[Sous-titre : L’Éveil de l’Oméga] Un jeune garçon mal engagé dans la vie (du genre à voler les pharmacies pour arrêter d’entendre des voix dans sa tête) se voit offrir une dernière chance par un institut regroupant des êtres aux très paranormaux pouvoirs. Bien sûr tout va partir en quenouille. Sorte de X-men à la sauce Star, la lecture fut globalement satisfaisante.
Il était une fois…
Il existe 3 sortes de personnes en ce bas monde : les « normaux » (sans pouvoir particulier : vous, moi, ma prof de yoga) ; les « latents », dont la puissance peut un jour se révéler ; et les « activés » (mon chat par exemple), ou « psiotiques », qui jouissent d’exceptionnelles facultés. C’est le cas de Peter Stanchek, adolescent vagabond (avec son ami Joe) capable de lire dans les esprits et infiltrer ceux des autres. Son existence chaotique saura-t-elle se stabiliser grâce à une puissante fondation composée de gens comme lui ?
Critique de L’Éveil de l’Oméga
C’est marrant, le quatrième de couv’ annonce qu’il s’agit d’une série « unanimement saluée par la critique outre-atlantique ». Faut pas exagérer non plus, celle-ci n’a pas envoyé le félin au nirvana des félicités bédesques. Néanmoins, il y a de très belles idées, visuellement bien mises en œuvre, à l’instar du fameux moine-qui-saigne qui met en garde un des protagonistes contre le grave danger que fait courir Peter à l’Humanité – rien de moins.
Qu’est-ce que peut bien avoir ce Peter ? On commence doucement les présentations par des capacités télépathiques. Sauf qu’il a d’autres aptitudes qui ne demandent qu’à être exploitées. C’est l’idée sous-jacente de Toyo Harada, psiotique également et à la tête d’une énoooorme multinationale dont une activité consiste à recueillir ses semblables au sein d’une école. Donc Toyo prend contact directement (entendez : directos dans son esprit) afin de lui proposer de rejoindre la fondation Harbinger où il pourra en apprendre plus sur son esprit.
Sauf que ça ne se passe pas tout à fait comme escompté. Il faut convenir que Peter a un problème d’autorité, ça se frite correctement avec ses camarades – voire même les professeurs à qui il a un certain mal à accorder sa confiance. La coupe sera pleine dès lors que le protagoniste découvrira 1/ les raisons cachées de sa venue dans l’école Harbinger (et ce que cette dernière est prête à faire pour le maintenir…) et 2/ à quel point ses pouvoirs dépassent ceux des autres.
S’agissant des illustrations, il y a cet aspect « propret » à base de traitement d’images assisté par ordinateur et de couleurs franches qui ne sont pas pour déplaire au Tigre. Du moderne avec un agencement des cases confortable et un ratio texte/images pas trop lourd. En revanche…les personnages…pfioouuu… Mis à part les flasbacks dorés de la prime jeunesse de Peter (qui sont d’une rare puissance) et certains décors, j’ai profondément regretté la manière dont Khari Evans, Lewis LaRosa et consorts ont tristement esquissé les individus – surtout les visages, brutaux et finalement fort antipathiques.
Harbinger est donc mitigé, mais l’introduction réussie et les dernières pages annonçant une immanquable montée en puissance caractérisent le genre de premier tome d’une série qui mérite d’être poursuivie. A condition que l’aspect « teenagers surpuissants avec des yeux lumineux » ne vous rebute pas.
Thèmes abordés (du moins selon Le Tigre)
L’Éveil de l’Oméga. Deux mots, deux thèmes ! Faut pas chercher midi à quatorze heures :
L’éveil, c’est évidemment la réalisation personnelle. La prise de conscience de sa pleine potentialité, l’adolescent qui tel une chenille se mue en un élégant papillon laissant derrière lui ses problèmes terre à terre – tant qu’à basculer dans les clichés les plus éhontés… Car Peter a ses capacités en lui, et seule une bonne éducation à la sauce harbinger permet de faire exploser son potentiel, voire celui des autres. Tel un Bouddha du futur, Peter tentera même d’éveiller autrui, à l’image de Faith, petite ado boulotte sympathique qui se verra pousser des ailes. (Hélas, ce dernier personnage assez salement dessiné et à la personnalité fadasse n’est pas ce qui se trouve de plus pertinent dans la BD).
L’Oméga renvoie à la notion biblique à laquelle est attachée l’alpha. C’est-à-dire que Peter représente, littéralement, la fin. Et les visions régulièrement mises à jour du Moine-qui-saigne ne trompent pas : notre héros est le grand destructeur, qui est amené à porter un bordel monstre à l’Humanité. Quand on voit avec quelle déconcertante facilité Peter fait la nique aux autres pensionnaires de l’institution (pourtant très doués), il n’est pas difficile d’imaginer le héros en cavalier solitaire de l’Apocalypse apte à faire passer quelques passages fâcheux du nouveau testament pour une cordiale garden-party de l’Élysée.
A toutes fins utiles, le félin gardera de s’épancher sur la problématique de l’utilisation de ses dons, et de la légitimité à s’en servir à des buts égoïstes – faire en sorte qu’une nana tombe amoureux de vous, ça se termine toujours mal.
…à rapprocher de :
Dans la catégorie comics-avec-école-de-surdoués, le félin pense illico à The Umbrella Academy, de Way et Bà.
– Avec des personnages dotés d’intenses pouvoirs psychiques, y’a la trilogie du Cycle des pouvoirs de John Farris qui se laisse correctement lire.
C’est tout pour l’instant.
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