Il faut savoir quelque chose sur Le Tigre : si le félin est aussi productif et tend à rester dans son monde, c’est qu’il s’octroie au moins huit heures de sommeil par nuit. Rebooter ce cerveau de belle facture n’a pas de prix, et il m’arrive d’imaginer toutes sortes d’excuses pour grappiller quelques précieuses minutes dans le pieux. En voici une.
Ch’onirism, ou L’obscène dormeur
Mercredi matin, quelque part dans Paris. Jim, dans son lit, expérimente ce qu’on appelle un rêve conscient. Il sait pertinemment qu’il est en plein songe, et subodore – eu égard à la luminosité de sa chambre – que le réveil ne va pas tarder à se mettre en route.
C’est trop tôt, encore quelques heures, faites que ça se prolonge.
Aucune envie de se réveiller, s’habiller en déjeunant (pour maximiser le temps gagné), prendre le métro, être compressé dans le wagon qui l’emmènera dans la banlieue nord où il s’installera à son poste de « conseiller téléphonique », c’est-à-dire harceler des potentiels clients.
Mais qu’est-ce qui pourrait justifier de rester dans son lit, ne plus bouger jusqu’à 14h au moins ? Si possible, un évènement tellement évident qu’il n’aura même pas à prévenir son boss. Au loin, se mêlant à son rêve, le bruit d’un avion qui passe.
La veille, il était avachi devant son poste de télévision, se disant qu’il était temps d’aller se coucher, qu’il se remercierait le lendemain pour sa sagacité. Planté devant une chaîne d’info en continue, il écoutait vaguement les derniers développements au sujet d’un virus informatique qui était parvenu à corrompre toute une usine au Moyen-Orient que l’Ouest suspecte d’abriter de quoi faire une jolie bombe atomique. Une histoire à dormir debout, un épisode fleurant bon la barbouzerie avec des noms d’opérateurs dignes d’un mauvais SAS.
Maintenant, il se dit que si ce pays à la limite de l’État voyou tentait simplement de produire de l’électricité grâce à l’énergie nucléaire, le fait de se retrouver avec un virus dans ses systèmes aurait de quoi grandement frustrer n’importe quel chef d’État. Celui-ci serait très colère même. Ça ne se fait pas, ce genre de sournoiseries, que dirait-on s’ils nous rendaient la pareille ?
Jim imagine des enturbannés qui s’amuseraient à planter un ver informatique dans les glorieuses installations nucléaires (civiles, hein) de la République Française. Déjà la mise en place de l’opération : des ayatollahs geeks en puissance passant des heures devant leurs ordinateurs – sur quel type de claviers taperaient-ils, qwerty ou un clavier pour l’arabe ou le persan ? – à concevoir un super-virus.
Insérer dans les lignes de codes des passages entiers de certaines sourates, se balancer devant leurs écrans comme un gamin devant son coran, psalmodier des opérations booléennes tout en s’administrant de solides coups de fouet dans le dos, tout cela les serveurs orientés vers La Mecque. Une fois le Très Saint virus achevé, le transporter dans des paquets de clés usb, ces mêmes paquets juchés sur des ânes prenant la destination de la première ville d’importance, à des centaines de kilomètres derrière les montagnes, pourvu que celle-ci dispose d’un cybercafé.
Mouais. Ça le fait surtout rire tellement ça parait improbable. Trop long et hasardeux, seul un riche pays qui ne veut pas se salir les mains procéderait de la sorte. Pas celui qui voit ses centrifugeuses déglinguées pour quelques mégabits et souhaite faire comprendre qu’il conviendrait d’arrêter ces enfantillages. En ajoutant les assassinats d’éminents scientifiques, Jim se plait à concevoir qu’une vengeance selon lui proportionnée serait légitime.
