Un roman qui tient de la nouvelle, une histoire qui se révèle très originale, c’est correct. Un écrivain fuyant les vicissitudes de la capitale française débarque dans un DOM-TOM et sera en proie un un type d’escroc bien particulier. Début un poil longuet pour moi, c’est sur la fin qu’on prend la mesure de l’ampleur du texte. Sans doute le meilleur Didier Daeninckx lu par Le Tigre.
Il était une fois…
En 1945, en Nouvelle-Calédonie, les Américains quittent l’île après avoir combattu le Japon. Et laissent les habitants à leurs tensions ethniques. Même année, un célèbre écrivain qui a envie de se poser loin de Paris débarque sur la place. René Trager, c’est son nom, va produire son petit effet sur Viviane, jeune femme ayant pour père un riche propriétaire terrien. La relation qui s’ébauche ne plaira pas à tout le monde, sans compter un meurtre qui va mettre en émoi la communauté.
Critique de Je tue il…
Lu et même relu, Je tue il… est un court texte (moins de 100 pages sans postfaces) qui n’a pas sans pareil dans la littérature française. L’idée originale n’a peut-être pas été traitée de manière optimale, toutefois le style de l’auteur nous plonge dans un univers assez neutre et atemporel (malgré l’unité de lieu et de temps).
Concernant le scénario, la venue d’un éminent auteur en pleine crise sociétale ne m’a pas plus passionné que ça. Quant au meurtre du bibliothécaire, ça bouge certes un peu mais ce n’est pas encore la fête au village littéraire. Heureusement que tout cela se lit avec un certain détachement, en outre l’aération générale du textes (chapitres courts) aide à lire en diagonale.
Bien sûr il y a l’histoire de Viviane, la belle « emprisonnée » dans les archaïsmes de son milieu, et qui grâce au beau dandy fraîchement débarqué va élargir ses horizons. Et cela à l’encontre de la volonté paternelle, si ce n’est pas du Jane Austen ça… Pas vraiment le paradis avec son mari René (désolé Le Tigre se devait de placer cette blague foireuse), la jeune femme étant rapidement livrée à elle-même puisque son époux est venu dans son île pour n’y rien foutre.
Sinon, cet ouvrage devient réellement intéressant, à mon sens, sur la fin (cf. infra). Et ce surtout grâce aux postfaces présentes. Notamment la dernière qui relate la raison de l’écriture d’un tel texte. Daeninckx nous parle d’exemples « d’emprunts d’identité », et comment la chose lui est même arrivée. Au final, eu égard la taille du roman, ce n’est pas un gros risque de se le procurer.
Thèmes abordés (du moins selon Le Tigre)
Le thème qui m’a marqué est celui du vol d’identité. Je ne vous en dirai pas plus afin de ne gâcher aucun plaisir. Juste signaler qu’à la fin du texte on apprend qu’un malin s’est amusé, à plusieurs reprises, à faire des apparitions sous le nom de l’écrivain français. Petites conférences, dédicaces d’ouvrages, tout c’est parfaitement bien déroulé si ce n’est que…l’individu est inconnu.
A ce titre, un dernier thème découlant du premier (et bien plus personnel). Je tue il a le mérite de donner des idées loufoques (et encore). Particulièrement celle que j’avais rapidement développée dans un autre billet (cf. infra) : se faire rapidement passer pour l’auteur qu’est en train de lire un voisin pour l’aborder. Hélas, au temps du tout-numérique, si la personne a un mobile, celle-ci peut rapidement vous percer à jour. A faire dans les zones dépourvues de réseau donc.
…à rapprocher de :
– De cet auteur, Galadio est resté une bonne surprise.
– Pour la petite blague, et concernant le vol d’identité, il y a cet extrêmement mauvais titre de Nothomb : Le Fait du prince.
– Sur un individu qui influence un autre, provenant d’une haute origine sociale, il y a l’histoire du professeur de chant et de son élève, fils d’un cadre dirigeant d’une grande boîte indienne. C’est Les Immortels, d’Amit Chaudhuri.
– Sur le vol d’identité, pas d’idées pour l »instant. A part un Sutra sur les manières de draguer dans le métro.
Enfin, si votre librairie est fermée, vous pouvez trouver ce roman en ligne ici.
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