VO : Tyrannosaur Canyon. Carnet de notes à déchiffrer, plein de vilains agents gouvernementaux à la gâchette facile, mystérieux spécimen préhistorique aux propriétés surprenantes, Preston dose tout ceci avec une facilité déconcertante. Thriller scientifique avec une bonne dose d’action (un peu trop hollywoodienne sur les bords, genre hélicos + explosions), cet ouvrage se laisse dévorer.
Il était une fois…
Tom Broadbent se fait une petite balade dans le désert du Nouveau-Mexique lorsqu’il tombe sur un mec agonisant qui lui remet un carnet. Tom commet alors l’erreur classique (péché de curiosité) qui consiste à garder le document et à chercher de quoi il retourne. Or, les informations contenues dans le carnet intéressent beaucoup de monde, notamment la NSA (plus vilaine que jamais) ou un paléontologue peu scrupuleux.
Critique de T-Rex
Le Tigre connaît surtout Douglas Preston pour ses impressionnants romans écrits à quatre mains avec son compère Lincoln Child. Et avec le seul Doug aux manettes le résultat est peu ou prou le même, cependant ne comptez pas sur moi pour faire une analyse comparée. Bref, encore un joli pavé (un demi millier de pages) découpé en un nombre incalculable de chapitres, encore plus de paragraphes et suffisamment de dialogues pour lire chaque page en moins de 20 secondes. Si au bout de 10 jours vous ne l’avez pas terminé, posez-vous donc des questions.
Le roman commence par la disparition d’échantillons de roches prélevés sur la lune au début des années 70 – prologue qui aura son importance. Retour au présent avec Tom Broadbent, héros presque normal qui a tout pour lui et se retrouve embarqué dans une histoire qui le dépasse. Broadbent fait rapidement appel à un ancien de la CIA retiré dans un monastère (le gus a vécu de terribles choses dans le passé) qui va lui donner la première clé de l’énigme – n’en dirai pas plus. Ainsi, nos compères vont trouver le fameux trésor pour lequel un homme est déjà mort – l’image de couverture et le titre donnent un léger indice sur ce que c’est…
A partir de là, tout s’accélère pour notre plus grand plaisir avec deux histoires se télescopant : Broadbent continue ses recherches et, par la même occasion, met sa femme en danger puisque le tueur la prend en otage pour récupérer le carnet. Parallèlement, un échantillon de la « chose » récupéré par l’assassin est envoyée à son commanditaire qui entreprend de l’analyser – du moins il laisse faire une de ses assistantes. Ce qu’elle découvre dépasse l’entendement, forcément ça parvient aux oreilles de la NSA qui se met en mode « chercher/trouver/supprimer-témoins ».
Ne vous inquiétez donc pas : malgré la délicate position de nos héros (dont la laborantine), chacun s’en tire indemne (les ficelles sont parfois grosses, dans la réalité il en serait autrement) pour un happy ending qui laisse de quoi rédiger un bon roman de SF. Dernière chose : le félin vous conseille de ne pas lire le 4ème de couverture (du moins celui de mon édition), mélange particulièrement réussi d’informations inexactes et de spoil pleinement assumé.
Thèmes abordés (du moins selon Le Tigre)
Si vous n’êtes pas trop calé question préhistoire, T-Rex aura l’avantage de vous remettre rapidement à jour. Car Doug’ P. parvient à distiller, l’air de rien, ses larges connaissances dignes d’un paléontologue grâce à un héros bien placé pour déblatérer sur cette période de l’histoire de la Terre. Méthode de datations, analyse du squelette des dinosaures, mais également conséquences scientifiques (et économiques) des découvertes dans ce domaine, vous pourrez briller en soirée.
Néanmoins, si les derniers chapitres basculent dans quelque chose de plus « fantastique », j’avoue avoir refermé le bouquin en ayant une terrible dalle, celle qui donne envie de torturer l’auteur pour qu’il rédige une suite : [attention SPOIL] Ce qui fait particulièrement paniquer les protagonistes (la NSA en perd les pédales) est la présence, sur le dinosaure, d’organismes provenant de Vénus [ricanez pas, ce n’est pas fini]. Et ces cellules extra-terrestres sont encore en vie [une dernière révélation pour la route ?]. Et semblent agir contre les cellules des reptiles. Donc la théorie finale qui valait bien toute la peine endurée par nos héros est la suivante : et si une lointaine civilisation avait envoyé ce bouillon de culture sur la Terre pour tuer les grosses bêtes pour laisser une autre espèce (nous, par exemple) s’épanouir ? [fin SPOIL].
Outre l’aspect thriller bourrin avec des retournements de situations à faire tousser n’importe quel agent double, j’ai été assez surpris par un des antagonistes, à savoir le responsable du muséum. Le vil Iain Corvus (« Iain », c’est son prénom) est un petit salaud de première qui ne recherche que les tunes et la gloire pour son institution, quitte à oublier toute bienséance – vol des recherches de ses collaborateurs ou embauche d’un tueur à gages. Bref, encore une vénérable institution se comporte comme une organisation criminelle sous couvert du développement de la science. Venant de la part d’un auteur qui y a bossé, je trouve le clin d’œil osé.
…à rapprocher de :
– Comme on le devine, Preston est à l’aise dans l’environnement paléontologique, ayant été rédacteur dans le fameux Muséum de Washington. Il a d’ailleurs écrit un essai sur ce dernier : Des dinosaures au grenier : une excursion dans le Muséum d’histoire naturelle.
– L’écrivain américain a d’abord écrit le roman Le Codex, avec le même protagoniste principal – ne pas le lire avant T-Rex ne pose pas de problème particulier.
– La fin qui ouvre des perspectives me rappelle celle de Ice Limit, petit bijou de techno-thriller écrit avec Lee Child.
Enfin, si votre librairie est fermée, vous pouvez trouver ce roman en ligne ici.
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