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Heureusement pour lui, la loi du talion s’applique ce matin. Maintenant. Et l’avion qu’il devine à quelques kilomètres de la capitale n’est là que pour poser un gros virus dans une des centrales nucléaires alimentant la région parisienne. En fait de gros virus, autant parler d’une bombe, quelque chose de pas très développé qui pète dès que ça touche le sol. Son rêve éveillé s’empare de cette fabuleuse idée et la met en forme.
Un vieux Sukhoï, déguisé en « valise diplomatique », ce qui évite de réfléchir à comment il peut se diriger sans crainte vers des installations en principe protégées, transporte donc une vieille bombe. Disons que celle-ci a été discrètement conçue à partir de plusieurs munitions immergées des guerres mondiales. Il paraît qu’un quart (premier opus de la guerre) et un dixième (second opus) des obus tirés n’ont jamais explosé. Le territoire doit donc regorger de ces munitions, et en trouver prêtes à l’emploi doit être un travail d’enfant. Si ça peut lui permettre de dormir, Jim en dégoterait un wagon à l’aide d’une pelle et d’un tournevis.
Dans l’avion, trois terroristes. Le pilote, un opérateur radio et le mécanicien de la bombe. Allez, Jim en rajoute un dernier : le commissaire religieux. Tant à imaginer des terroristes qui autrefois étaient considéré comme de vaillants combattants de libération puisqu’ils caviardaient les soviétiques, Jim accepte qu’ils empruntent quelques caractéristiques de l’occupant. Notamment doubler chaque poste opérationnel d’une personne chargée de contrôler la conformité doctrinale.
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L’opérateur radio a bientôt fini son boulot. Il est parvenu à déblatérer son sabir diplomatico-technique mâtiné d’atermoiements à destination des tours de contrôle pour les apaiser. Le pilote est malgré lui d’une certaine aide : n’arrivant pas à maintenir naturellement l’assiette de son engin, l’excuse du problème technique a pu être effective pendant de précieuses minutes.
L’opérateur se permet même d’imiter le Président de la République, en prenant exprès un air niais et discourant sur la chancelière allemande. Il se débrouille bien, Jim se surprend à rire intérieurement tellement c’est trop bien rendu même. Louche. Ce détail ne peut venir de son rêve. C’est en effet le colocataire qui a augmenté le son de la radio lors du passage d’un célèbre humoriste. Il va falloir faire avec.
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Le mécanicien de la bombe ne place pas une grande confiance en ces collègues. Déjà il se demande à quoi il sert. Il a prouvé son utilité en contrôlant le bon maintien de la bombe dans la soute lors du décollage, maintenant il croupit dedans et se tourne furieusement les pouces.
Cela lui permet de formuler une liste de griefs au retour de la mission. Son débriefing sera sans concessions : le froid dans la soute et le manteau trop léger qu’on lui refilé ; le pilote taciturne qui n’a pas l’air à l’aise avec sa conduite un peu brusque ; la qualité déplorable de la bombe qui a plus de rouille que de matière explosive ; et le commissaire qu’il a surpris la veille en train de se masturber devant un site de rencontre juif.
Comme un menteur qui suppute que tous les autres trichent également, il n’a surtout aucune confiance en ses propres capacités : il est censé lâcher la bombe lorsque le pilote en donnera l’ordre, néanmoins le détonateur installé a autant de chance de fonctionner qu’en 1945. Quant à prévoir la trajectoire de la bombe une fois décrochée, il faudra voler sacrément bas pour réussir un carton. Si ses coéquipiers sont aussi compétents que lui, alors il y a de quoi s’inquiéter. Il espère donc être le maillon faible de la chaîne, n’osant imaginer quelqu’un encore plus mal placé que lui.
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Le pilote, ancien co-pilote dans une compagnie aérienne depuis longtemps sur liste noire de l’Union européenne, n’a jamais été très friand des procédures de contrôle lors des atterrissages. Certaines étapes, notamment concernant le déploiement des volets de l’avion, ne sont pas si importantes que ça au final : un avion sur deux qu’il a piloté avait des problèmes de ce coté, et il s’arrangeait pour atterrir dans le sens du vent – peut importe la direction imposée par l’aéroport. Cette fâcheuse habitude a commencé à être réellement problématique quand il a fallu assurer des liaisons ailleurs qu’entre deux aérodromes privés.
