L’iconographie de Tigre-san – Fifty Shades of Grey

Le Tigre Editions, pas de pages.

L'iconographie de Tigre-san - Fifty Shades of GreyN’espérez pas que Le Tigre lise Fifty Shades of Grey et vous le résume, les quelques retours reçus m’incitent à refuser à cette œuvre le titre de roman. Donc n’entrant dans aucune de mes catégories. Bien sûr, à l’instar de la Fontaine, dire « FSoG, je ne lirai pas de ta prose » est dangereux, et il y a fort à parier que si la chose traîne autour de mes pattes, je ne résisterai pas à la curiosité de le parcourir.

Je ressens déjà comme un frémissement : maman-tigre caresse l’idée de se le procurer. Je sens que je vais le lui piquer aussi discrètement que lorsque je tapais ses Kools mentholées…

A défaut de critique, Tigre-san vous offre ce dessin modestement nommé « Fifty Shades of Tiger ». Le SM a la cote, et je suppute que les niaiseries racontées dans le roman ne sont rien à côté des délicieuses souffrances que Le Tigre s’apprête à faire subir au lecteur lambda de la présente icône.

En effet, si besoin est de le rappeler, Les Bienveillantes de Littell, c’est : 35h de lecture, plus de 1.000 pages, trois chapitres, des sauts de paragraphes aussi rares qu’un taxi parisien à Roissy, des phrases interminables malgré quelques passages dérangeants ici et là. En conclusion, en lisant ce titre à quelqu’un, le fouet n’est plus vraiment nécessaire.

3 réflexions au sujet de « L’iconographie de Tigre-san – Fifty Shades of Grey »

  1. Bonjour Le Tigre,

    Merci beaucoup pour vos commentaires, je crois qu’on s’est mutuellement bien compris sur le PSG-des-Près (eh oui, des fois ils se comportent comme des hooligans, les vendeurs de Goncourt, voyons !).

    Mais la réaction de vos amis déçus me surprend un peu ; car mon épouse et moi avions trouvé les scènes de sexe très chaudes (bien sûr, il y aura toujours des gens pour qui ce n’est pas assez et d’autres pour qui c’en est trop). Personnellement, j’ai trouvé un très bon rapport qualité/quantité ; mais il faut reconnaître que chacun a le droit à sa propre opinion et que la mienne ne vaut pas plus que celle d’un autre. J’ajoute que je suis un gros consommateur de vidéos xxx ; cqvd que je ne suis pas quelqu’un qui s’émoustille facilement …

    Petite anecdote sur le rapport qualité/quantité : Je devais avoir 15-16 ans quand j’ai découvert « Sexus », d’Henry Miller, qui avait été un excellent matériel pour faire travailler (encore plus, à cette âge-là) mon imagination (et ma main droite). Un quart de siècle plus tard, lorsque je l’ai recommandé à mon épouse, après l’avoir lu elle m’a dit avoir été très déçue ; du coup, je l’ai relu et, « hélas, deux fois hélas », j’ai été à mon tour déçu : où étaient passés tous ces passages tant recherchés à l’époque ? Non seulement la quantité s’était, me semblait-il, fortement amoindrie, mais la qualité aussi ! Je me sentais comme un idiot : comment avais-je pu recommander ce livre à quelqu’un ? Est-ce que cela est déjà arrivé au Tigre que de relire plusieurs années plus tard le même livre et être déçu ?

    On pourrait penser qu’après quelques relectures l’on se lasse facilement (en tout cas, avec certains livres) mais peut-être, en ce qui concerne spécifiquement la littérature érotique, il n’est pas impossible que ce soit l’avènement du porno par internet (et la mode du porno-chic à la tv et dans les magazines people) qui fait qu’à notre insu l’on soit déçu si ce n’est pas page après page de scènes toutes plus hard les unes que les autres. Mais alors ce n’est plus de la littérature érotique, c’est de la littérature pornographique.

    (Pour revenir à « 50 », je suis bien d’accord avec vous, le style est souvent indigeste, mais rappelons-nous que l’auteur(e ?) n’avait aucunement ni la formation ni l’intention de faire du style. Par contre, on peut en tirer profit pour améliorer son anglais question construction de phrases, dans le sens où c’est la preuve que l’on peut écrire même toute une trilogie avec des phrases très simples au lieu de vouloir faire du Shakespeare à tout prix ; mais je vois mal l’utiliser en classe).

    Bon dimanche et à bientôt !

    Damián

  2. Bonjour Le Tigre,

    Bibliophile moi aussi, de langue maternelle espagnole, et ayant eu très tôt la chance d’apprendre plusieurs autres ; j’ai trouvé profondément injustes les critiques françaises à « 50 », que j’ai lu dans l’original (en fait, j’étais tombé dessus par hasard, avant que le buzz n’arrive en France ; où j’habite. C’était la première fois que ça m’arrivait ou alors les autres je n’avais pas fait attention/grand cas).

