VO : idem. A l’approche de Noël, une femme décide, sur un coup de tête, de visiter l’Athènes underground. Rencontre avec trois cas sociaux qui représentent une certaine image de la Grèce, forcément pessimiste. Le style, le sujet, franchement tout ceci n’est pas fameux. Impair et passe.
Il était une fois…
Pas le courage de vous dire de quoi il s’agit, voici donc le copier-coller de l’éditeur :
« Cette veille de Noël, Eva n’a pas vraiment l’esprit à la fête. Prise de vertige, elle s’enfuit d’une soirée après un baiser enflammé et erre dans les quartiers fantômes du cœur d’Athènes. Dans un hôtel borgne, elle rencontre Moïra, prostituée à la sagesse cryptée, le vieux Ramon, l’infantile Titika et Eddy le voleur. Eva écoute, observe et entrevoit cet envers du décor étranger et inquiétant, une Grèce miniature, corrompue et rongée de l’intérieur. »
Critique de Eva
Donc cet ouvrage a reçu le prix du meilleur roman de l’Académie d’Athènes. Je comprends mieux pourquoi, depuis Eschyle, je n’ai jamais lu d’auteurs grecs. Je sais qu’on va tomber sur le râble du Tigre pour ce qui va suivre, mais si c’est tout ce que ce pays a à offrir question littérature, alors il y a de quoi sérieusement s’inquiéter – d’autant plus qu’à mon humble avis la traduction n’y est pour rien. Moins de 200 pages très aérées, et pourtant ce fut looooong.
Revenons à notre douce Eva. Eva ne se sent pas au top lors d’une fête chez des amis. Eva se promène dans la nuit et rencontre une coureuse de remparts qui l’invite chez elle. Eva écoute ses nouveaux amis en se demandant quand elle pourra partir. Pffffuiiii. Le problème, avec Eva, c’est que ce qui lui arrive n’est pas aisé à suivre, les flashbacks se multiplient aux rencontres délirantes (dans le mauvais sens du terme) avec des protagonistes sortis d’un chapeau magique. Ces derniers ne sont ni vivants, ni crédibles, à l’image du fade Nikos, époux de l’héroïne qui remplit, avec peine, son rôle de vulgaire potiche.
Que dire du style de l’œuvre ? Nom de Zeus, ce n’est pas du tout ma came. Des comparaisons salement catapultées ; des phrases qui tortillent du derche et se terminent du genre « C’était juin. Ou était-ce juillet ? Je ne sais plus. » ; des fils de pensées sans queues ni têtes qui ne semblent mener nulle part, j’ai eu l’impression de lire un brouillon de script d’un film français avec des acteurs parodiant les Inconnus. J’ai même du sauter quelques pages (vers les trois quarts) pour savoir si, vers la fin, ça se décantait un peu. A peine si ça bouge avec l’intrigue relative au papa malade, mais rien de bien folichon.
Bref, soit je n’ai pas su apprécier un roman qui paraît avoir été écrit par une femme pour une autre femme (achtung, ceci n’est pas de la misogynie), soit est fondamentalement mauvais. Quoiqu’il en soit, la pauvreté du scénario (l’intérêt de l’œuvre m’a gravement échappé) et le manque de rythme m’ont perdu dès le début. Entre ça et une tisane, les plus insomniaques sont sûrs de pioncer à poing fermé.
Thèmes abordés (du moins selon Le Tigre)
Bon, c’est maintenant que le fauve doit prouver qu’il a bien lu le roman jusqu’à la lie :
Les personnages croisés par Eva sont tellement caricaturaux et décalés que j’ai cru voir un pompage en règle des trois noëls de Scrooge, le vieux rabougri riche et rapiat – l’inverse de la douce Léa. Or, chacun de ces individus renvoient à une facette de la Grèce telle que vécue par l’écrivaine. Le voleur d’abord, Eddy, qui par extraordinaire aurait volé l’héroïne (parabole de l’homme politique, si rare mais dont les actes sont tangibles ?). La prostituée, ensuite, incarne la résilience d’un peuple qui prend cher mais attend tranquillement d’être à la retraite. Quant à Titika (oui, ça ne s’invente pas), il est la jeunesse dorée (enfin insouciante) rigolarde et trop fière qui ne sait pas encore ce qui va arriver à sa génération. Que de l’optimisme, chouette.
Sinon, l’éditeur vend (vent, plutôt) une ville corrompue de l’intérieur. A part ce qui est dit ci-dessus, bah y’a pas grand chose à se mettre sous la dentiche. Il est certes question du « Parti des ordures » (on t’a reconnu, PASOK !), de flics qui protègent les délinquants ou d’hommes politiques fréquentant, avec ostentation, la pègre, toutefois il ne s’agit que d’impressions fugaces, comme dans un rêve. Corruption des esprits (Eva mérite des claques dans son genre), corruption des corps (le père souffrant), mais avant tout déréliction du Tigre face au bouquin.
…à rapprocher de :
– Dans la catégorie des pays où rien ne vas, vous préférez sûrement Prague, faubourgs est, de Tim Demeillers.
– Sinon, chez le même éditeur, la narration mi-déprimée mi-insupportable par une narratrice m’a rappelé Le jour où tu m’as quittée, de Schneider.
Enfin, si votre librairie est fermée et que vous souhaitez contredire Le Tigre, vous pouvez trouver ce roman en ligne ici.
Ping : Vanessa Schneider – Le jour où tu m’as quittée | Quand Le Tigre Lit