C’est aussi pour ça que sa mission, déposer les explosifs le plus efficacement possible, consiste avant tout à accompagner cette dernière jusqu’au bout. Plus de problème de visée ni de détonateur. Le kérosène de l’appareil a un potentiel soufflant bien plus prometteur que la bombe.
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Quant au commissaire, le chef de cellule de l’opération, son rôle n’a rien à voir avec la pratique religieuse. Jim le voit même s’en foutre totalement. Au courant de l’intégralité de l’opération, il doit juste vérifier que les trois autres djihadistes mènent la mission jusqu’au bout, quitte à les flinguer avec son vieux colt caché dans les replis de sa tenue s’ils ne partagent sa vision suicidaire de leur mission.
L’opérateur et le mécanicien ne sont en effet pas au courant, disons qu’ils auraient pu adhérer à la mission mais à des conditions différentes. Le genre de conditions impensables, la survie de l’équipage n’étant pas une option. Hélas ils étaient les seuls disponibles dans le coin, et le commissaire religieux en était à un stage où faire la fine bouche lui aurait valu de sérieuses déconvenues. Sa place au paradis aurait pu être compromise, et son responsable direct lui avait gentiment mais fermement expliqué que chaque jour de retard que son incompétence produisait, il y avait deux vierges supposées l’attendre qui se faisaient déflorer ailleurs. Assez sceptique quant à ce point de doctrine mais néanmoins sujet à de vifs doutes d’ordre pascalien, il a du rapidement embaucher le tout-venant.
Cette situation délicate est d’autant plus vexante pour lui qu’elle va à l’encontre de certaines conclusions partielles de la thèse qu’il avait menée à l’université coranique de sa ville natale. Il a passé plus de six ans à étudier le Coran et ses innombrables exégèses autorisées au travers du prisme de la martyrologie. Sa thèse, intitulée sobrement « Financial crisis and martyrs’ management: towards a pragmatic approach through new spiritual incentives », visait entre autres à démontrer que le désespoir économique contribuait largement au métier de martyr, et ce en limitant le plus possible l’utilisation de ressorts religieux.
Bref, il s’agissait de créer des martyrs à la chaîne, et ce sur les fondements d’un Islam basique sans prendre en compte les différents courants de cette religion. Hélas la bonne santé financière de certains voisins tels que les Emirats Arabes Unis, gros demandeurs en main d’œuvre pas chère pour construire de grands bâtiments phalliques, a détourné la jeunesse désargentée – celle au cœur même de sa thèse – du noble métier de kamikaze qu’il leur préparait scrupuleusement.
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Jim est plutôt satisfait du compte-rendu des protagonistes de son désir. Il ne manque plus que les employés de la centrale nucléaire où est censé s’abattre le feu divin. Comme son histoire en cours apporte son petit lot de malheur, il ne faudrait pas en rajouter. Un seul technicien dans l’usine, décide-t-il, et quelqu’un dont le décès, certes salutaire pour le sommeil de Jim, ne constituerait pas de difficultés particulières. Car Jim, qui créé de toutes pièces son univers de sommeil prolongé, veut avoir l’esprit tranquille pour en profiter. Avoir des décès sur la conscience n’est pas optimal. Des pertes financières certes, mais des pertes humaines strictement limitées.
