Titre aguicheur, voyage dans le temps qui tourne au désastre nazi, image de couverture qui envoie du très lourd (presque un Mechwarrior, waow), hélas Tigre a eu impression d’avoir lu de la science-fiction au rabais. Envergure minime, idée sous exploitée, trop « français » oserai-je dire, heureusement que ça se lit vite. Tant d’auteurs ont fait tellement mieux dans ce domaine.
Il était une fois…
Hi hi hi, Tigre flemmard a encore décidé de recopier le quatrième de couverture. Ça m’évitera de vous rappeler le scénario en sus :
« 2060. Un grand Network privé relance le concept de télé-réalité en envoyant des reporters dans le passé filmer des événements marquants du XXe siècle. Le choix se porte sur le Débarquement en Normandie afin de raviver la flamme patriotique des téléspectateurs. Foway, le 5 juin 1944 : munis de faux papiers, un reporter et un historien se mêlent à la masse des fantassins qui embarquent dans les navires de la flotte d’invasion. Bientôt les hommes du futur arrivent en vue des côtes françaises et assistent au spectacle apocalyptique qui s’y déroule. L’horreur de la guerre est bien réelle. Mais au cœur du bruit et de la fureur, une erreur est vite arrivée… »
Critique de La brèche
Il est des signes qui ne trompent pas. C’est gratuit, je sais, mais le publicitaire puis écrivain monsieur Lambert aurait du écrire sous un pseudonyme. Ne surtout pas laisser s’immiscer dans l’esprit volage du lecteur un peu flatteur parallélisme avec un acteur connu pour le potager (non, l’usine) à navets que représente sa carrière.
En effet, à l’image de l’homologue qui sévissait sur grand écran, La brèche fait un peu cheap aux entournures. Les personnages sont peu fouillés, les chapitres très courts ne laissent finalement peu de temps pour bien s’imaginer ce qui arrive aux protagonistes, à part toute la procédure pour aller dans le temps. Quant à la brèche à proprement parler, Le Tigre a presque pouffé en découvrant ce qu’il en était (des terrifiants nazis forcément qui mettent le pied dedans pour assurer l’avenir de leur Reich millénaire).
Pour conclure, on peut se dire en lisant ce roman que ce n’est pas sérieux. Christophe Lambert a visiblement choisi la voie du divertissement, voire du documentaire sur la WWII (joli boulot de reconstitution il est vrai, on s’y croirait) en laissant l’aspect SF sur le bord de l’autoroute. A la rigueur on pourrait parler d’anticipation sociale (cf. premier thème abordé), mais en aucun cas d’uchronie. Rien à voir.
Thèmes abordés (du moins selon Le Tigre)
La télé-réalité. Christophe Lambert a évolué dans le monde de la com’, aussi comme Beigbeder il n’est pas mauvais pour rendre compte des dérives médiatiques à venir. Le roman commence par deux journalistes en plein « travail », à savoir filmer les derniers instants de Marilyn Monroe. Évidemment le public s’y habitue et l’audimat s’érode, alors nos journalistes vont faire dans la surenchère, toujours à la recherche du gros coup médiatique qui va faire péter l’audimat. Quitte à casser la courbe temporelle.
Le voyage dans le temps et la fameuse brèche. Le scénario est séduisant mais d’un réalisme douteux. Déjà, invoquer les merveilles de la physique quantique m’a semblé un peu éculé, comme si Cricri me disait : hop on remonte dans le temps ! Comment ? Me fais pas chier, c’est quantique ! Ensuite, si confier la chose aux militaires est bien légitime, alors pourquoi laisser les médias l’utiliser pour faire des émissions ? De vous à moi, s’il y a une race d’individus à qui Le Tigre prêterait ses jouets destructeurs (bombe A, secret d’État, carnet de bal), le journaleux ne serait pas en tête de liste. Leur métier est la prise de risque et l’information à tout prix, les envoyer dans le passé avec comme ordre de ne rien toucher ni se faire remarquer est une jolie connerie.
…à rapprocher de :
– Du presque voyage dans le temps, avec une protagoniste qui fait de la télé-réalité, c’est surtout Brasyl de Ian McDonald. Une beauté, ai presque honte d’en parler dans ce billet.
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