Pas encore (du moins il me semble) traduit en France, Dan Fesperman est un auteur bien informé dont les titres sont autant réalistes qu’édifiants. Voici donc un très bon roman sur un agent du FBI entraîné malgré lui dans une machination de grande ampleur. Comme le titre l’indique, l’histoire se passe dans la prison de Guantanamo, zone de non droit en plein Cuba.
Il était une fois…
RevereFalk est un agent du FBI qui a été dépêché par son agence pour aider à mener des entretiens à la prison de Guantanamo. Car Falk a une connaissance étendue de la langue arabe et des problématiques du Moyen-Orient. Il devra notamment interroger Adnan, un Yéménite dont l’appartenance à Al-Qaida est loin d’être acquise. Toutefois, au cours des entretiens qu’il mène, la découverte d’un cadavre sur la plage (côté cubain) va changer la donne.
Critique de The Prisoner of Guantánamo
Dan Fesperman me paraît être un auteur relativement méconnu en Europe. Pourtant, cet ancien journaliste de talent au Baltimore Sun a bourlingué aux quatre coins du globe et sait comment rendre compte d’un lieu, d’une situation.
Dans le Prisonnier de Guantanamo, le scénario prend une tournure de thriller dès que le corps d’un sous-off’ est repêché. Or, le mort, dans sa vie civile avait des activités bancaires et des institutions financières sises aux îles Caïman (le petit paradis fiscal dévolu aux États-Unis) sont de la partie. Plus bizarre, les supérieurs du protagoniste principal lui font comprendre de boucler rapidement l’enquête, signe qu’il y a de gros enjeux autour de cette affaire.
Plus Revere Falk avance, plus différents groupes vont prendre contact avec lui pour lui dicter sa conduite. Le résultat est une intrigue très bien menée et assez intelligente, loin du « tout noir ou tout blanc » qui sied à l’époque. L’écrivain américain nous décrit, avec des chapitres courts qui se laissent lire, un univers non manichéen où les méchants (le sont-ils vraiment vu les enjeux géopolitiques?) se dévoilent progressivement.
En conclusion, voilà un roman qui, à une certaine époque, avait été bien accueilli. Non traduit à l’époque en français, je vois hélas mal l’intérêt à le faire de nos jours : Guantanamo et la guerre contre le terrorisme n’intéresse plus grand monde.
Thèmes abordés (du moins selon Le Tigre)
Ce que j’ai particulièrement apprécié est la description, abondante, de la prison tristement surnommée Gitmo. Fesperman a dû y séjourner une bonne semaine, parce que Le Tigre a cru y être. L’ambiance de ce lieu particulier, les bâtiments, les gens qui y travaillent, la gueule des cellules, la condition des prisonniers (quoique…la torture n’est guère explicitée), les procédures de sécurité, tout y est. Attention, il n’y a pas que Guantanamo : l’agent du FBI sera amené à voyager qui dans les Caraïbes, qui à Cuba même – avec un passeport non américain, bien entendu.
En outre, ce roman donne un terrifiant aperçu de ce que peuvent être les luttes entre les services d’un même pays. Le héros se trouve vite au centre des attentions de chacun, et des groupes plus ou moins identifiés y vont de leurs « conseils ». Cela peut aller jusqu’au chantage, notamment déterrer de sombres histoires liées au protagoniste lorsqu’il était, jeune, chez les Marines. Avant le dénouement final, le lecteur se demandera qui est dans quel camp, et surtout pourquoi ces groupes semblent agir contre les intérêts de la Nation.
…à rapprocher de :
– Si en savoir plus sur cette prison (mais avec une vue différente), Les Mémoires de Guantánamo de Mohamedou Ould Slahi pourraient vous intéresser.