VO : The Hellbound Heart. Très grosse nouvelle d’horreur confinant au roman, j’avoue que Clive Baker m’a laissé sur ma faim. Le style, sec et direct, n’a pas la puissance escomptée pour une histoire d’êtres venus de l’enfer et aussi sadiques que dingues. Ce texte écrit en 1986 aurait dû être accompagné de suites dans le même média, hélas ce ne fut pas le cas.
Il était une fois
Frank est un jeune gars blasé de la vie, et après de nombreux voyages il aimerait volontiers avoir d’intenses sensations non connues de la populace. Dans ce cadre, il acquiert une sorte de casse-tête, un cube, qui en s’ouvrant ameute les inquiétants Cénobites (lol). Sauf que ces individus, qui puent et suintent de partout, ont une vision bien à eux des ultimes expériences qui sont basées sur la souffrance. Depuis la maison familiale, Frank reçoit donc la visite des gros vilains qui l’emportent avec lui. Et il le regrette amèrement. Heureusement que son frère a décidé d’investir la maison avec sa femme…
Critique de Hellraiser
Si Le Tigre s’est procuré ce court roman (deux heures de lecture si vous êtes particulièrement lent), c’est parce qu’un beau jour il est tombé sur un film sobrement intitulé Hellraiser. Et les différentes suites qui ont tout des Séries B – et produites par Clive en personne. Du coup, je me demandais d’où tout ce bordel a pu venir. La réponse fut déconcertante : 150 pages toutes mouillées.
Revenons à nos Cénobites : le pauvre Frank Cotton est piégé dans leur monde et paraît être dans un sale état – tortures obligent. Parallèlement, son frérot Rory et la belle Julia s’installent dans la maisonnée, sans savoir que dans une chambre se trouve le passage entre notre monde et celui des orfèvres de la souffrance. Pour sortir de cet univers, Frankie aura besoin de sang, de beaucoup de sang même, et Julia – qui découvre sa présence dans la demeure – l’aidera.
Lorsque la chose (qui fut jadis Frank) est sur le point de revenir sur notre bonne vieille Terre, la péripétie ultime a lieu à cause de Kirsty, amie de Rory et inquiète du comportement de Julia. Tout cela se terminera salement, même si les dernières pages m’ont paru très confuses, comme si l’auteur britannique se devait de clore le chapitre parce que sa rombière le sommait de venir prendre le thé. En outre, si dans les premiers chapitres le lecteur a un aperçu satisfaisant de ce que Frank peut « subir » comme délices, on sait finalement peu de choses de ce qu’il a vécu de l’autre côté.
L’héroïne du roman est Julia, et non Frank comme tend à nous le faire croire le quatrième de couv’. Et face à un tel univers qui jouit d’un bon potentiel, le félin s’attendait à quelque chose d’énorme capable de me mettre un K.O. littéraire, à l’image de quelques novellas d’horreur comme sait les produire King. Il n’en fut rien, c’est comme une préface à d’autres scénarios qui auraient mérité d’être portés sur romans – plutôt que sur petit écran.
Thèmes abordés (du moins selon Le Tigre)
Puisque c’est le seul texte mettant en scène les Cénobites, je vais tout de suite vous dire ce que je pense de ce charmant groupe de personnes. Déjà, en tapant ce terme sur mon blog, je n’ai pas eu le soulignage en rouge…eh oui, ce terme n’a pas été inventé par Barker ! Cherchant sur internet, il apparaît que « Cénobitisme » (relol) fait référence à la vie monacale en communauté – contrairement au Tigre, seul, avec ses romans. Plus marrant, c’est aussi le nom vernaculaire du Coenobita, bernard l’hermite qui vit sur terre et qui est aussi moche qu’un cul de singe gratté à deux mains. Vous avez saisi la blague ?? : une communauté de mecs aussi flippants que des l’hermites – alors qu’ils sont tout sauf des ermites, plus pratique pour la torture.
Le refus de la morne réalité (et la recherche d’autres sensations) est la constante qui perdra les deux protagonistes principaux. Frank, d’une part, remue ciel et terre pour acheter auprès de Kircher le cube, et passe des jours à tenter d’ouvrir le mécanisme. Sa vie de baroudeur/joueur ne lui convient décidément plus. Julia, d’autre part, est loin d’être heureuse auprès de Rory, pâle copie de son frère Frank qui fascine la jeune femme. Au fil des pages, on apprend (presque sans surprise) qu’elle se faisait régulièrement troncher par le frérot, plus passionné, plus vif, plus tout en fait.
Dans les deux cas, l’existence est considérée comme un jeu, néanmoins dès que les Cénobites s’en mêlent plus rien n’a de ludique : c’est un pacte avec le diable, mais en pire. Notamment, lorsqu’une des protagonistes (Kirsty) actionne par erreur l’ouverture du cube magique, les Cénobites souhaitent quand même la prendre.
…à rapprocher de :
– Si ça vous intéresse, il y a pas moins d’une dizaine de films tiré de ce roman. Faites-vous plaisir, et si possible matez-les dans l’ordre – j’ai fait un marathon fort éprouvant.
Mais le film reste une très bonne référence de série B !
Même opinion sur la fin: bâclée et confuse.
Moralité les Cénobites faut pas les déranger ou les embêter, faut les laisser tranquille … sans quoi il faudra faire son mea culpa
La moralité, c’est aussi qu’il faut se contenter de ce qu’on a, sans chercher à dépasser sa condition. Clive Barker est très « époque victorienne », un vrai british.
Mon propos était plus grivois je pensais juste: les Cénobites tranquille sans quoi ils allaient faire leur possible pour que le méat coule pas (désolé de ces jeux de mots laids comme disait Bobby), point de philosophie victorienne par derrière.
OTAN pour mouah…
Ce livre est en effet décevant, trop court. Et surtout : même pas peur !