Scénario nullissime ; scènes de cul déplorables ; dessin tout bonnement dégueulasse ; fautes d’orthographe à faire pleurer Ribéry en personne ; porno bas de gamme ; morale de l’histoire à chier. Et j’en passe. Oui : ce bouquin est génial. Pourvu qu’il reste dans les limbes de la littérature érotique. A lire au douzième degré.
Il était une fois…
A Boston, Martelli, anthropologue de son état, est en train de se faire correctement pomper lorsqu’une collègue vient lui apprendre que le docteur Barnett a laissé une lettre – en provenance de San Paolo de Recife. Ce dernier fait état d’étrangeté dans la jungle, avec des hommes blancs disposant de fabuleux pouvoirs. Ni une ni deux, Martelli, l’autre blondasse, Bart (un autre professeur de l’institut) et une photographe décident de partir à l’aventure pour retrouver ce bon vieux Barnett.
[honnêtement, on s’en branle gravement de l’histoire]
Critique de The Sex Visitors
Nom de Zeus, quel pied j’ai pris. Cela a beau être une des pires BDs jamais éditée que j’ai jamais tenue entre mes pognes (ouais, j’ai vérifié : y’a un code ISBN), toutefois il y une forme de génie dedans. Notamment l’aspect « rien à foutre » et libéré de ces quelques pages sans couleurs et grossièrement illustrées. Car le dessin est d’une vulgarité rutilante qui pourrait correspondre aux gribouillis laborieusement esquissés par un collégien en surcharge d’hormones qui veut imiter un Corto Maltese, mais termine lamentablement sur un trait gras à la Vuillemin – et sans avoir le temps de mettre des couleurs.
Tant qu’on parle de mineur, imaginez deux secondes votre petit neveu (celui qui a été fini à la pisse) à qui vous imposez une dictée. Voilà pour l’état de l’orthographe, une faute toutes les deux lignes. Sauf que ça passe. Mais cela n’est rien sans les improbables dialogues sortis de nulle part et d’une platitude déconcertante. Comme l’invite l’éditeur, lisez à voix haute quelques pages. Le résultat ? Un mauvais film de boules où le stagiaire de 3ème était chargé de la rédaction des dialogues, ces derniers ne pouvant être que déclamés par des doubleurs non déclarés et payés au pastis.
Quant à l’histoire, Tigre va faire simple : ça part en Amérique du Sud ; ça baise un petit coup (surtout la photographe, violée avec son consentement) ; le groupe remonte un fleuve sur des pirogues où Martelli se fait sucer ; ce dernier aperçoit une blonde dans la jungle et lui file le cul ; les autres se font endormir près d’un lac : et tout ce petit monde se réveille dans un vaisseau spatial plus ou moins enfoui où ils rencontrent une civilisation avancée (humaine, pas de xénosexe) qui cherche à reproduire l’espèce. Oui, il y a de tout.
Voilà, c’était l’objet littéraire what the fuck du Tigre. Une formidable (dans son sens premier) bande dessinée sans limite et sans prétention que, curieusement, je recommande à tous. Le genre de trucs à laisser dans ses WC pour faire fuir ses invités. Le type de littérature dont s’accorder le crédit suffirait, sans autre forme de procès, à diagnostiquer une tendance masochiste de type I. D’ailleurs les Éditions Flblb n’ont toujours pas reçu de réclamations des « vrais » auteurs. Ah les cons, s’ils savaient à quel point ils tenaient quelque chose.
Thèmes abordés (du moins selon Le Tigre)
Pas évident d’être sérieux sur The Sex Visitors. Déjà, le paradoxe de la bande dessinée érot…euh pornographique qui ne fait pas bander. Et le second degré est total : il y a une misogynie de bon aloi où les nanas ouvrent leurs chattes à la première seconde, se plaignent au début pour la forme et commentent (en direct) à quel point ça faire du bien. Un poil de racisme chez des protagonistes aussi brutaux qu’ils n’ont rien de scientifiques. Le lecteur aurait pu espérer une élévation du niveau avec les E.T. (forcément sages), toutefois au bout de quelques cases on s’aperçoit qu’il n’en est rien : la BD est sur le point de verser dans l’orgie intergalactique – à ce moment, les auteurs ont eu la bonne idée d’arrêter les frais.
A tout hasard, le félin a senti, outre la légère frustration sexuelle qui semble habiter Dave et son compère Cap.Willard, une aventure classique de l’Humanité : la recherche d’une sorte d’Atlantide, un éden naturel où l’harmonie entre la nature et la technologie (le vaisseau spatial en pleine Amazonie, putain…) va de pair avec un élan sexue…vital renouvelé. Faut dire que les êtres venus de l’espace sont tombés au bon endroit : entre l’übersexualité occidentale et les produits pris par les autochtones (la scène de l’esprit coatzcatl est à hurler de rire), y’a de quoi repeupler dix planètes.
Tout ça pour vous dire que, au-delà de la franche rigolade, j’ai eu un mal de chien à classer les visiteurs sexuels dans ma bibliothèque numérique. Est-ce une bande dessinée franco-belge ? En aucun cas, trop dégueu et cochon. Un comics ? Sûrement pas, y’a des limites à la bêtise américaine, souvent décevante. Un roman graphique ? Trop léger, sans compter l’absence de « graphisme ». En fait, c’est une sorte de manga underground couplé à une BD pulp de bas étage publiée dans les années 60.
…à rapprocher de :
Ne comptez pas sur moi pour vous donner des titres du même acabit. Pas même un Marc Levy. Ceci dit, les esprits joueurs pourront trouver de gros pompages littéraires ici et là. Pour l’instant, le félin pense à L’Amerzone, avec le détective Canardo qui, à partir de notes d’un éminent (hum) savant, part au fin fond de la jungle. Y’a un peu de Thorgal aussi. Voire un zeste de Canibal Holocaust.
Toutefois, il semble que l’éditeur continue de le vendre (en lien). Je les ai contactés pour pouvoir mettre des extraits de cette puissante daube, et figurez-vous qu’ils étaient ravis. Soit ils ont d’autres lecteur à martyriser, soit ils s’en foutent royalement, soit mon blog commence à se faire respecter – par ordre décroissant de probabilité.
L’éditeur a-t-il changé le texte de présentation de la BD sur son site depuis ce billet ? Il ne semble pas effectivement se prendre au sérieux : « Dessiné à la truelle, scénario complètement débile, poils au cul et veines sur des sexes démesurés, onomatopées d’un réalisme à couper le souffle, tout y est pour passer un bon moment à plusieurs »
La présentation n’a pas changé. Ils ont déniché cette bd aux puces, et l’ont rééditée à leur compte pour en faire profiter le bon peuple.
Ce « SBROOF » ne m’a guère émoustillé 😀
Ah oui, j’avais oublié les bruitages à côté de la plaque…
C’est exactement ce que j’allais poster. Le SBROOF est magnifique.