VO : The Winter of Frankie Machine [au moins la traduction reste fidèle]. Don Winslow est un auteur aimé du Tigre, et ce titre en est la principale raison. Un ancien malfrat qui coule des jours heureux obligé de se replonger dans le bain de son passé, c’est sombre, réaliste et très bien rythmé. Quasiment rien à reprocher, assez rare.
Il était une fois…
Frank Machianno, 65 berges bien sonnées, coule une retraite paisible : il tient une boutique d’appâts dans San Diego, et comme son commerce est près de la plage il en profite pour surfer le plus possible. Retraité, car Frankie Machine (son surnom à l’époque) était l’homme de main le plus efficace de la mafia californienne. Rien de moins. Hélas nul ne peut, dans ce type de métier, vraiment échapper à son passé. Aussi, lorsqu’on déterre un vieux dossier le concernant, il est sur la blacklist (entendez, la mafia veut le voir six pieds sous terre) des criminels et activement recherché par le FBI. Mais pourquoi donc ?
Critique de L’hiver de Frankie Machine
Un petit régal, il y a (si ce n’est pas déjà fait) de quoi faire un excellent film à partir de ce roman. Le héros, divorcé et père d’une fille de vingt ans, vivant tranquillement avec une femme (sa maîtresse), est surprenant et c’est avec plaisir qu’on le suivra sur un demi millier de pages.
Si la fuite du héros est le fil d’Ariane de ce titre, Don Winslow nous offre en parallèle de multiples flashbacks de sa précédente vie au service du syndicat du crime, comme pour se remémorer les évènements susceptibles d’expliquer le foutoir présent. Le tout donne une cohérence appréciable, sans compter que le style de Winslow, non content d’être correct, verse dans la précision. On sent bien que l’écrivain, qui a exercé les métiers de détective privé ou de metteur en scène, sait de quoi il parle et le rend avec un certain rythme.
A l’instar d’un Nick Tosches, le nombre de protagonistes est assez élevé. Si vous rajoutez les nombreux retours en arrière de la vie de Frankie, il n’est pas impossible d’être parfois perdu. Heureusement le suspense bien dosé et les péripéties haletantes pourront faire oublier la taille du roman. Un must à recommander en somme.
Thèmes abordés (du moins selon Le Tigre)
La vie d’un truand. Qui dit flashbacks dit descriptions de certaines missions du tueur à gages : préparation, exécution, effacement des preuves,…pour un quotidien certes sanglant mais fait de précautions multiples et de routine. Ainsi, dès que le vieux Machine est traqué de partout, ses réflexes prennent le dessus et le « pas si vieux que ça » donne du fil à retordre à ses poursuivants.
Outre le cv du tueur, c’est un certain tableau de la criminalité à l’américaine que nous narre Don. Il y a des passages entiers fascinants sur l’évolution des familles mafieuses de l’Ouest, leur principes de l’honneur plus ou moins prégnants selon les cas, les luttes de pouvoir entre chefs, les systèmes de « pompes à fric » utilisés à L.A., et même les implications politiques de la criminalité organisée. Instructif.
…à rapprocher de :
– A contre-courant du grand toboggan, autre polar de cet auteur. Pas mal également.
– Sur les combines en tout genre de la mafia U.S., il y a Le Casse, BD avec le héros Parker.
– Le héros vieillissant, c’est aussi Jack Reacher (ancien MP) de Lee Child. Par exemple, Elle savait (pas mal du tout).
– Je parlais de Nick Tosches, et pensait particulièrement à Trinités. Attention, c’est plus long et « contemplatif » si j’ose dire.
Pour finir, si votre librairie est fermée, vous pouvez trouver ce roman en ligne ici.
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