VO : Darwin’s blade. Un protagoniste aussi parfait que les promesses d’un homme politique, une arnaque à l’assurance qui se transforme en terrible complot (j’exagère à peine) mené par la mafia, quelques belles scènes de forensic niveau Sherlock Holmes, de l’action comme s’il en pleuvait, etc. : bienvenu dans la Californie décomplexée et violente à souhait.
Il était une fois…
Darwin Minor est un expert en reconstitution d’accidents en Californie. Et le saligaud se débrouille plus que bien. Docteur en physique et ingénieur à qui rien n’échappe, Darwin est souvent appelé par les autorités pour investiguer les lieux où des accidents particulièrement bizarres ont lieu. Sauf que son dernier cas est bien complexe que prévu, et des personnes fort mal intentionnées ne voient pas d’un bon œil qu’un expert de premier ordre vienne fouiller un peu trop ce qui a été maquillé.
Critique de L’Épée de Darwin
Dan Simmons est connu pour ses (interminables) cycles/séries qui, même excellents, demandent un tant soit peu d’attention. Et quand l’auteur américain verse dans les romans indépendants, il arrive que ça dépasse les 500 pages. Heureusement que le style reste relativement abordable, avec de nombreux chapitres et un héros tout ce qu’il y a de vivant et jouissant d’un haut potentiel.
Un peu trop sans doute, honnêtement Dan Simmons n’aurait pas pu faire protagoniste plus bad-assé et parfait à la fois : Minor a trop de qualités. Tireur d’élite de compèt, pilote de planeur à ses heures perdues, ingénieur émérite, esthète faisant péter des références à d’antiques philosophes, c’est presque un couteau suisse personnifié dont les connaissances paraissent être un pot pourri de notices d’engins en tout genre et la manière dont ils peuvent finir en tôle fondue.
Trop de capacités attirent les emmerdes, c’est bien connu. Le gars, en analysant une suite d’improbables sinistres, dérange les mauvaises personnes – genre une mafia russe. A partir de là, l’écrivain a imaginé tout un tas de problématiques qui rendent l’ouvrage long (600 pages), nerveux et qui part dans tous les sens – inutile histoire d’amour en prime. (Mal)heureusement, tout ceci se terminera par un immense concours de bites, à savoir une champêtre course-poursuite avec épreuve de tir de longue portée tout en protégeant les êtres qui sont chers à Minor.
Cela étant dit, deux réactions ont parcouru l’échine du félin. D’une part, je me suis dit que Simmons a versé dans un n’importe nawakisme qui gâche énormément l’aspect « polar noir » de l’histoire – excessive. Mais, d’autre part, il s’agit d’une enquête réjouissante avec quelques moments instructifs (l’amateur de belles mécaniques ou le soldat en devenir sera comblé), tout en laissant son cerveau de côté.
Thèmes abordés (du moins selon Le Tigre)
Pour être tout à fait complet, il est question ici de…oh puis merde, je vais vous expliquer ce que je pense de ce putain de titre. Car Darwin, ce n’est pas que le prénom :
Déjà, c’est avant tout la théorie de l’évolution, celle qui fait dire que les espèces les mieux adaptées sont les seules dignes de peupler notre petite planète. Et, à ce titre, le Darwin du roman représente ce que l’être humain a de mieux – trop d’ailleurs, comme je l’avais expliqué. Le héros, loin d’être con, attire les vilains dans l’environnement où il est le plus à l’aise, à savoir la forêt – car c’est là que, jeune, il fuyait des heures durant ses problèmes familiaux. Capable de calculer la trajectoire de sa balle sans voir l’ennemi arriver (le lecteur aura des tartines de sniper-tactics) tout en assurant niveau close-combat, voilà l’Homme de demain qui assurera l’avenir – et je ne parle pas du fait que jamais il ne semble avoir besoin de prendre une douche ou se sustenter.
Darwin, c’est aussi une coquette référence aux Darwin Awards. Vous savez, les prix récompensant les personnes les plus connes de la Création depuis Adam ? Et là, déception : Simmons ne semble avoir qu’assuré le minimum, entre descriptions des affaires les plus « marrantes » rencontrées dans des faits divers d’insignifiants papelards ou (pire) certaines aventures tenant davantage de la légende urbaine que de la réalité. Par exemple, le premier accident est délirant au possible : utiliser des rétrofusées en mode gros Jacky mexicain, et finir écrasé sur une falaise après un décollage digne d’Atlas V…sérieusement ?
…à rapprocher de :
De Dan Simmons, Le Tigre a lu énormément. Jugez plutôt les amis :
– En polar (plus rapide et sympa à mon sens), il y a les enquêtes de Joe Kurtz. Encore un héros savamment burné.
– En SF, si vous avez le temps Ilium suivi d’Olympos devrait vous ravir. Mais pas autant que Les Cantos d’Hypérion, gross saga s’il en est. Quant à Flashback, hem….
– Version terreur, je n’ai guère apprécié L’échiquier du mal (deux tomes de merde). A vous de voir.
Enfin, si votre librairie est fermée, vous pouvez trouver ce roman en ligne ici.
Le moins qu’on puisse dire c’est que le pitch ne fait pas très envie…A quand un nouveau Simmons digne d’Hyperion…
Avec son dernier en date (Flashback, assez mitigé), les sagas dantesques ne semblent plus à l’étude.
C’est bien dommage…
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