VO : Carrion comfort (c’est tiré d’un poème). Grosse dilogie d’une immense auteur, adieu SF, bonjour fantastique / terreur à la Stephen King. King ? Pas vraiment hélas, ce n’est pas ce que j’ai préféré. Les vampires psychiques contemporains, quasiment immortels, restent une excellente idée. Mais ça m’a paru trop long.
Il était une fois…
Oooohh…mais il est parfait le résumé de Wikipedia. Quelle concision, quelle classe. Allez hop, personne ne me regarde ? Voilà :
« Saul Laski est un Juif rescapé du camp d’extermination de Chełmno en 1942 pendant la Seconde Guerre mondiale. Pendant près de quarante ans, il traque sans relâche son tortionnaire nazi de l’époque, l’Oberst, disparu sans laisser de traces après la guerre. Puis, au mois de décembre 1980, une série de meurtres inexpliqués à Charleston en Caroline du Sud remet Saul sur la piste de son ancien bourreau. »
Or si Saul est le héros, il aura une belle poignée d’alliés à ses côtés en plus de vilains qui paraissent encore plus nombreux. Et sur 1.200 pages, je vous laisse imaginer les rebondissements qui pleuvent.
Critique de L’Échiquier du mal
Comme je le répète souvent, Dan Simmons est bon. Ils ne sont en effet qu’une poignée d’auteurs « touche-à-tout » à squatter (ici chez Gallimard) à la fois les rayons « classiques », policiers et SF. D’ailleurs, j’aurai plutôt mis le présent titre en thriller/polar, car de SF et de fantasy il n’est que peu question. Du fantastique mêlé à de l’horreur, certes.
Le titre VF est bien trouvé : « mal » eu égard la menace que notre vieil homme de confession juive tente d’éradiquer. Il en a après une seule personne, or d’autres ont le même pouvoir et s’en servent comme des cochons. Ce pouvoir, Simmons le nomme « Le Talent », et ça consiste à prendre le contrôle de l’esprit d’un autre pour lui faire faire ce que l’on veut. Il y a des personnes qui arrivent à le maîtriser (que sur les femmes, par exemple), à y échapper, bref des niveaux différents de puissance existent. « Échiquier » enfin, parce que les antagonistes (l’Oberst en fait) s’amusent à plusieurs reprises à jouer une partie d’échecs grandeur nature : si un pion / humain est sacrifié, il meurt. Tout simplement.
Quant au style, c’est pile au milieu. Ni interminables pavés de SF où Simmons plante longuement (et avec talent) un fabuleux décor ; ni les chapitres courts et péripéties virevoltantes d’un roman policier. Juste entre ces deux genres. Entre les 1.000 pages d’Ilium (et Olympos, cf. infra) et les 300-400 pages d’une enquête de Joe Kurtz (infra aussi), notre ami a tranché la poire en deux. Le Tigre aurait préféré plus court, mais l’inénarrable Stephen King avait donné depuis longtemps le ton.
Pour conclure, il faut avoir un certain courage pour s’avaler ces bonnes 1.000 pages. Je n’avais rencontré à ce moment que très peu de titres de cet auteur qui m’a procuré plus de plaisir dans le domaine de la science-fiction. Car le fantastique mêlé au thriller n’est pas ce qu’il fait de mieux, en effet le Gritche de la saga Hypérion (cf. infra) m’a bien plus foutu les jetons. D’où la note négative, car L’Échiquier du mal, bien que correct, contraste avec ce que l’auteur américain a produit par la suite.
Thèmes abordés (du moins selon Le Tigre)
Beaucoup de thèmes qui viennent à l’esprit, en outre d’autres sites ont analysé cette œuvre sans le cahier des charges du Tigre (moins de 1.000 mots). Essayons :
Les vampires psychiques que nous rencontrons se servent du Talent pour accéder au sommet de la société. Une fois installé, c’est la fête du slip. Je me souviens surtout des comportements scandaleux (sexe, luxure, débauche de fric, abondance à peine cachée) que l’auteur montre de la part de ces individus. Faire du chantage en filmant une jeune fille (qui veut monter dans Hollywood) qui s’abandonne malgré elle, influencer une hôtesse de l’air pour la sauter vite fait dans les WC, jouer aux échecs avec des humains en guise de pièces,…des vrais méchants non ? L’image que donne Dan S. des puissants est déplorable.
