VO : Rant. Enfin Palahniuk est revenu (depuis Fight Club) dans la collection SF de Gallimard ! Légèrement décevant et déroutant (imaginez alors) par rapport à ce que fait l’auteur, même si une dizaine d’idées géniales sont présentes dans le titre. Scénario tournant autour d’un homme d’exception, raconté par de multiples protagonistes.
Il était une fois…
Buster « Rant » Casey est une presque légende, mais qui est-il vraiment ? Pour répondre à cette question, de nombreuses personnes l’ayant plus ou moins connu vont tenter de dresser un portrait de l’étrange individu responsable de la plus terrible épidémie qu’aient connu les États-Unis.
Critique de Peste
Le Tigre le confesse, j’ai lu ce titre en anglais une première fois avant de le reprendre dans ma langue maternelle. Le plaisir fut égal, et j’ai pu confirmer qu’une partie du suspense révélé à la fin m’avait royalement échappé lors de la première lecture. Quoiqu’il en soit, un opus déjanté avec une bonne dose de SF mi cyberpunk mi horreur.
Dans Peste, l’auteur a (relativement) innové en s’intéressant à un individu qui a transformé à jamais le paysage américain du futur : les zombis (les nocturnes) sont séparés du reste de la population (les diurnes) et leur foutent une trouille bleue. Pourquoi cette nouvelle espèce de l’humanité ? A cause d’un homme, Casey, qui est le « patient zéro » d’un virus qui a foudroyé le continent. Un presque génocidaire, un tueur en séries dont le parcours comporte des zones d’ombre.
Chuck a ravi Le Tigre, avec des témoignages divers et variés qui apportent chacun une pierre à l’édifice du mythe de notre héros. Le style est féroce, avec des actes de Rant soit profondément choquants, soit effrayants, soit à mourir de rire. Pour le rire, je peux vous donner l’exemple du jeune Buster qui découvre dans son village tout un tas de louis d’or. Il décide de les distribuer aux enfants lorsqu’ils perdent leurs dents (en faisant la petite souris). Les parents, ne sachant pas d’où provient l’argent, laissent faire puisque leurs chères têtes blondes achètent des bonbons, dont le sachet dépasse vite les 100 dollars. L’économie de la ville, bouleversée avec une bulle spéculative sur les biens destinés aux enfants, s’écroule avec retentissement.
Toutefois les défauts de cette œuvre sont présents, voire inhérents à l’écriture de Palahniuk qui s’est fait plaisir en rassemblant le pire de ses précédents bouquins. Notamment la narration pas chronologique pour un sou, par différents individus ayant chacun leurs propres styles. Quant à la fin, certains peuvent la trouver facile, sinon bâclée. Mais les claques des chapitres précédents (assez longs au demeurant) gardent le dessus.
Thèmes abordés (du moins selon Le Tigre)
La multinarration. Ce livre est une sorte de recueil de témoignages de la part d’individus qui ont eu l’honneur (certains ne se s’en sont pas remis d’ailleurs) de rencontrer Casey. L’auteur en profite pour varier ses méthodes narratives tout en plongeant le lecteur dans le mythe du personnage. Mythe car souvent les informations livrées ne se recoupent pas, et c’est à se demander qui croire. Car derrière ces dizaines de dires, il faut tenter de répondre à la question : Rant a-t-il foutu le daroi par fun, dol ou pur hasard ?
L’homme fou et génial. Il y a de tout dans le cas « Rant », quelqu’un de grandiose qui emprunte beaucoup aux héros torturés de l’écrivain. L’individu est pleinement abouti, et dès le début on pressent comme une catastrophe qui va foutre en l’air l’Amérique redneck et puritaine. En effet, le jeune héros s’amuse à se faire piquer par toutes les bestioles qui traînent dans le coin. Il peut passer des heures l’avant-bras entier dans une tanière pour se faire mordre ; les piqures de scorpions et araignées n’ont plus de secret pour lui, bref son système immunitaire est une arme prête à exploser. Et lorsque Chuck en parle, c’est forcément tordant.
Le Tigre peut vous parler de l’épidémie, la terrible naissance d’une maladie qui va séparer en deux l’homo sapiens, étapes par étapes. Mais ce serait risquer le spoil (et je n’ai plus la place). Car l’auteur délivre les informations au compte goutte, et il est difficile de poser le roman avant d’avoir lu la fin.
…à rapprocher de :
– L’auteur est avant tout connu pour Fight Club (que je me dois de résumer) et sa suite sous forme de BD (en lien) avec Cameron Steward.
– Sur Palahniuk, vous connaissez les titres du Tigre : Berceuse, Survivant, Choke, Monstres invisibles, etc.
– La narration dense et parfois non concordante d’un homme d’exception, Le Tigre pense tout de suite à Egolf et son Seigneur des porcheries.
Pour finir, si votre librairie est fermée, vous pouvez trouver ce roman en ligne ici.
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