Le chien le plus bête de l’Ouest dans sa toute première aventure, et faut dire que ce n’est pas complètement nul. Rantanplan devenant le fétiche de ces messieurs en pleine guerre, ça a de la gueule. Certes, ça part dans tous les sens, mais en moins de 50 pages la densité de la BD est appréciable – même si ça a bien vieilli à mon avis.
Il était une fois…
En plein Ouest américain, un régiment de cavalerie (qui siège dans son camp au milieu de nulle part) est au désespoir : leur mascotte, Fifi VI du nom, est portée manquante. Ces idiots ne trouvent rien de mieux qu’aller chercher Rantanplan pour le remplacer. Entre les conneries de ce dernier, le vil Turner (le dealeur du coin) qui veut supprimer le nouveau gri-gri, ou les Indiens qui se prennent à considérer le clebs comme le fils du totem, y’a moyen que ça parte sérieusement en quenouille.
Critique de Rantanplan : La Mascotte
Comme vous le savez, il m’arrive d’extraire de mes chiottes une antique BD qui a bercé mon enfance, et la résumer avec le sérieux qui me caractérise. Ici, je m’attaque au tout premier opus du chien qui, parfois, accompagnait ce puceau de Lucky Luke – et que son canasson ne portait pas dans son cœur. En outre, mon chat s’appelle Fifi, ce qui donne à cette aventure une saveur toute particulière.
Toutefois, le cow-boy solitaire est absent de ce tome, comme si les auteurs avaient souhaité rapidement émanciper le cabot qui est aussi con qu’un chat sous bêtabloquants. Celui-ci, comme par magie, parvient à foutre un phénoménal daroi entre les Anglos et les Indiens, jusqu’à mettre en danger le très sacré Président des États-Unis en personne. Soit Rantanplan comprend tout de travers et ça provoque une cata, soit il agit contre toute logique et parvient à sauver le monde. Un cas.
Le petit souci avec Xav’ Fauche et Jean Léturgie est qu’ils ont foutu trop de gags dans cet ouvrage. C’est comme si les auteurs, qui avaient le bide bien rempli de bons quiproquos avec le héros, avaient eu une subite chiasse d’idées sur Rantanplan et ne s’étaient guère retenus pour tout déverser. En deux mots, too much. Quant aux illustrations, bah je n’ai pas grand chose à commenter sur la ligne claire propre qui est dans la continuité d’un Morris – on sait tous à quoi ça ressemble.
Thèmes abordés (du moins selon Le Tigre)
Tigre profite de ce paragraphe pour vous présenter rapidement le personnage principal : Rantanplan, c’est la bêtise et la bonté réincarnées. Bête car il pige tout de traviole, et se méprend sur ses contemporains (qui est gentil, qui lui veut du mal). Bonté totale dans la mesure où ses élans d’affection (souvent traduits par un saut trop court / long) et sa bonne bouille le présentent comme un héros immensément sympathique. Le boulet que tout lecteur apprend à aimer, aidé en cela par ses touchantes apparitions avec Lucky Luke.
Ce tome est l’occasion de se moquer gentiment des improbables croyances locales et autres superstitions. Le colonel de cavalerie est un superstitieux totalement dingue qui dit amen à n’importe qu’elle action du clébard. Quoique le héros canin fasse, ça a toujours un sens forcément bénéfique même si caché. Pareil pour les Indiens, capables de déclencher (et arrêter) une guerre à partir de presque rien. Les Romains qui checkent les augures, Le Tigre qui secoue une boîte de cent bâtonnets chinois avant de partir à l’action, la concierge qui lit l’horoscope, nous sommes tous plus ou moins à la recherche d’un indice (ou d’une approbation) qui nous dédouane.
à rapprocher de :
– Lucky Luke, certes…mais aussi Rintintin, dont notre héros est une grossière parodie – qui me fait régulièrement rire il est vrai.
Enfin, si votre librairie est fermée, vous pouvez trouver ce roman en ligne ici.