Le Tigre apprécie en vacances lire du de Vigan, avec son vocabulaire simple et vivant. Le genre qui prend aux tripes sans mobiliser l’ensemble des fonctions du cerveau. Hélas c’est raté sur cette œuvre, assez poussive et triviale. Pas de réel plaisir à lire, excusé en partie par la plume encore neuve de l’auteur.
Il était une fois…
Matthieu n’est pas à plaindre : la quarantaine bien tassée, une femme qu’il aime, deux enfants, un roman certes écrit tardivement mais à succès, la belle vie quoi. Jusqu’à ce qu’il reçoit une série de lettres d’une ancienne connaissance, amante de quelques mois. A partir de là une phase difficile commence, l’écriture sera-t-elle le salut espéré ?
Critique d’Un soir de décembre
Déception totale, j’annonce. Pas étonnant lorsque Le Tigre a récupéré ce livre comme un matou se verrait donner un reste de poisson passablement frais.
L’histoire aurait pu être bonne, hélas le suspense fait cruellement défaut. Les lettres de l’amante d’autrefois apportent certes un petit break, mais ne parviennent à élever le roman. Le Tigre a eu peur les cinquante premières pages de s’ennuyer sévèrement, heureusement la dépression en devenir du protagoniste rend l’œuvre intéressante. Pas assez néanmoins puisque les dernières pages laissent une impression d’inachevé, en plus de casser le rythme qui était auparavant correct.
A l’origine de la déception, le style de l’auteur. On aurait dit que de Vigan, en publiant son second roman, voulait à tout prix faire dans l’intense et le dramatique. Quitte à se répéter dans les grandes largeurs, en mitraillant les synonymes, les idées associées, les métaphores, etc. Un peu comme cette dernière phrase.
Le Tigre est peu habitué (ou a la flemme, au choix) à délivrer des passages d’un roman, mais il y a des phrases que je ne peux laisser passer tellement celles-ci illustrent le problème. Par exemple ce début de chapitre :
La nuit est silencieuse. Elle se pose sur les meubles, glisse sur les tapis, elle s’infiltre sous les portes et remplit l’air d’une torpeur moite.
Par défi, ou curiosité, si vous le voyez dans les rayons, prenez une page au hasard et lisez la malheureuse prose. Presque la collection rose d’un éditeur dont je tairai le nom. Vous pouvez donc passer votre chemin sur cet ouvrage, et en découvrir d’autres de Delphine.
Thèmes abordés (du moins selon Le Tigre)
La dépression. Si dans le roman suivant, Les heures souterraines, de Vigan décrit le mal-être chez une femme, reconnaissons que le thème de la dépression chez un homme est difficile à trouver en littérature (celle du Tigre en tout cas). L’élément déclencheur, l’atonie, les heures qui passent on ne sait comment, les douze heures de sommeil qui ne suffisent plus, la perte de l’élan vital, le lecteur a un bref aperçu du problème. Hélas ce n’est pas assez, jamais le protagoniste ne touchera le fond dans le roman.
L’écriture comme thérapie. Le sujet du roman, outre la résurrection d’une ancienne aventure qui va caviarder le moral du héros, est la façon dont celui-ci va chercher à s’en délivrer. Extériorisant ses sentiments, de manière maladroite mais intense, par le biais de l’écriture d’un nouveau roman, voici la solution proposée. Si ce n’est pas du journal intime (allez donc lire Diary de Palahniuk by the way), alors je donne ma langue au Tigre. Néanmoins plus il écrit, plus il délaisse les autres fonctions vitales telles qu’aimer, se nourrir, ou s’occuper de sa famille
Les premiers romans d’un auteur. Amélie Nothomb, Tristan Egolf, Boston Teran, Bernard Werber, Haruki Murakami,…autant d’écrivains qui ont frappé un grand coup avec leur première (et les suivantes) œuvre. Parfois la suite est décevante tellement le premier (quand ce n’est pas le seul) pavé a fait l’effet d’une bombe par son style ou son histoire. De Vigan ne fait pas partie de cette race, sans que ça soit une critique. Heureusement que l’éditeur est plus patient que le lecteur, car je n’aurai peut-être pas osé acheter d’autres livres d’elle (très bons parfois) après avoir lu celui-ci.
…à rapprocher de :
– Autant lire tout de suite Les heures souterraines, bien meilleur car sans doute écriture plus mature. Quant à No et moi, passable.
– Journal intime, de Palahniuk, puisque j’en parlais rapidement.
– L’amour-passion sans raisons apparentes, l’abandon soudain, puis la douleur de la séparation, lisez plutôt Tours et détours de la vilaine fille de Llosa.
Enfin, si votre librairie est fermée, vous pouvez ici trouver ce roman via Amazon.
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