VO : In God’s Country : Travels in the Bible Belt, USA. Douglas Kennedy quitte ses habits de romancier pour enfiler (hum) ceux de journaliste. Voyage édifiant au sud des États-Unis, dans la fameuse « Bible belt », le lecteur rencontrera les acteurs du néo évangélisme américain dans ce qu’il est de plus excessif. Ennuyeux parfois, mais toujours instructif.
De quoi parle Au pays de Dieu, et comment ?
Doug, écrivain pour mamans par excellence, ne semble avoir écrit que des trucs douteux (du moins aux titres passables) que je n’ai jamais réussi à lire. C’est certes méchant, mais ce n’est vraiment pas ma came. Sauf Cul-de-sac bien sûr.
Et ce documentaire également. Exit le romancier à succès, bienvenu au voyageur journaliste qui visite, pour nous, le cœur de l’Amérique qu’on nomme facilement « profonde » (c’est pas le Midwest non plus). La Bible belt, ou ceinture de la Bible (en référence à la Corn Belt ou encore Sun Belt, si vous vous souvenez correctement de vos cours de géographie), décrite son sans susciter un certain amusement chez le lecteur (bon public) qui découvrira des personnages hauts en couleur et gravement dévots.
Hélas le style de l’auteur ne déplace pas des montagnes. 340 pages avec peu d’humour, juste quelques situations cocasses. Rien à voir avec Le festival de la couille de Palahniuk, plutôt un récit de voyage parfois morne. Si vous achetez ce truc parce que c’est Kennedy, le désenchantement ne sera jamais loin. Pour ma part je l’ai lu en quatrième vitesse, sinon j’aurai vite abandonné.
Kennedy a été brièvement un journaleux, et ça a été pondu en 1989 ce truc. Donc gardez à l’esprit que de l’eau est passée sous les ponts depuis. Un océan ai-je envie de dire, le jeunot à l’époque faisait ses armes. Toutefois les individus rencontrés restent assez contemporains et le style plutôt fluide. Et il vaut mieux un Américain pour raconter son pays, pas de caricatures comme un très amidonné BHL les produirait en série.
En conclusion, pas exceptionnel comme docu, mais Le Tigre tient à saluer l’exercice de l’auteur (avait-il son tiers payant à régler pour se lancer dans cette aventure ?). Faire un tel ouvrage rapprocha Doug du Tigre, peu enclin à lire ses romans « habituels ».
Ce que Le Tigre a retenu
Vous aurez compris que la prose de l’auteur fait qu’on oublie vite ce qui a été lu. Si on rajoute le fait qu’il traîne depuis longtemps dans la bibliothèque du Tigre, alors je ne m’étalerai pas longtemps.
Ce dont je me souviens spécialement, c’est l’immense énergie déployée par tous ces dévots. Mince, on rencontre de tout, et quelle pêche ! Le prêcheur télévisuel survolté, les meetings religieux avec des milliers de personnes sous le charme (sans qu’on sache d’où elles viennent), les campagnes de publicité dignes d’un fabriquant de jouet en plein mois de décembre, etc. Et oui, tout ce petit monde fait montre d’un prosélytisme ahurissant. Entre un islamiste intransigeant et certaines personnes croisées, pas vraiment de différence.
Par rapport à tout ce délire, c’est le comportement de Kennedy qui est irréprochable (en tant que journaliste). L’écrivain livre ce qu’il voit et entend, sans aucun jugement de sa part. Par conséquent, les faits bruts sont donnés sans le petit plus marrant qu’on pourrait lire, quitte à rendre l’essai un peu chiant sur les bords. Ni recueil d’articles tirés d’un tabloïd sur le déclin, ni Pullitzer non plus.
…à rapprocher de :
– De Douglas Kennedy, Le Tigre a aussi lu Cul-de-sac, qui n’est pas mal du tout.
– L’Amérique inconnue, parfois profonde, toujours surprenante, c’est Le festival de la couille de Palahniuk. Period.
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