L’employé de la centrale est donc, de l’avis de Jim, un parfait connard. Un homme déjà, la gente masculine atteignant plus vite et plus haut ce critère. Un goujat de la première espèce, ayant mis son appartement en viager, n’ayant ni femme ni enfants. Sa mort sera favorablement accueillie par dame nature : travaillant depuis trente ans dans la centrale, habitant juste à côté, s’occupant amoureusement de son potager qui le maintient dans une relative autarcie, cette personne a ses gamètes qui partent en quenouille. Elle-même le sait, et comme elle aime le répéter au représentant syndical de l’usine, « la retraite c’est l’antichambre de la mort, je sortirai de la centrale les pieds devant ». Son vœu sera grâce à Jim partiellement exaucé.
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La scène se met progressivement en place, et surtout commence à faire une harmonieuse unité de lieu : l’avion, baissant d’altitude, et la centrale à l’horizon. Cette image ravit Jim au plus haut point. Il faut dire qu’il a toujours eu un penchant certain pour les situations catastrophiques, en tant que spectateur bien sûr. Plus c’est formidable, hautement improbable, cataclysmique, énorme en fait, plus il est transporté.
Pour autant qu’il se souvienne, le 11 septembre a été l’élément déclencheur de son premier réel émoi sexuel. La vision, en direct de surcroît, du deuxième avion s’écrasant a provoqué une délicieuse électrification de sa colonne vertébrale. Il a su alors être le témoin d’un évènement majeur, qui serait à l’origine d’une nouvelle ère. Comme la bataille de Waterloo, l’assassinat de François Ferdinand en Serbie, la trempe des évènements qui symbolisent le passage d’un siècle à l’autre.
Le passant qui reste planté devant un incendie en pleine rue à Paris, le boulet responsable des « embouteillages de curiosité », le téléspectateur qui ne regarde que le départ de la F1 et les descentes du Tour de France, c’est Jim. Jeune, lorsque l’environnement n’était que peu propice à de tels débordements, il n’hésitait pas à y remédier tout en restant dans les limites imposées par le bon sens et la sécurité : foutre le feu à des maquettes de maison en bois – dans la cheminée -, effectuer un lancer de fusée à la mode Challenger – avec un playmobil -, siphonner le réservoir de la voiture paternelle pour remplir une canette d’essence et y poser un pétard – seul dans le jardin.
La catastrophe, oui, mais sans s’impliquer.
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C’est donc avec cette plénitude caractérisant l’aboutissement d’un travail bien accompli que Jim s’autorise quelques secondes de repos. En fait de repos il s’agit avant tout de tenter de déterminer combien de minutes il reste. Mais il faut absolument que l’explosion survienne avant celle de son réveil. Son univers fantasmé est en pause, l’employé de l’usine fixé devant ses écrans de contrôle, le doigt du commissaire religieux scotché au chien du colt. Il est temps de réduire la distance entre l’avion et la centrale.
Sachant que le temps lui est compté, Jim procède dans son rêve par à-coups, la chronologie n’est même plus respectée. A un moment le nez de l’avion frôle le réacteur, à un autre plus tard l’employé ne voit qu’un léger point dans le ciel. La scène, pourtant dynamique, semble se figer comme dans le dessin d’un mangaka boutonneux. Tout n’est puissance, destruction en devenir mais l’apothéose se fait attendre.
Jim a besoin de motivation, d’un coup de pouce extérieur pour concrétiser son scénario qui ne se porte plus très bien. Déjà certains fragments de son rêve se tordent et perdent en cohérence. Le monde extérieur reprend trop vite son emprise, et la création spontanée de Jim n’est plus ce qu’elle était il y a dix minutes. La forme du Sukhoï est changeante, tantôt un gros A380 avec une armée de majorettes en niqab dedans, tantôt un Spitfire avec les membres du gouvernement britannique sur les ailes. La centrale perd de sa majesté et tend à ressembler à un château gonflable, voire à une grosse meringue citronnée.
Les couleurs deviennent plus ternes, comme une planche de BD cent fois photocopiée et scannée. Combien de terroristes déjà dans l’avion ? A quoi ressemble la bombe qui y est entreposée ? Triste invasion de la réalité dans son délire, Jim sait qu’à tout moment il peut décider d’ouvrir les yeux. Mais il attend l’ultime stimulus qui clôturera la première partie de son rêve.