Face à cette clique de dangereux psychopathes (oxymore ?), Saul et ses acolytes (une black qui a une revanche à prendre, un flic fan de polars notamment) offrent un regain d’optimisme. Chacun est victime, à sa façon, de ces vampires. Mais ils parviennent à dépasser ce statut, organiser une résistance et finissent par sortir vainqueurs, et grandis, de l’œuvre. La ténacité et le courage occupent une place prépondérante en plus de montrer que, peu importe que les bourreaux soient terrifiants et sans pitié, chacun peut en venir à bout. Avec les honneurs (les héros ne sombrent jamais dans les travers de leurs ennemis).
…à rapprocher de :
De Dan Simmons, Tigre a lu énormément. Il faut séparer les polars de la SF à mon sens.
– Ainsi, sur la SF, les deux pavés que sont Ilium et Olympos se doivent d’être lus. Même chose pour les Cantos d’Hypérion (attention 8 romans).
– Enfin, question romans policiers, il y a L’épée de Darwin (sans plus), mais surtout Les enquêtes de Joe Kurtz (trois tomes qui se dévorent très vite).
– Simmons verse aussi dans le thriller d’anticipation sociale. Flashback se dévore, toutefois c’est insupportable sur les idées de l’auteur.
Sinon :
– Dans un thriller fantastique un peu plus vieillot mais efficace, il y a Le cycle des pouvoirs de John Farris.
– Jacques Sirgent, spécialiste des vampires, évoque également les classes supérieures qui « pompent » l’énergie du bon peuple dans son édifiant Livre des vampires.
Enfin, si votre librairie est fermée, vous pouvez trouver ce roman en ligne ici. Tome deux par là.
Ping : Dan Simmons – L’Épée de Darwin | Quand Le Tigre Lit
Ping : DodécaTora, Chap.VP : 12 histoires de vampires | Quand Le Tigre Lit
Ping : Dan Simmons – Olympos | Quand Le Tigre Lit
Ping : Dan Simmons – Flashback | Quand Le Tigre Lit
Ping : Peter F. Hamilton – A Quantum Murder | Quand Le Tigre Lit
Je suis démasqué (et la peste soit des auto-completeurs). Si vous êtes en mal de lecture, il ne faut pas hésiter à aller piocher des idées sur Vampirisme.com, hein ! (je dois encore mettre sur pied un best of automatisé, histoire d’aiguiller les visiteurs vers les indispensables, mais le temps me manque ^^)
Concernant les vampires psychiques, je conseillerais également le magnifique recueil Shambleau, de Catherine Moore, qui voit passer un certain nombre de créatures de cet acabit. Ou encore le méconnu (mais pourtant hautement recommandable) La maison du vampire de Viereck, traduit il y a quelques années par Jean Marigny aux Editions de la Clef d’Argent.
Quant à Simmons, je goute surtout sa prose imaginaire, et n’ai à ce jour jamais été convaincu par ses polars. Sur les vampires, il a également écris Les fils des Ténèbres (excellent), ainsi que plusieurs nouvelles qu’on trouve dans ses recueils L’amour, la mort et Le styx coule à l’envers.
Cher Vladkergan (je ne me trompe pas?),
Enfin un connaisseur vampiristique qui me fait l’honneur d’apporter dans ma tanière quelques idées de bouquins. Merci encore, d’autant plus que je ne connais aucun titre du premier paragraphe.
Toutefois j’ai lu les deux nouvelles dont vous parlez à la fin, et devrais les mettre sur mon site. Quant aux « Fils des Ténèbres », je ne partage guère votre avis, ce titre m’avait relativement déçu. Je le résumerai lorsque mettre une autre note négative me prendra.
Feulement vôtre
Je ne peux qu’abonder pour « le fils des ténèbres », je crois d’ailleurs avoir décrit ce livre dans un des mes autres commentaires sur l’auteur 😉
Ping : John Farris – Le cycle des pouvoirs | Quand Le Tigre Lit
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