Court et bon, drôle et touchant, Pennac tient définitivement le bon bout avec la saga des Malaussène. Et il y a quelque chose de délicieusement désuet au royaume de cette famille qui est le plus bel aimant à emmerdes du tout Paris. Lu avant d’atteindre mes 20 ans, c’est presque un roman qu’on n’oublie pas (à part quelques dénouements).
Il était une fois…
Pour le bon Pennac, je vous livre in extenso le quatrième de couv’ qui retranscrit assez fidèlement le bordel ambiant :
« Si les vieilles dames se mettent à buter les jeunots, si les doyens du troisième âge se shootent comme des collégiens, si les commissaires divisionnaires enseignent le vol à la tire à leurs petits-enfants, et si on prétend que tout ça c’est ma faute, moi, je pose la question : où va-t-on ? Ainsi s’interroge Benjamin Malaussène, bouc émissaire professionnel, payé pour endosser nos erreurs à tous, frère de famille élevant les innombrables enfants de sa mère, cœur extensible abritant chez lui les vieillards les plus drogués de la capitale, amant fidèle, ami infaillible, maître affectueux d’un chien épileptique, Benjamin Malaussène, l’innocence même et pourtant… pourtant, le coupable idéal pour tous les flics de la capitale. »
Critique de La fée carabine
La fée carabine est le premier roman que Tigre a lu de Monsieur Pennac. Et pour une première lecture, il n’y a presque rien à redire. A part qu’il faut mieux lire ce type d’ouvrages avant ses trente ans, pendant que la magie de la prose de l’auteur est susceptible de passer telle une lettre à la poste.
L’histoire est aérée, déjantée et avec de multiples intrigues à tiroir. Le gros tourne bien sûr autour du pauvre Benjamin qui, une fois de plus, est au centre de toutes les attentions (et accusations). Si on ajoute un réfugié yougoslave, un flic qui sera bientôt atteint de saturnisme, une veuve assez touchante, un policier aux méthodes d’interrogatoire plus que surprenantes (sa technique, à la fin dévoilée, est superbe comme tout), et tant d’autres, alors en 300 pages à peine il y a de quoi se taper une bonne tranche de rigolade.
Sur le style, bah c’est du Pennac pur jus. L’écrivain français a fait court et efficace et ce n’est pas tant les intrigues policières qui m’ont ravi que la manière dont tout s’imbrique dans un foutoir digne d’une comédie de boulevard, mais en infiniment plus poétique (cf. infra). Peut-être faut-il mieux commencer par le premier de la saga (Au bonheur des ogres), toutefois en s’attaquant directement au présent titre, n’importe quel ado sera accroché.
Thèmes abordés (du moins selon Le Tigre)
La poésie et les clins d’œil. J’ai trouvé le Paris de Dany P. légèrement fantasmé (le quartier de Belleville regorge de surprises), mais pas autant que ses habitants. Et Tigre s’est laissé transporter, comme un gamin, dans les aventures de protagonistes aussi atypiques qu’attachants. Ma petite préférence va à Stojilkovicz, ancien révolutionnaire yougo, qui fait faire des visites (en voiture si je me souviens bien) à les touristes de l’Est en leur expliquant que tous les étals des boucheries sont des faux pour faire croire que la capitale est prospère. Raconté par Pennac, cela a de la gueule.
J’ai cru remarquer dans cet ouvrage un mignon plaidoyer pour la vieillesse. Déjà, la fameuse fée serait une vieille dame, qui, aux dires de jeunes témoins, transformerait la tête d’individus en magnifiques fleurs rouges. Plus prosaïquement, elle leur explose le crâne. Nos petits vieux semblent plus que choyés dans le quartier, leurs comportements erratiques et imprévisibles donnent de sévères maux de tête à la police qui s’efforce de savoir qui est derrière tout cela.
…à rapprocher de :
– De Pennac, Tigre a beaucoup lu, que ce soit le gros pavé Monsieur Malaussène ou le court texte Des chrétiens et des Maures.
– C’est marrant, mais les petites vieilles qui défouraillent à tout va me font penser à un des premiers James Bond, avec Sean Connery. En s’échappant en voiture, la gentille vieille dame qui auparavant lui avait ouvert le portail tient une énorme mitraillette entre ses mains et tire en direction de la caisse de 007.
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