VO : Numbered Account. Acheté (une fois de plus) au pif, voici un très correct polar mêlant criminalité financière et roman d’apprentissage. Suspense certes entretenu, toutefois des passages descriptifs certes bienvenus mais un peu longuets de temps à autre. Bienvenue dans le monde interlope des banques suisses.
Il était une fois…
Nicholas Neumann a un brillant avenir devant lui le chanceux : il vient de sortir d’Harvard, est maqué à une jolie nana, et s’apprête à commencer son nouveau job dans une institution financière suisse des plus reconnues. C’est dans cette boîte que son père, décédé il y a près de 20 ans, travaillait en outre. Et lorsque les graines du doute quant à la possible implication de la banque dans cet assassinat s’installent, le petit Nicholas (désolé, c’est plus fort que moi) fait face à un terrible choix.
Critique de Compte numéroté
Aaaah, enfin un thriller dans le monde de la finance qui est crédible, il n’est pas difficile de croire que mister Reich a lui-même travaillé dans ce genre d’établissement en Suisse. Réaliste, édifiant, ce serait parfait si notre auteur n’avait pas décidé d’en faire un pavé de 700 pages, ce qui m’a semblé un poil excessif.
Nicholas, le protagoniste principal, prend donc son temps pour s’installer dans la ville, prendre ses marques, retrouver quelques réflexes (par exemple, 2 minutes de douche glacée après s’être lavé, Le Tigre a essayé une fois et ne recommencera plus), avoir quelques dîners romantiques, etc. Sauf que le souvenir de feu son papa est omniprésent, et au fil des semaines notre héros se doute que Newmann Sr avait levé quelque chose de peu glorieux dans la banque.
Sur le style, Christopher R. s’est attaché à faire complet et bien documenté. Le résultat est une écriture dense, des chapitres un peu longs et la difficulté de savoir si on peut zapper tel ou tel passage sans être perdu par la suite. Pour conclure, si l’écrivain aurait pu boucler son roman en moins de 500 pages pour le même plaisir de lecture, l’immersion dans ce monde qui fait l’objet de nombreux fantasmes est fort satisfaisante. Nul besoin d’être un crack dans le domaine de l’économie souterraine ou en mathématiques, ça reste un thriller plus qu’abordable.
Thèmes abordés (du moins selon Le Tigre)
Le roman d’apprentissage. Notre jeune héros, Nicholas Newmann, va commencer une nouvelle vie avant d’aller de surprises en surprises. Son arrivée à Zurich, l’apprentissage (ou l’amélioration) de la langue allemande (même si la plupart des clients bossent en anglais), les heures passées à contacter les actionnaires en vue d’une assemblée mouvementée, les trahisons amoureuses plutôt choquantes, le lecteur peut facilement s’identifier à l’ingénu qui s’apprête à être déniaisé. Si on rajoute la quête relative au meurtre du paternel, le tout prend des proportions presque bibliques d’une noble quête.
Les dérives de la finance dite « de qualité ». Il faut rappeler que Compte numéroté a été écrit en 1998, donc bien avant les délires de grandeur de certaines banques ayant amené à la crise financière de 2008. Je crois me souvenir d’une paire de prises de distance avec la légalité : d’abord, certains avoirs possédés par la banque proviennent d’activités criminelles. Le responsable de l’institution, pleinement complice, nous conte toutefois comment il a été piégé au début, avec un odieux chantage (photos à l’appui) survenu après une soirée où il a été drogué.
Ensuite, pour contrer l’OPA d’une société concurrente, Nicholas s’aperçoit que la tune des clients est investie dans la banque où il travaille. Conflits d’intérêts de partout, pas sûr que l’investissement effectué soit en outre un pari sur l’avenir. La problématique du roman, en fin de compte, est la lutte latente entre l’institution qui se considère comme « respectable » avec ses placements pérennes et équilibrés, contre les banques qui ne songent qu’à faire du profit en spéculant à tout-va.
…à rapprocher de :
– Pour ce qui est du « thriller financier », à part cet idiot de Paul-Loup Sullitzer je ne vois pas grand chose. Ah, peut-être les I.R.S., mais en BD.
Pour finir, puisque ce titre est rare à débusquer, vous pouvez éventuellement le trouver sur Amazon ici.