Attention, petit bijou ! Un vrai de vrai, une pépite de mauvais goût qui est parvenue à presque tout foirer dans le domaine de la bande dessinée. Histoire improbable même si ça aurait pu être pire, illustrations qui piquent les yeux, en fait les mots me manquent. L’espiègle Lili est définitivement décédée avec cet opus, c’est bien dommage.
Il était une fois…
Je vais résumer de A à Z cette BD, pour d’une part prouver que je l’ai bien lue, et d’autre part éviter à le refaire dans la partie suivante. Vous pouvez sauter ces deux résumés pour passer à la virulente critique :
Lili croise sa copine Dondon qui l’introduit en moins de deux auprès de Jean-Paul Gaultier qui l’engage illico comme assistante. [J’aurais du me méfier à ce moment]. Le célèbre couturier est dans une merde noire, tous ses modèles se barrent (il n’engage que des femmes rondes) et quelques actes de sabotage menacent son défilé. Parallèlement, le professeur (de philo) Minet est furieux contre Jipé et s’apprête à « sauver » Lili. Mais il se fait retourner par le talent du créateur qui l’emploie comme conseiller historique pour sa nouvelle collection. [deuxième alerte].
Pendant ce temps, la couz’ de Lili, Julia de Saint-Herbu (qui est sur le point de contracter un mariage très lucratif), assistée de la très vilaine Bianca Viperina, va tout faire pour pourrir le défilé de Jean-Paul. Les deux langues de putes ont des méthodes peu orthodoxes, mais c’est sans compter l’espiègle Lili qui a plus d’un tour dans son sac. Ah, j’oubliais de parler de Madonette, star américaine qui débarque à Paris et tombe sous le charme de Monsieur Minet. [là c’est trop].
Critique de Lili chez les Tops Models
Mais pourquoi faut-il résumer un tel ouvrage, et pour le descendre gratuitement ? Cela fait des années que Lili chez les Top Models s’est extirpé de la chambre d’une des sœurs du Tigre pour squatter les WC, et il m’est arrivé dans de grands moments de solitude de le parcourir. Par curiosité. Pour toi cher lecteur, je l’ai lu d’une traite. Ai encore mal.
Le scénario part dans tous les sens et est un tantinet excessif. « Jean-Paul Gaultier héros de BD ! », annonce certes la couverture, mais entre JPG et Lili y’a comme quelque chose qui ne colle pas. En outre, certains individus débarquent de nulle part grâce aux connexions de l’héroïne tandis qu’on se demande à quoi servent d’autres (notamment Dan qui brille par son manque de charisme). Et grâce à cet objet littéraire Le Tigre a inventé un mot valise : le scénanard.
Le dessin, enfin, justifie le mot-clé « hilarant » que j’ai attaché à ce billet. A se taper sur les cuisses tellement c’est parfois mal illustré. Personnages qui, lorsqu’ils ne présentent pas le même faciès, sont aussi expressifs que des gardes du corps turkmènes. Mais c’est surtout la conception de la perspective de l’illustratrice qui m’a étonné. Il ne semble pas y en avoir : gribouiller en plus petit en fond d’écran ne suffit pas à donner l’impression d’une troisième dimension. Tigre a souvent cru à un collage d’écolier. Dommage, si on admet que certains décors tiennent bien la route (rues de Paris ou les déguisements pour le défilé).
Dernier exemple puis Tigre s’en va pleurer : je ne pensais pas que cela pouvait être faisable dans une BD, mais à la page 33 il y a d’impressionnants faux-raccords. Un dîner est organisé, et d’une case sur l’autre la disposition des convives est distribuée aléatoirement. Et comme quelques protagonistes se ressemblent, j’ai abandonné toute idée de comprendre les dialogues.
Thèmes abordés (du moins selon Le Tigre)
Le monde de la mode. Déjà, la première question qui me brûle les lèvres : mais qu’est-ce qui a pris Gautier de se foutre dans cette galère ? Parce que les auteurs remercient chaleureusement le gus (et la S.A. qui gère ses droits) pour avoir permis cette histoire. Résultat, tout est à la gloire du couturier, et comme les autres n’ont pas dû accorder la licence seuls leurs noms changent, à l’instar de Kanin Klein ou Karl Lefil. L’ennemi ultime semble être le vilain Chinois qui copie tous les styles à bas prix, caricature aussi éhontée qu’involontairement drôle. Déjà que la mode, c’est pas franchement le truc du Tigre (dixit ma copine, comme un reproche), alors si en plus c’est mal abordé…
Au final, je ne veux pas que vous pensez que je n’aime pas Lili, figure aussi connue qu’à la vie exceptionnellement longue. Car depuis le début du 20ème siècle la miss a ravi un joli paquet de lecteurs, surtout pendant les années 50. Sauf que ce reboot de 1996 s’est planté sur toute la ligne. Je n’ose imaginer la tête des lectrices des années 50 quand elles ont tenu cette chose entre leurs mains. Quant à la nouvelle génération, et bah entre ça et un manga ou les aventures de Picsou, le choix est vite fait.
…à rapprocher de :
– Deux ans après, l’espiègle Lili a récidivé dans Lili à Chérie FM. Je subodore le navet de premier choix, or ne le trouve pas. Si une âme charitable veut me l’envoyer, je suis preneur.
– Sur ce genre de catastrophe, je ne peux penser qu’au film Ghost Rider, dans le style « reboot ciné ». Ou Daredevil avec le très expressif Ben A., j’ai failli l’oublier celui-ci.
Je vous conseille de vous rendre à Tout à 2€: on y trouve des bd de Jean-Marie Bigard, Vincent Lagaff, Francis Lalanne sans problème. (bon, et des fois, y’a de bonnes bd aussi).
Avez-vous lu La Page Blanche, de Boulet et Bagieu?
Salut Lou ! Le tout à 2€ est une option, toutefois il me reste de belles daubes dans les bibliothèques familiales. Et j’ai un petit fournisseur qui fait Tout à 1€, je suis verni de ce côté. Mais il est vrai que Lagaff’, Bigard, Lalanne, ça envoie un certain pâté que n’est pas sans me faire frissonner l’échine. Je compte m’occuper d’un opus par grande série (Lucky Luke, Astérix, Tuniques Bleues, Spirou, etc.) dans un premier temps.
Quant au truc de Bouletcorp et la mère Bagieu, on ne m’en a dit que du mal, du coup j’hésite. En revanche je vais un jour m’occuper des Notes de ce premier.