VO : Jossel Wassermanns Heimkehr. Le Tigre a souhaité depuis longtemps lire Hilsenrath, grand auteur germanique à ce qu’il paraît. Prenons donc un de ses romans, pas trop long de préférence, et voyons ce qui se passe. Mille fois hélas, Le Tigre a l’impression d’avoir pris le mauvais : ouvrage intelligent, malheureusement impression de lecture plus que poussive. Malgré l’effort de synthèse de certains, la narration reste bizarre mais peut plaire à certains.
Il était une fois…
Été 1939, à Zurich, un riche fabricant de pain azyme fait son testament. Outre sa fortune, Jossel Wassermann lègue l’histoire de sa famille et de son village natal, Pohodna, aux en plein Empire austro-hongrois. A travers le long discours du vieil homme, c’est le petit monde juif d’Europe centrale qui reprend vie, du début du 20ème siècle jusqu’à l’holocauste.
Critique du retour au pays de Jossel Wassermann
Voilà un livre que j’ai trouvé abscons, et ce à cause des références et les détails des histoires ne manquent pas. Autant le dire tout de suite, je n’ai pas vraiment aimé. J’ai même eu de sérieuses périodes d’ennui, et heureusement que le roman ne va pas au-delà de 300 pages sinon celui-ci entrerait dans la catégorie « non terminé ».
Jossel W., c’est un vieux juif européen qui a vécu beaucoup de choses. Il profite de la présence de congénères sur le toit d’un train les menant vers un camp nazi pour raconter son histoire, qui est plus ou moins romancée. Si le texte n’est pas aisé à suivre, c’est aussi que le nombre de flashbacks et autres retours sur un élément ou point précis de l’histoire de certains personnages sont légion. Dans l’esprit du lecteur tout peut devenir rapidement embrouillé, au point de ne plus savoir où on est ou de qui on parle.
Au moins les personnages décrits par le vieux Jossel ont leurs attraits : porteurs d’eau, marieuse, feignants, rabbin, tout ce petit monde offre des histoires cocasses et à l’humour assez fin pour l’époque. Si on retrouve l’humour un peu désabusé, voire cynique propre aux adeptes du Talmud, et le contraste avec les conditions du récit sont dures : Jossel n’arrête pas de parler, il semble qu’il pourrait continuer des jours et des jours, il retarde toujours le dénouement, comme pour retarder la terrible fin du voyage sur (et pas dans) ce train.
Ouvrage à éviter, sauf pour étudier l’holocauste ou l’histoire de ce peuple dans un but particulier. Si vous voulez absolument le lire faites le en moins d’une semaine, tant ça part vite dans tous les sens.
Thèmes abordés (du moins selon Le Tigre)
Le peuple juif à travers les âges. Hilsenrath est le seul auteur connu du Tigre (pour l’instant) qui a écrit sur les Juifs sous l’empire austro-hongrois avant son éclatement. La dureté, déjà, des conditions de vie, la méfiance d’autres groupes ethniques, tout cela est fort éclairant. Le rare bon passage du roman est d’ailleurs la visite de l’empereur dans le petit village et son arrêt à la petite auberge d’un des protagonistes, où sa majesté manque de s’étouffer à cause du poisson. In extremis sauvé par une petite vieille (comme le tableau de la couverture du roman le montre), sa reconnaissance laisserai un court répis à la population.
La narration d’une histoire et la transmission orale au sein d’un peuple. Le roman se rapproche de la retranscription orale d’un long conte, et reconnaissons qu’Hilsenrath est très doué dans ce domaine. Le vieux Jossel a tellement de choses à raconter, il en est à repousser le sujet principal de l’héritage qu’il doit exposer. Un vrai ergoteur, à l’instar d’un comique qui prend son temps avant la chute finale de sa blague, prolongeant certains passages, ayant abandonné depuis longtemps la narration linéaire. Tout n’est prétexte qu’à parler des autres, du peuple juif dans ce petit village, de l’empereur, et ce peut-être pour éviter le silence, l’horrible désolation qui entoure le petit groupe qui sera mené à une mort certaine. 300 pages, si c’est trop long pour le lecteur, c’est néanmoins bien bref pour les protagonistes.
…à rapprocher de :
– Les personnages plus vrais que nature du roman, gros travailleurs et pittoresques, tout cela mâtiné d’un ennui certain, me font penser à certains gros pavés de Zola. A force de description, on se fait une bonne image des lieux.
Pour finir, si votre librairie est fermée, vous pouvez trouver ce roman via Amazon ici.
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