Poursuivant son fameux « cycle de l’invisible », le père Schmitt nous convie au Japon avec un jeune homme qui va devenir un grand sumo malgré son gabarit de geek. Genre de roman qui peut se lire en une petite demie-heure, Tigre a hésité entre être soufflé par tant d’audace (faire court et bon) et crier au scandale, puisque c’est presque de la guimauve consensuelle.
Il était une fois…
Hop, encore un copier-coller de la présentation du roman par l’éditeur. Pour un roman d’à peine 100 pages extrêmement bien aérées : je ne vais pas me gêner :
« Sauvage, révolté, Jun promène ses quinze ans dans les rues de Tokyo, loin d’une famille dont il refuse de parler. Sa rencontre avec un maître du sumo, qui décèle un « gros » en lui malgré son physique efflanqué, l’entraîne dans la pratique du plus mystérieux des arts martiaux. Avec lui, Jun découvre le monde insoupçonné de la force, de l’intelligence et de l’acceptation de soi. Mais comment atteindre le zen lorsque l’on n’est que douleur et violence ? Comment devenir sumo quand on ne peut pas grossir ? Derrière les nuages, il y a toujours un ciel… »
Critique du Sumo qui ne pouvait pas grossir
Si Le Tigre a attribué une note relativement négative à ce roman, c’est que j’ai eu le sentiment que l’écrivain français s’était un peu foutu de ma gueule : presque deux pages entre les chapitres très couts, style minimaliste, pour plus de 10 euros je l’ai eu mauvaise. En sus, l’environnement qu’il développe est fort pauvre. Alors certes cela permet de faire travailler l’imagination du lecteur, mais le risque, énorme, est de combler les trous avec nos stéréotypes (et y trouver son compte).
Quant au mignon scénario, le lecteur porté sur le zen sera profondément déçu. Schmitt s’adresse à un large lectorat, et c’est ce qui fait aussi son succès. Malgré son air de vermisseau (la maigreur en fait) le héros Jun va être « coaché » par Shomintsu qui dirige une école de sumo. Onirique, quelques passages qui laissent rêveurs, ne vous attendez surtout pas à un quelconque réalisme sur une école de sumotoris (avec les scandales des années 2000). Bref, à emporter pour une lecture en quatre-deux sur la plage.
Thèmes abordés (du moins selon Le Tigre)
Le bouddhisme tendance « zen » est rapidement abordé dans ce roman. Et peut-être est-ce pour cela que Le sumo qui ne… a cette structure « simpliste ». A l’image de cette religion (qui à mon sens n’en est pas une), le roman se veut sobre, accueillant et rieur. Il n’y a qu’à regarder des statues du gros Bouddha en train de calmer son interlocuteur (position reprise par quelques politiques) pour comprendre la bonté du message véhiculé.
Si la recherche du bonheur selon l’auteur n’est pas si difficile à trouver, et qu’il suffit en fait de se contenter de ce qui nous arrive et ne pas espérer plus, la volonté de l’être humain compte également. L’art du sumo fait corps avec le besoin du protagoniste de se dépasser tout en acceptant sa modeste condition. Jun ne saute pas d’étapes : du statut de spectateur à celui de futur père (fin touchante au demeurant), chaque évolution est pensée et intégrée dans le cycle du jeune homme (qui s’intègre socialement par la même occasion).
…à rapprocher de :
Cette oeuvre s’inscrit dans le « Cycle de l’invisible », traitant des religions à travers le monde : Milarepa, Monsieur Ibrahim et les fleurs du Coran, Oscar et la Dame rose, L’Enfant de Noé, Les Dix Enfants que madame Ming n’a jamais eus. Et ça ne semble pas fini.
Enfin, si votre librairie est fermée, vous pouvez trouver ce roman en ligne ici. Vu le prix, je ne vous le conseille pas.
J’ai adoré la phrase finale « Je vois la grosse en toi » 😀
Je te sens moqueur. On évitera de répéter cette phrase à nos femmes et nos sœurs.
Ping : Eric-Emmanuel Schmitt – Les dix enfants que madame Ming n’a jamais eus | Quand Le Tigre Lit
Une brocante dimanche, une heure hier soir pour le lire. Il prend sans doute davantage de sens au milieu des autres ouvrages du Cycle de l’Invisible. Un peu déçue par la faible place occupée par le boud.zen, sans lequel le livre n’existerait pourtant pas. Au moins ça ne prend pas la tête !
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Pas de bouquiniste, de Bouquinerie, d’Emmaüs (ou autre association caritative/humanitaire) vers chez vous ? Ou alors de Médiathèque (elles fleurissent partout) ou de bibliothèque genre municipale ? C’est vrai qu’aux prix F*AC ou Ama*on, c’est vite la ruine …
…et même pas en format poche. Pour celui-ci, j’ai fait l’erreur (il y a longtemps) de l’acheter, puis je l’ai offert à la bibliothèque municipale.
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