VO : idem. Second opus d’un arc de grande ampleur dans un Gotham détruit et abandonné de tous, il y a de quoi profondément se réjouir. Ouvrage plus orienté sur la description de moments de vie que les grandes manœuvres entre clans, il y a du n’importe quoi, du drôle et de l’épatant. Illustrations vieillottes mais rien de bien méchant, le lecteur aura de quoi se laisser entraîner.
Il était une fois…
La présentation de l’éditeur est suffisamment sobre pour que votre serviteur la pompe allègrement :
« Toujours aux prises avec les gangs qui règnent sur une Gotham dévastée, Batman doit apprendre à faire équipe avec la nouvelle et mystérieuse Batgirl. Pendant ce temps, le Joker et Double-Face avancent leurs pions pour la conquête du No Man’s Land. »
Critique du premier tome de Batman : No Man’s Land
Le Tigre avait été passablement déçu par le premier tome dépeignant une ville de Gotham totalement à la ramasse (catastrophe naturelle, abandon, décadence, etc.) et dont le Batman ne semblait rien avoir à foutre. Et là, miracle, ces presque 400 pages ont redonné le sourire à un félin échaudé qui hésitait à abandonner la série.
Qu’est-ce qui a donc motivé mon plaisir ? Certainement pas les illustrations qui sont à l’image du premier tome. Sérieusement, en tournant les pages on peut se demander de quand date le comics. Années 80, 21ème siècle ? Dix différents dessinateurs (putain, autant de scénaristes d’ailleurs) qui se sont fait plaisir, le résultat est étonnement cohérent : personnages soignés et expressifs, décor correct (pas de grands tableaux sur lesquels bander), et couleurs relativement fadasses.
Non, ce qui m’a fait bicher est le ton général employé dans un titre à la fois contemplatif et malin. Gotham City est cloisonnée depuis longtemps et les habitudes se sont solidement installées dans une cité où la tension est à son comble. Malgré cet état de fait qui pourrait pousser au pathos, la douce rigolade est solidement ancrée. Que ce soit l’humour noir de Attentat au bonbon piégé (un couple visite sans le savoir l’antre du Joker) ou les facéties bon enfant avec les jeunes Titans, l’atmosphère est légère. Certes d’autres chapitres sont plus graves et introspectifs, notamment lorsqu’il s’agit de se mettre à la place de la flicaille ou du commun des mortels, mais rien qui ne gâche l’ambiance générale.
Bon, il me faut quand même signaler des passages qui ont éveillé autant d’intérêt chez votre serviteur que lorsqu’il discute avec son concierge. Y’a des personnages bizarres qui interviennent. Des trucs verts (Road Trip, la plus « what the fuck? » des histoires) ; des organisations sous-marines qui veulent pourrir Gotham ; des superhéros dont je n’ai que rarement entendu parler, etc. Heureusement que Gordon, sa fille Barbara, Batman, Le Pingouin, Double-face, Azrael sont toujours de la partie et tiennent fièrement le flambeau !
Pour finir, j’ai cru lire un tome de transition. Après les grands mouvements qui suivent l’absence d’ordre, nous sommes ici en présence d’une forme de consolidation du pouvoir de chacun et de la vie quotidienne des Gothamites n’ayant pas fui la ville moribonde. Chacun fourbit tranquillement ses armes en vue d’une attaque de grande ampleur initiée à la fin du bouquin. Après avoir présenté une carte de la ville coloriée selon l’influence des clans, les auteurs mettent en effet en branle quelques super-vilains fermement décidés à bouffer leur part du gâteau. Le prochain tome risque de faire des dégâts.
Thèmes abordés (du moins selon Le Tigre)
Je profite humblement du présent comics pour souligner une phrase qui revient en début de chaque chapitre : « seuls survivront les braves, les calculateurs et les fous dans cet enfer sur terre nommé no man’s land ». Ha ha.
Les braves d’abord. Tout commence par ce brave Alfred qui fait montre, à plusieurs reprises, de ses talents de comédien – et de conteur. Batman, Batgirl devenue handicapée et continuant la lutte, Gordon, Huntress, un gosse qui résiste malgré la dégueulasserie qu’est devenue sa vie, voilà le visage d’une cité optimiste qui tente d’arranger les choses. Mais ce n’est pas chose évidente, les bonnes intentions pouvant rapidement se retourner contre leur instigateur. Superman, ce couillon, s’aperçoit vite que l’heure n’est pas à aider aveuglément les habitants (cet échec n’est pas sans déplaire au Chevalier noir). Un simple ingénieur électrique, qui est parvenu à apporter un peu d’électricité, mesure également le revers de sa médaille. Pas évident de faire montre de bonté.
Les calculateurs, ensuite, font souvent profil bas avant de révéler leur puissance. Si le maître mot de cet opus est le statu quo, on sent bien que passer aux choses sérieuses en démange certains. Double-face et le Pingouin sont de cette race et préparent une grande offensive – le dernier avait promis à Batman de se tenir coi… D’autres individus, extérieurs à Gotham, attendent également leur heure pour mettre définitivement à genoux une ville déjà éprouvée.
Quant aux fous, ils ne se distinguent que difficilement des calculateurs. A part, bien sûr, le Joker dont l’humour et la folie font plus ricaner que trembler. Sinon, ce sont des pauvres types (le gus qui exécute une danse pitoyable avant d’occire quelqu’un qui souffre) qui n’opèrent qu’à un niveau relativement modeste, et dont le sort est fixé en une quinzaine de pages.
…à rapprocher de :
– C’est marrant, mais nul besoin de lire le premier tome afin d’apprécier le présent ouvrage (que vous trouverez pourtant en lien sur le blog).
– A tout hasard, Gotham Central (premier tome ici, second tome par là et troisième tome là) qui se situe après la présente saga.
– Le tremblement de terre et le joli charivari qui a suivi sont contés dans Batman : Cataclysme.
Enfin, si votre librairie est fermée, vous pouvez trouver ce comics en ligne ici.
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