VO : idem. Punisher #7-12. Lorsque l’impitoyable Punisher décide de s’intéresser aux luttes entre gangs irlandais, il y a de quoi souhaiter ne pas être à la place des rouquins. La cuisine irish à la sauce bombes/torture servie par une intrigue dense et des illustrations perfectibles, il y a de quoi être plutôt satisfait – même si j’ai lu mieux.
Il était une fois…
Frank Castle prend un petit café, tranquilou, dans un bar irlandais dans le quartier de Hell’s Kitchen, en plein New-York. Pile à ce moment, comme par magie, une bombe explose dans ce pub précisément, et notre héros s’en tire un peu groggy. De là, il n’est que vengeance. Aidé d’un agent venu de Londres et d’un flic local, le Punisher va déposer son parpaing de sel dans ce qui ressemble bien à une guerre entre gangs irlandais. Mais pourquoi sont-ils si méchants ?
Critique de The Punisher : Kitchen irish
Marvel, dans le cadre de sa collection « Max », a eu l’ingénieuse idée de repenser ce bon vieux Frank Castle dans un univers un peu plus actuel, et il faut convenir que les débuts sont grandement prometteurs. Ici, place à l’IRA, les Irlandais furax et un héros qui ne l’est pas moins. Tout ceci pour un résultat sanglant qui n’est pas dénué de rythme.
Garth Ennis, au scénario, a pensé une intrigue virevoltante et, au grand regret du Tigre, excessivement complexe pour le fin mot de l’histoire. Tout commence donc par cette violente explosion, avec les visions d’horreur que cela peut procurer (les illustrations ne cachant rien). Très vite, il appert que la signature de cet acte odieux vient de Finn Cooley, individu habitué de la chose (son visage déglingué le prouve) qui tire la bourre à d’autres groupes en culottes courtes.
Bref, il n’y a pas moins de trois gangs, chacun avec des méthodes discutables (notamment l’envoi de « pièces détachées » humaines à ses ennemis) à qui le Punisher va donner une correction. Il est d’ailleurs largement aidé par un Anglais ayant participé au conflit nord-irlandais en Europe – ce dernier n’hésitant pas à appuyer là où ça fait mal.
Si le déroulement des péripéties n’appelle pas de commentaire particulier (fluidité et crédibilité à peu près correctes), les illustrations de Leandro Fernandez ne font pas partie de mes préférées. Certes le héros a encore la gueule de l’emploi et les scènes de combats/explosions sont réjouissantes à souhait, mais il y a à mon sens deux soucis : 1/ l’environnement et les couleurs trop sombres (le jeu d’ombres, ça va bien deux secondes) et 2/ la gueule des personnages, trop lisse comme s’ils sortaient du moule.
Si les menus défauts dus à Fernandez ne sont pas bien méchants, force est de constater que cela rend la lecture moins aisée, et après les premiers opus il y a comme un petit goût d’imperfection – sans doute la marque des grandes séries.
Thèmes abordés (du moins selon Le Tigre)
Ce qui m’a marqué est la manière dont est dépeinte une telle guerre sale. Déjà, les pertes collatérales sont terribles, il n’y a qu’à voir le nombre de clampins de base, ou certains individus complaisants (qui n’auraient certainement pas signé pour un conflit total) qui avalent leurs bulletins de naissances. Terrifiant. Ensuite, l’illustrateur ne lésine pas sur les détails des carnages provoqués. Âmes sensibles s’abstenir. Enfin, il y a la mini-histoire de Napper, rappelé sur le front à son insu par un fou dingue. La spécialisation de Napper est le déchiquetage méthodique de ses victimes, toujours vivantes. Non seulement il est contraint à exercer son art par un chantage sur son gosse, mais en plus il le fait sur des personnes qui ne méritent pas tant.
En fait, Ennis a su souligner l’iniquité du conflit nord-irlandais qui, poussé dans ses retranchements, s’exporte aux États-Unis sous sa forme la plus vile : il ne s’agit que d’une banale lutte de criminels un peu cons (et je reste poli) qui se chamaillent pour un foutu trésor. Et c’est doublement tragique : incapables de s’entendre et se mettre d’accord et se serrer les coudes face à de plus grandes menaces, nos Irish couillons se font somptueusement avoir par feu Pops Nesbitt, un patriarche à la main lourde qui leur aurait laissé un héritage. Donnez trois morceaux de clés à une trilogie de clans dirigés par des idiots ou des fous (notamment Maginty, le rasta irlandais), ils resteront incapables d’ouvrir ensemble un coffre.
…à rapprocher de :
– Il faut savoir que Marvel a repris les aventures de Punisher, avec Born et Au commencement, qui sont dans une mini intégrale sur ce blog. Ensuite, il y a Mère Russie, qui envoie du très lourd. Et la série MAX est loin de se terminer…
– On revoit rapidement le Punisher dans le second tome (lien) des aventures de Daredevil, de Frank Miller.
– L’excellent Garth Ennis est aussi au scénario avec Dillon au dessin, dans Preacher : Livre 1, Livre 2 (lien aussi), Livre 2 (ici), etc.
– Le carnage dans le bar à cause du conflit nord-irlandais me rappelle furieusement l’intensité d’une scène de Bienvenue au club, de Jonathan Coe. A lire absolument.
Enfin, si votre librairie est fermée, vous pouvez trouver ce comics en ligne ici.
Ping : Ennis & Dillon – Preacher Livre 3 | Quand Le Tigre Lit
Ping : Ennis & Dillon – Preacher Livre 2 | Quand Le Tigre Lit
Ping : Ennis & Dillon – Preacher Livre 1 | Quand Le Tigre Lit
Ping : Frank Miller – Daredevil Tome 2 | Quand Le Tigre Lit
Pas de doute le Punisher à plus la classe que le gugusse en collant vert qui joue de l’arc !
Ping : Ennis & Braithwaite – The Punisher : Mère Russie | Quand Le Tigre Lit
Ping : Ennis & Robertson & Larosa – The Punisher : Au Commencement | Quand Le Tigre Lit