Sous-titre : American Sex Stars. Deux biographies en un seul essai, en l’espèce celles de Misses Lords et Jameson, deux femmes ayant sévi au même moment mais avec des parcours différents. Court et abondamment documenté, ça se lit bien vite à tel point que Le Tigre ait peur de ne pas avoir retenu grand chose.
De quoi parle Traci Lords & Jenna Jameson, et comment ?
Daniel Lesueur est un habitué des biographies de personnages incontournables du monde du X (cf. infra). Dans American Sex Stars, meet Nora Kuzma (d’une famille d’origine ukrainienne) qui deviendra Traci (un « i », c’est plus classe) Lords (du nom d’un de ses acteurs préférés) et Jennifer Massoli (Jameson, pour doubler le « j » et parce que le whisky, ça fait tellement rock & roll).
Grâce à deux biographies (en anglais seulement disponibles) complètes, l’auteur nous a concocté un voyage chronologique de 14 chapitres (aucun thème ne s’en dégage) où il zappe d’une star à l’autre sans que cela ne nuise à la compréhension du texte. Il faut noter que Daniel L. est à la base un journaliste musical, et cela s’en ressent fortement avec les nombreuses références livrées (paroles de chansons, bons mots de musiciens entre autre,…). De la part d’actrices ayant fréquenté quelques leaders de groupes de rock bien connus (Mötley Crüe par exemple), c’est toujours bienvenu.
Hélas, si le travail de conteur a été correctement effectué, c’est à partir de sources souvent discutables (ne s’en tenir principalement qu’à la parole des intéressées est forcément casse-gueule sur les bords) et sans une certaine prise de recul attendue par Le Tigre. En parcourant deux-trois sites, des incohérences paraissent exister, la légende des deux héroïnes du titre semble déjà en route.
Pour conclure, j’ai été assez déçu par cet essai qui comporte de nombreuses imprécisions et est, contrairement à d’autres titres de l’éditeur, dépourvu de toute photo (pas forcément érotique, mais pour se rendre compte des protagonistes). Néanmoins, le tout est une sympathique balade dans l’Amérique de la côté Ouest des années 80 et 90.
Ce que Le Tigre a retenu
L’éternelle question, toujours posée, de savoir comment en arriver au porno pour une (très) jeune femme. Les deux disent avoir été victimes de sévices sexuels, sans parler du délicieux pouvoir qu’elles découvraient avoir vis-à-vis de la gente masculine. Jenna J. souligne toutefois, qu’après de nombreuses séances de thérapies, que les traumas sexuels subis n’y seraient pour rien dans son choix de carrière. Sachant que la miss ne dit pas forcément la vérité, et eu égard le terrifiant documentaire suédois Shocking Truth sur le monde du X, on peut légitimement en douter.
Dans les deux cas, il faut noter une maturité sexuelle fort précoce. A ce titre, L.A. est réellement tombé des nues en apprenant que l’actrice la plus en vue était en fait mineure, alors qu’elle avait tout d’une star de vingt-deux ans. En outre, les deux demoiselles sont plutôt portées sur le rock (Jenna, les bikers, les tatoueurs, quelle histoire…).
Ce qui m’a marqué, outre les violentes mésaventures (viols, tabassage en règle, utilisation effarante de drogue pour Jameson, à la limite de la mort) de Traci et Jenna, c’est la manière dont elles ont su rebondir. Traci, riche avant d’être majeure, a eu la bonne idée de tourner un film (Traci I love you) en s’arrogeant tous les droits, puis a tout fait pour tourner dans des films et séries « normaux » afin de se refaire une virginité (si je puis dire). Comme Monica Mayhem, elle est mariée et mère.
Quant à Jenna, si elle semblait bien plus mal partie, elle est parvenue à décrocher de la dope, à éviter ses anciennes mauvaises fréquentations et surtout à monétiser son image. Si les deux ont fait plus d’une fois la couverture des grands magazines, Miss Jameson est allée plus loin en amassant les récompenses, puis créant sa boîte de prod’, son site internet, et ce avec l’aide d’une autre femme dont elle n’est pas insensible aux charmes.
…à rapprocher de :
– De Daniel Lesueur, il y a l’excellent John C. Holmes (35 cm de talent quand même). Plus sombre, plus complet quelque part.
– Star du X, mais ici autobiographie, penchons nous (hem) sur les confessions intimes de Monica Mayhem. Même éditeur également.
– Rapidement, et puisque c’est Camion Blanc qui l’édite, si vous souhaitez en apprendre plus sur la méthamphétamine (déjà dans les années 80, JJ y succombait), il y a Accroc au speed, de Mick Farren.
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