Court roman (ou grosse nouvelle, au choix) de l’auteur français alors au faîte de sa puissance, l’histoire du petit Oscar mourant et de Mamie Rose qui va l’aider à accueillir la mort avec le sourire m’a profondément ému. Efficace, poétique, touchant, pas trop naïf, les qualificatifs peuvent manquer pour décrire ce rapide instant de lecture.
Il était une fois…
Pour une sucrerie un peu « glurge » de 100 pages, je vais faire court : Oscar a 10 ans, souffre d’une leucémie et a à peine deux semaines à vivre. Avec l’aide de Mamie Rose qui rend visite aux enfants malades, Oscar va écrire chaque jour à Dieu ses aventures. Et à partir du quatrième il vieillira chaque jour d’une décennie, et aura une vie bien remplie.
Critique d’Oscar et la Dame rose
Ce roman s’inscrit dans le cycle de l’auteur porté sur la religion. Après l’Islam et le Bouddhisme, voici venir le Christianisme traité sous un angle plutôt original. Oscar et la Dame rose fait partie de ces excellents romans de Schmitt avant qu’il ne se mette à sortir des presque niaiseries à chaque rentrée littéraire avec une rageante précision de métronome. Chose étrange, à moins que je n’ai bien su regarder j’ai l’impression que ce titre n’est jamais sorti chez Le Livre de Poche.
Le scénar’ est rondement mené : les premiers chapitres présentent les deux protagonistes principaux (il ne me semble pas que l’un détrône l’autre), ensuite c’est au tour d’Oscar de vivre « en accéléré ». Et la fin débarque comme une très lacrymale cerise sur le gâteau. Et oui, ce con (c’est dit le plus affectueusement possible ici) a réussi à me faire chialer. J’étais certes jeune, mais quand même ! Tout se passait bien, et sur la dernière lettre de la Dame rose à Dieu mon barrage à larmes a pitoyablement lâché. Pire que les trois fleuves du Sichuan réunis.
Bref, EES est excellent pour toucher quelques cordes sensibles, et si je n’ai pas mis la meilleure note c’est seulement par rapport au travail de l’auteur en général : Schmitt semble avoir pondu une sorte de délicieuse parenthèse qui ravira n’importe quel lecteur, toutefois par rapport à d’autres de ses romans plus « étoffés » Oscar et la Dame rose fait grise mine. En conclusion, il peut être utile de s’avaler tous les tomes de la trilogie d’un coup. Et s’il fallait perdre vingt petites minutes de littérature, cette œuvre tiendrait le haut du pavé.
Thèmes abordés (du moins selon Le Tigre)
Comme il s’agit d’un opus sur les religions, il est normal d’évoquer la croyance. Notamment un aspect d’une religion monothéiste qui est la relation entre Dieu et l’individu. Grâce à Mamie rose, Oscar entretient une relation épistolaire avec le tout-puissant qui, au crépuscule de sa vie, lui rendra une petite visite. Cela donne envie d’y croire en fait, comme parvient à y croire le préfet de Judée dans L’Evangile selon Pilate (même auteur).
L’adversité face à la maladie. Face à des parents que le jeune héros juge lâches, c’est bien la Dame rose qui va l’aider à vivre pleinement le peu de temps qui lui reste. Et en une petite dizaine de chapitres Oscar va mener une existence digne de ses contemporains jusqu’à ses quatre-vingt piges : première petite amie en la personne de Peggy Blue (qui souffre d’un manque d’oxygène), rencontre des futurs beaux-parents, crise de la quarantaine, rabibochage avec sa femme, mais surtout acceptation de son tragique destin. On dit que philosopher, c’est apprendre à mourir. Oscar devient grand philosophe en une semaine.
…à rapprocher de :
– D’Éric-Emmanuel Schmitt, le fameux « Cycle de l’Invisible » recouvre le présent titre, Milarepa (sublime, parce que Tigre est bouddhiste), Monsieur Ibrahim et les fleurs du Coran (moins bon), L’Enfant de Noé (sympa), Le sumo qui ne pouvait pas grossir (trop light), Les Dix Enfants que madame Ming n’a jamais eus (encore plus light).
– En plus long et aussi bon, il y a La Part de l’autre ou Lorsque j’étais une œuvre d’art.
– Le film est sorti en 2009. Avec Michèle Laroque. Comprenez que je ne suis pas prêt d’en parler.
Enfin, si votre librairie est fermée, vous pouvez trouver ce roman en ligne ici.
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