Les Artistes Fous s’attaquent (enfin) à ce qui fait tourner toute civilisation qui se respecte. L’image de couverture, fort bien réussie, annonce du coquin traité avec un certain humour à visée dédramatisante – et ce malgré des nouvelles plutôt trashouillettes. Du beau, hélas en nombre insuffisant – et rien qui ne fasse bander.
Il était une fois…
Le quatrième de couv’ m’a fait doucement marrer. Autant en profiter :
« Parlons peu, parlons sexe ! On vous a fignolé un recueil entièrement dédié au sujet, pour tout ceux qui ont envie de regarder sous les jupes des filles et celles qui rêvent de mettre la main dans le slip des garçons ! Et fi de la censure, elle ne nous fait pas peur, ce n’est pas ça qui m’empêchera de vous dire que ce livre, rempli de **** qui se font *******, de ****** trempées et de jet de ****** sur des *******, est comme un ***** qui vous ***** le ***** sur un **** maculé de ***** »
Critique des Contes roses
C’est devenu un jeu avec cette association de malfauteurs : à chaque nouvel ouvrage, le félin réclame une dédicace de qualité. Immanquablement, les AFA dépêchent leur pire dessinateur (le meilleur en fait) qui en profite pour se foutre de ma gueule, mais avec courtoisie et tendresse. Pour une fois, autant Le Tigre que Marc Levy se font dérider l’arrière-train, et pour le thème le dessin est magnifique – sûrement la symétrie, à laquelle je suis extrêmement sensible.
Passons à la critique des textes. Je vais les traiter un par un, parce que je sais qu’à ce moment précis les auteurs (qui me lisent avidement) serrent furieusement leurs fesses.
L’Origine de l’enfer (Julien Heylbroeck)
Vers la fin du XIXème siècle trois frères siamois (un tronc, trois têtes, six mains, vous voyez le tableau ?) sont utilisés comme freaks sexuels dans un cirque particulier. Miss Milton, qui leur propose un contrat vers les States, est si innocente que cela ? Gentiment déjanté, totalement inattendu, toutefois question cul ce n’est guère la joie.
Le rapport du veilleur (Vinze)
Duclos est un veilleur qui avait fait appel à une catin pendant que l’entrepôt se faisait dévaliser. L’auteur a magnifiquement géré la métaphore entre la violation de la propriété privée et les coups de reins assénés à la dame, en trois pages à peine rien à dire.
839 (Gallinacé Ardent)
Histoire du 839ème homme qui entreprend de fourrer Déborah Reeves, star du X qui veut battre le record de gang-bang mondial. Sauf . Ecriture acide où les termes crus (on se croirait dans une boucherie) tranchent avec la naïveté d’un jeune homme amoureux de Miss Reeves. J’attendais un chouette retournement final, qui n’est jamais venu.
CliXXX (Corvis)
Comme Corvis a publié le plus long texte de cette antho, le félin ne dira rien sur ces quelques lignes que votre petite nièce (celle avec son chromosome de trop) aurait pu écrire. Clin d’œil au Déclic de Manara à peine subtil.
Denis Noodle et le sexe (Southeast Jones)
Noodle est un richissime érotomane qui ne peut s’empêcher de sauter sur tout ce qui a deux (voire plus) pattes. Parce que sa condition le pèse, il fait appel au plus grand chirurgien pour modifier son corps – n’en dirai pas plus. J’ai connu mieux de Southeast J. qui semble avoir lâché le minimum syndical.
Le Jardinier du sultan (Nelly Chadour)
Nelly est la seule à être parvenue à mélanger l’érotisme pur (même avec des fleurs) avec une poésie nostalgique des grands temps anciens. Nazrédine se fait violemment draguer par les roses du 101ème jardin du Sultan, et le pauvre homme en perdra progressivement la tête. Mignon tout plein et conclusion triste, ça ne déplaira à personne.
L’Heureux Tour (Vincent T.)
Imaginez que vous vous réincarniez en un vêtement que, en tant qu’homme, vous aviez un certain mal à ôter chez votre copine. Pas vraiment accroché, ça m’a semblé trivial et un tantinet vulgaire – disons que les références au cycle de la mort connaissent de meilleurs textes.
Vibrato (Corvis)
Le plus long texte de l’ouvrage, avec la petite Suzie (25 ans) qui ne parvient pas à avoir un orgasme. Jusqu’à ce qu’on lui envoie un godemichet de combat. Une fois actionné, ce dernier propulsera la belle à d’incroyables niveaux de jouissance. Le problème ? Coincé dans la chatte à Suzanne, il est impossible à retirer. Style enlevé qui se concentre sur les sensations de l’héroïne, la maîtrise du vocable orgasmique est plus que satisfaisante.
Soudain j’existe (Maniak – c’est l’inélégant qui m’a fait la cassdédi)
Le recueil se clôt sur une anticipation robotico-péripatétitienne avec le point de vue d’un être créé pour le plaisir. Sauf que cet objet paraît avoir des sentiments (une âme), et les coups de butoir subis lui font péter les plombs. Court et mystérieux, Maniak tenait quelque chose mais n’ose pas aller jusqu’au bout de son idée – nous laissant imaginer la suite.
En conclusion, Le Tigre a retrouvé, non sans plaisir, la petite bande de joyeux décalés avec quelques textes de qualité. Toutefois, il m’est apparu que certains se sont moins foulés : plus de textes pour un même nombre de pages que le précédent opus, vous croyez que je ne vous ai pas grillés ?
Thèmes abordés (du moins selon Le Tigre)
Comme il est annoncé en préface, tout est censé être abordé dans le recueil. L’acte sexuel dans toute son extase, avec ce que ça comporte d’excessif ; le pénis (de chair ou de plastoc) comme vecteur de violence, etc. Toutefois, il apparaît que toutes les nouvelles ont leur lot de souffrance, ne cherchez pas d’histoire à l’eau de rose avec de bons sentiments et une scène de cul épanouie et respectueuse. La marque des Artistes Fous.
Sinon, Le Tigre n’a pu s’empêcher de noter l’apparition en force du fantastique et de l’ésotérique. Djinns malfaisants, sorcières africaines aux pouvoirs déconnants, inquiétants transformismes, laissez votre esprit cartésien à côté de vos vêtements en lisant (tout nu, comme c’est recommandé) Les contes roses.
…à rapprocher de :
– De cet éditeur doux-dingue, vous pouvez dévorer quelques nouvelles de Fin[s] du monde, assez inégal. La suite, intitulée Sales Bêtes !, est d’une rare qualité, ça m’a profondément ravi. Puis Folie(s) est globalement correct. Quant aux Contes Marron, eu égard la taille ça passe crème (excusez l’expression). Quant à L’Homme de demain, c’est nettement plus mitigé.
– Pour des textes vraiment bandant, j’ai écrit un petit top (en lien) où vous pourrez trouver de quoi avoir la quille.
– Concernant le texte de G.A. (sur le gang bang qui prend des airs d’abattoir), Le Tigre a vite repéré le clin d’oeil à Snuff, de l’immense Palahniuk.
Enfin, si vous souhaitez juger de la chose par vous-même, c’est disponible sur le site de l’asso (en lien). Attention si vous réclamez une dédicace dédicace.
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