Sais plus trop pourquoi je l’ai acheté. Sûrement la couverture attrayante. A moins que ce ne fût pour offrir. Quoiqu’il en soit, je me suis surpris à aligner les chapitres à une vitesse fort correcte. Un juge contre une secte qui a de solides connections un peu partout, un style plutôt simple et direct, une belle claque de pessimisme.
Il était une fois…
Le quatrième de couv’ est bien trop long, ce n’est pas bien de la part de l’éditeur. Voici un résumé écourté made by Tiger :
C’est l’histoire du juge d’instruction Ronan Le Goff, à l’indépendance redoutable (il instruit le trésorier du parti au pouvoir pour corruption je crois bien, imaginez le malaise) et au talent certain qui lutte contre la secte des survivalistes, alter ego de la Scientologie de notre triste monde. Cette secte aurait poussé un homme au suicide, et notre bon juge va devoir dérouler un fil plus gros que prévu.
Critique de Propagande noire
Georges Fenec était un magistrat, président de la Miviludes (Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires) et député (sous une couleur bleue). Alexandre Malafaye est un auteur porté sur les romans où la réalité pointe très souvent le bout de son nez. Alors quand les deux se mettent d’accord pour écrire un titre sur les liens entre une secte bien connue et les pouvoirs publics, l’expérience d’un des auteurs s’exprime pleinement.
Sujet maîtrisé de bout en bout, nous suivrons l’implantation d’une vilaine secte dans le paysage français et le juge lyonnais va s’y attaquer. Sauf que les soutiens de l’organisation vont bien au-delà de ce qu’il pouvait imaginer. Hommes politiques, services secrets, en fait Ronan se retrouve presque victime. Imaginez, les contacts qu’il a avec le président de l’organisme de lutte anti-sectes se font en loucedé…
Le héros est tout ce que j’aime : magistrat brillant, une cinquantaine bien sonnée et assumée, coureur sur les bords et aimant les bonnes choses (notamment l’alcool). Aidé de sa fidèle greffière, il va lutter bien seul. Les chapitres sont relativement courts, et ces 350 page ont été parcourues à une folle vitesse. Sans doute l’effet « grand format ». Un thriller judiciaire de bonne facture, rien à redire.
En conclusion, c’est plus qu’un roman, presque une « dodufiction » qui emprunte énormément à la réalité. Quitte à faire dans le factuel qui ne sera sans doute pas intemporel. A titre d’exemple, le gourou qui n’est pas sans rappeler Raël ou l’acteur US fer de lance de la secte, Tim Cross (franchement, c’est à peine s’ils se sont foulés à changer le nom). De même, le mystère de la suppression « accidentelle » de la dissolution comme sanction pour une association (un mot changé dans un projet de loi) est rapidement abordé. Dans tous les cas, glaçant à souhait.
Thèmes abordés (du moins selon Le Tigre)
Sujet principal, bien évidemment les sectes et comment elles tapent là où ça fait mal pour ne pas être inquiétées. Et c’est plutôt violent, notamment la manière dont, pour affaiblir le gentil, on tente de s’en prendre à sa fille en « baisant » avec son esprit. A force de « sessions » ou d’intimidations, la jeunette est dans une bien mauvaise posture. Quant aux moyens en France de lutte contre celles-ci, c’est d’un triste. On sent que Fenec en a bavé dans son poste à la Miviludes.
En effet, la solitude des bons est plus qu’inquiétante. Le protagoniste principal voit un gros paquet de ses alliés s’éloigner de lui. Flics intègres mutés, une amie de la fille de Le Goff (Blandine) retournée par les survivalistes, pour une fois le dénouement du roman est loin d’être heureux. D’ailleurs, je trouve que le titre est plutôt mal choisi. Quand on dit propagande noire au Tigre, je pense aux provocations d’agents secrets dans des organisations d’extrême gauche (ou droite) en vue de basculer vers un régime un peu plus autoritaire. Ici, c’est juste une énorme machine qui tente de casser un homme et le système qu’il représente.
…à rapprocher de :
– Concernant les liens incestueux entre les protagonistes aux sommets du pouvoir, On les croise parfois (de Citharel) est aussi sombre et amoral.
Sur les sectes, Tigre a peu de références (à part celle que je compte monter autour de mon personnage) :
– J’ai honte, toutefois Anges et Démons de Brown est la première chose qui daigne me venir à l’esprit. Je vais rectifier.
– Enfin, Aleister Crowley a été un gourou d’exception, l’éditeur Camion Blanc a quelques essais à son sujet. Notamment Le Livre de la loi qu’il a écrit.
Enfin, si votre librairie est fermée, vous pouvez trouver ce roman via Amazon ici. Version grand format.
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