VF : Damnés. Tigre achète du Chuck P. comme mamie Bettencourt signait des chèques. Les yeux fermés. Peut-être que j’aurais du en ouvrir un, car j’ai été un poil déçu. La petite Madison Spencer qui débarque en enfer et y fout un joli petit daroi, c’est certes ingénieux, toutefois quelques pages me sont passées au-dessus de la crinière.
Il était une fois…
Madison est décédée d’un overdose de marijuana (du moins le croit-elle) et se retrouve, à 13 ans, en enfer. Aidée de quelques acolytes (Babette, Archer) qui ne sont pas loin de sa cellule, la presque adolescente va visiter la zone infernale. Le lac de sperme, la marée d’insectes, la mer des bébés avortés (traduction libre), entre ses souvenirs de jeunesse (elle est issue d’une famille immensément riche) et ses pérégrinations délirantes, que retiendra-t-elle de son existence dans un monde où il ne faut pas prononcer les mots en D (Dieu) et en E (espoir) ?
Critique de Damned
Bonne lecture, mais sans plus. Où est passé le Chuck aux romans renversants qui laissent le lecteur dans un profond état de choc ? J’ai peiné à terminer ces 250 pages, même si de fulgurants passages comme je les aime ont de temps à autre pu me sortir de ma torpeur.
La structure du texte est comme un triptyque : chaque chapitre (il y en a une bonne trentaine, donc ceux-ci sont courts) commence par une intro qui fait allusion à Dieu es-tu là ? C’est moi, Margaret de Judy Blume. Qui est roman d’ados, au passage. Ensuite l’héroïne alterne entre son évolution en enfer (je n’ai pas bien compris comment elle passe de télémarketeuse à commandante en chef d’une armée) et quelques épisodes de sa existence de « vivante ». Les flashsbacks et Chuck, toute une histoire.
Sur le style, c’est sec et précieux. Comprenez : le scénario avance à grands galops tandis que Chuck P. m’a perdu avec des termes et expressions (voire un tableau d’ensemble) qui m’ont souvent laissé pantois. En fait, savoir comment est réellement décédée la grosse Spencer n’est pas si important, seuls son parcours déjanté et les nombreuses révélations sur le fonctionnement du monde de Satan valent la peine de s’accrocher. Et comme le dit Madison, elle n’est pas Jane Eyre !
En conclusion, Tigre a encore une fois décidé de ne pas attendre la traduction. Et sans doute j’aurai dû le faire, par que pas mal de phrases (voire des paragraphes entiers) ne m’ont que très peu parlé. C’est la première fois que cela m’arrive avec cet auteur, et pour tout saisir d’un Alastair Reynolds (hard SF) je ne me considère pas comme un touriste anglophile (en plus de soigner mes chevilles). J’actualiserai le billet quand le truc sortira en France.
Thèmes abordés (du moins selon Le Tigre)
La vision de l’enfer de Palahniuk est fidèle à ce que l’auteur américain nous habitue en terme d’idées marrantes. En vrac, on découvre : les damnés ont le choix entre faire du porno pour des websites russes ou harceler les gens pour de stupides enquêtes au téléphone ; les conditions pour avoir son aller sans retour en enfer sont très strictes (jurer, jeter son mégot, klaxonner un certain nombre de fois) ; et au final le diable en personne a un rapport très intime (pas du sexe, n’ayez crainte) avec la protagoniste principale. Très loin de Dante, j’en conviens.
L’unique point qui m’a tenu en haleine n’est donc pas de savoir comment la grosse Madison a réussi à clamser, mais ses souvenirs d’enfance : des parents stars de ciné qui contrôlent en ligne toute la domotique de leurs dizaines de villas disséminées sur le globe ; offrent une éducation déplorable (chichon et LSD avant que leur gosse n’atteigne ses 10 ans) ; adoptent des gamins comme on change de chaussettes ; gèrent pitoyablement leurs bonnes œuvre, c’est très fun il est vrai.
…à rapprocher de :
– L’auteur est avant tout connu pour Fight Club (que je me dois de résumer) et sa suite sous forme de BD (en lien) avec Cameron Steward.
– De Palahniuk, Tigre préfère largement Peste, A l’estomac ou Berceuse. Mais y’en a tellement…
– Autre auteur d’anticipation sociale qui s’est employé à décrire à la vie après la mort, il y a Ainsi vivent les morts, de Will Self. Très bon. As usual.
– Le titre se termine par un alléchant « to be continued ». Apparemment la suite portera le doux nom de Doomed et sortira fin 2013.
Enfin, si votre librairie est fermée, vous pouvez trouver ce roman en ligne ci.
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