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Un claquement sec, mélange de bruit de ferraille et de petit bois fracassé contre un mur. Le bruit du colocataire qui part en claquant la porte est saisi à la volée par l’univers en quête de restructuration de Jim. L’attentat a lieu, c’est pas trop tôt. L’avion, le colt du commissaire, le reliquat d’une bombe américaine, le réacteur n°3 de la centrale, tout n’est qu’enfin fumée.
Jim profite du charivari ambiant pour ouvrir un œil, éteindre rapidement son réveil, se renfoncer dans son oreiller et attendre la suite des évènements. Tout ça en à peine deux secondes, trop peu pour que son cerveau prenne en compte la possibilité d’un matinal lever. S’accorder quelques minutes supplémentaires pour gouter le résultat de sa création personnelle, se faire plaisir à imaginer que tout cela est réel, avec ce que cela va impliquer sur son sommeil. L’avantage de créer cette catastrophe, c’est que Jim en connaît tous les ressorts. En cas d’évènement qui se produirait réellement, impossible de se rendormir, il serait trop excité et tenter de glaner des informations un peu partout pour satisfaire sa curiosité morbide.
Dans l’espace restreint de sa chambre, Jim maîtrise les évènements. Et il a quelques minutes de répit pour imaginer les conséquences de l’attentat qu’il a minutieusement préparé. Seul dans la désolation de la centrale et de sa chambre, la France s’éveille, furieuse, autour de lui.
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Qu’y a-t-il de meilleurs qu’entendre les autres s’agiter lorsqu’on ne fout rien ? Dans un sommeil léger des protagonistes nouvellement imaginés par Jim s’éveillent, se mettent en branle et se disputent le temps de parole.
Les représentants du pays, portes paroles de l’armée, « responsables » politiques, syndicaux… Jim a tellement l’habitude d’entendre leurs galimatias et promesses qu’il les entasse dans un coin de l’espace public et les fait taire. Pour une fois il va laisser la parole à un scientifique, notamment cet expert des télécommunications qui décrit avec de justes détails les retombées électromagnétiques de l’explosion qui a eu lieu : si la radioactivité est quasiment nulle et les communications enfouies ont été préservées, l’impulsion de l’explosion a grillé beaucoup de circuits électriques, et ce – comme par un fait exprès – de manière concentrée au nord de Paris.
Jim ne peut aller au travail ce matin, les bâtiments étant tout à fait inutilisables. C’est fort regrettable, s’entendra-t-il dire à son patron dans une semaine. D’autres scientifiques précisent les conséquences pour la santé, apparemment minimes, leurs voix se faisant de plus en plus inaudibles
Ensuite, ce sont les interventions des ambassadeurs et chefs d’États qui tombent. Jim se remémore les termes savamment utilisés lors de semblables évènements : effrayant, inacceptable, terrible, solidarité, châtier les responsables,… Les mots fusent, une avalanche de dépêches coule sur Jim qui n’y prête plus attention.
Enfin, le capitaine d’une compagnie de pompiers prend la parole en même temps qu’en bruit de fond s’élèvent de nombreuses sirènes de casernes. Celui-ci explique que rien ne sert d’appeler les pompiers pour des problèmes de réseau 3G ou des urgences dues à des crises d’angoisse, ils sont débordés et le samu continue d’assurer sa mission.
La voix du fringuant capitaine s’efface progressivement au profit des sirènes, toujours plus présentes, jusqu’à ce que sa silhouette même ne ressemble qu’à une tache rouge.
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Jim, dans son espace de pensée pure, parvient à se souvenir que cet évènement d’une violence rare aurait lieu un mercredi. Pas n’importe quel mercredi. Le premier du mois. Celui où les sirènes se mettent automatiquement en marche à midi. Comme en ce moment même.
Et merde.