que c’est une salope, je penche plutôt pour une femme libérée, sans tabou, et qui a eu un succès considérable bien mérité.
Ce que Le Tigre a retenu
Alors quels sont mes modestes souvenirs ? Voyons voir… Serait-ce la manière dont l’auteure entreprend de classer les zizis par forme ? Ou alors le moment où, au beau milieu d’une orgie (putain, y’en a tellement dans Paname, mais où ??? Donnez-moi des adresses merde !), elle pisse tranquillou dans la baignoire jusqu’à ce qu’arrive un mâle rutilant prêt à resservir le couvert. A moins que ce ne soit sa première fois, avec deux amis lors de vacances dans le Sud. Non, la première chose qui me vient à l’esprit, c’est la balade dans le bois de Boulogne (Boubou pour les intimes) où Madame se donne devant de parfaits inconnus.
Ces menus plaisirs décrits appellent trois remarques. Premièrement, toute ceci est gentiment cochon, ça ne donne pas l’impression de gros gangbang crasseux avec triple péné à la clé. Deuxièmement, l’univers de l’héroïne est d’une surprenante douceur, ces messieurs se vidant une poignée de centilitres (pour les plus reconnaissants) en provenance de leurs glaouis avec une extrême courtoisie. Tout n’est que respect et attentions à l’égard des plaisirs de l’autre, c’est beau. Enfin, Dame Millet fait montre d’un certain détachement, on dirait une narratrice omnisciente qui peint un tableau qui n’est pas vraiment le sien. Une telle maturité dans la description surprend, j’étais à deux doigts (zut, encore une référence sexuelle) de la penser sujette à une légère forme d’autisme. Que voulez-vous, ces artistes…
…à rapprocher de :
– Les érotomanes en littérature marrante (et peu bandante), c’est Choke, de Chuck Palahniuk.
Enfin, si votre librairie est fermée, vous pouvez trouver cette biographie en ligne ici.
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Critique intéressante.
Suite aux propos affligeants de la dame sur rue89 (à propos des victimes de viol et d’inceste), j’en avais déduit que cette dame n’avait jamais dit « oui » ni jamais dit « non ». Pas vraiment un modèle de femme libérée…
Un soir, j’ai trouvé ce bouquin dans la bibliothèque d’un pote qui achète à peu près tout et n’importe quoi. Nous nous sommes livrés à une expérience Fluxus avec ce bouquin: partie de foot sur la route, attendre qu’une voiture l’écrase et l’envoie valdinguer dix mètres plus loin, re-partie de foot et re-voiture… jusqu’à ce que le livre ne ressemble plus qu’à son auteure.
D’ailleurs, j’ai chez moi « Zones Humides » de Charlotte Roche, qui pour le coup me semble bien plus libérée et audacieuse dans son rapport au corps. Ca vous dirait que je vous l’envoie?
Bof , j’ai trouvé ça plutôt laborieux. Pas de quoi fantasmer.