VO : The Roaches Have No King. Un cafard comme narrateur, hum. Finalement ça passe plutôt bien. Loin d’être un chef d’œuvre, ce roman se dévore assez rapidement et mérite d’être lu. Même une décennie après Le Tigre s’en souvient encore. Rien à voir avec le « subversif » et « politiquement incorrect » vendu par l’éditeur en revanche.
Il était une fois…
Nombres est un cafard né dans une bibliothèque à NYC. Vivant avec ses congénères dans un appartement où habitent Ira et sa petite amie roots, la nourriture foisonne tellement c’est le foutoir. Jusqu’à ce qu’Ira se fasse plaquer et jette son dévolu sur Ruth, petite blonde adepte de la propreté. Cette nouvelle femme, par ses manies, va mettre en grand danger de famine la colonie de cafards qui va devoir réagir.
Critique des Cafards n’ont pas de roi
Voici l’archétype d’un roman court mais bon qu’il faut prendre le temps de lire. Titre original, première de couverture assez anxiogène, histoire qui ne ressemble à aucune autre, Evan Weiss a vraiment de la suite dans les idées.
L’intrigue est finement trouvée : prendre une troupe de cafards confortablement installés dans un appartement de New-York, apporter un danger (quelqu’un qui par son hygiène met en danger leur survie), et laissez-les inventer une solution pour s’en sortir. Il en ressort un petit ovni littéraire propre sur lui.
L’écriture passe, rien de révolutionnaire mais le vocabulaire relatif au petit monde des insectes (et comment tout peut leur paraître plus grand) est correct. Certains passages sont graveleux, à la limite du choquant. Il en faut certes plus au Tigre, néanmoins la petite bête qui entre dans la grande (comprenne qui voudra) c’est limite. Et cocasse à la fois.
Quand au fond, rien à dire : chapitres courts, de l’espace dans les pages, ça passe très vite. Deux à trois heures de lecture au maximum. Les références religieuses sont sans doute de trop, sans gâcher le plaisir de la lecture.
Thèmes abordés (du moins selon Le Tigre)
Faire parler des êtres humains, c’est facile. Des animaux, un peu moins. Des insectes, faut s’y risquer. Car c’est aussi prendre de plus grandes libertés quant à leur mode de fonctionnement, qui est surtout fait de réflexes et d’une anticipation quasiment nulle. Sans compter leur individualité que Le Tigre imagine bien moins prononcée que, par exemple, chez les mammifères. Daniel Weiss ne s’est pas encombré de tels détails, ici ça réfléchit comme des humains. Sacrifices compris.
Derrière l’aventure des cancrelats, c’est aussi la petite vie bourgeoise new-yorkaise qui est décrite, voire caricaturée : petits dîners entre amis, fonctionnement d’un couple dans une grande ville, solitude aussi de ces personnes, usage de drogues récréatives, rien de bien folichon en somme. Assez terne même.
La sexualité, enfin, ne manque pas dans ce roman. Sexualité des insectes, des hommes, tout y passe. Jusqu’à ce que celle-ci constitue un paramètre de choix, aux yeux des insectes, de la bonne partenaire au protagoniste humain principal. Ce passage pourra en mettre certains mal à l’aise, bien qu’étant hautement improbable. Les descriptions ne sont ici pas forcément réussies hélas.
…à rapprocher de :
– La trilogie des fourmis, de Bernard Werber. Donner des intentions et réflexions humaines à des insectes, c’est assez rare. La trilogie de Werber reste néanmoins bien plus didactique, et à destination des jeunes.
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