    Malgré une structure du type : « Jack voit une balle. La balle est rouge. Jack frappe très fort la balle rouge. La balle rouge part comme un canon et frappe la fenêtre du voisin. La voisin se fâche contre Jack » et ainsi de suite (c’est un parti pris, un style ; des fois c’est bien, des fois non) ; cette trilogie se lit, ma foi, très bien. Au moins en anglais.

    Il faut cependant être capable de bien comprendre, de bien vivre, la psyché américaine ; et c’est là où commencent les difficultés pour les petits Gaulois. Il s’agit d’une histoire qui pourrait parfaitement se passer aux EUA (ou autre pays anglo-saxon) mais pas en France. Non pas à cause de l’argent dans lequel baigne le protagoniste (ou ses talents de pilote), mais à cause de la mentalité : impossible qu’en France une telle histoire (qui plus est, très simple) puisse arriver.

    Non pas que l’histoire soit une de tous les jours aux EUA non plus, mais elle pourrait parfaitement arriver là-bas et être parfaitement anodine : 50, c’est l’histoire de la rencontre de Bill Gates et son infirmière (devenue son épouse) Mélinda, agrémentée de S&M. Qu’est-ce que ça donnerait en France ? DSK au Carlton ; vous voyez la différence (et surtout le différentiel de potentiel littéraire : en France ça ne peut être qu’un fait divers ; aux EUA quelqu’un, vraiment n’importe qui, peut en faire une histoire d’amour genre collection Arlequin, agrémenté de S&M … et c’est très bien comme ça).

    Et c’est là où les critiques françaises pissent contre le vent, car on exige d’une « simple ménagère » (telle que l’auteure elle-même se décrit) la même qualité d’écriture du Marquis de Sade … comme si les romans de Q français étaient tous à l’hauteur du Marquis (Catherine Breillat, p.e., m’a beaucoup déplu, avec sa manie bien française de vouloir à tout prix mettre de l’intellectualisme de prof de bac au milieu des scènes de Q pour meubler un peu tout ça : j’ai déjà vu chez d’autres auteurs français exactement la même démarche).

    C’est donc que les critiques français ne savent plus mesurer les autres en utilisant *aussi* des mesures étrangères : comme si les Chinois, etc. devaient écrire conformément aux seuls canons français dans la matière. Les critiques français ont perdu (depuis longtemps) la capacité à lire et à comprendre les littératures étrangères avec une mentalité autre que la seule mentalité française. Ils se sont trop formatés entre-eux, les consanguins, comme pour être capables de sortir de leur « pool » génético-littéraire.

    C’est pour cette raison qu’ils n’ont pas su voir que, malgré sa désarmante simplicité (et sa zéro prétention à faire de l’intellectualisme auto-référentiel de pacotille si cher aux lettres hexagonales), cette trilogie remplit parfaitement le devoir le plus important qu’un livre puisse avoir : donner envie au lecteur de continuer à le lire (on peut tout aussi facilement le laisser tomber si on se gave des phrases de « Jack ceci, Jack cela » ; et c’est très bien comme ça aussi). Non pas non plus que ce soit un roman de suspense ; mais il donne (en tout cas aux gens capables de penser en anglais) envie de continuer à le lire.

    J’irai plus loin : derrière le feu nourri de ces critiques méprisantes, il y a sans doute la frustration de ne pas avoir été capables (les écrivains, les scribouillards et les industriels de l’édition française) d’identifier (excusez-moi) la niche, le segment de marché vendeur et, par conséquent, d’avoir raté totalement la possibilité d’avoir été eux-mêmes, les professionnels français de la plume (je n’ose pas dire de la littérature), les auteurs d’un livre qui a « fait le buzz » planétaire et s’est vendu comme des petits pains chauds. Comme le magot leur a filé entre les doigts (qu’ils se mordent !). Voilà pourquoi ils sont si amers : ils ont compris qu’ils se sont fait doubler (ridiculement, en termes commerciaux ; et par une simple ménagère, amerloque en plus !) et ça les rend fous de rage. Pour se venger, ils utilisent l’arme du mépris, « c’est pas de la littérature, ça ! » (comme s’ils étaient tous de Chateaubriands, ces vendeurs de prix Goncourts et autres promos Carrefour en veux-tu, en voilà ; ça s’entend dès qu’ils ouvrent la bouche). Ils sont trop aveugles pour voir qu’ils se rendent ainsi encore plus petits.

    Je ne sais pas ce que ça donnelsa traduction française de 50 ; mais je parie qu’elle sera, comme d’habitude, assez mal faite. Je viens de lire la traduction française d’un roman d’un écrivant Argentin (Boquitas Pintadas, de Manuel Puig ; dont le titre français est « Le plus beau tango du monde ») et, encore une fois, j’étais très déçu de l’accumulation d’erreurs et d’approximations rayant le mépris que les éditeurs français ont pour les littératures non anglo-saxonnes, les seules qu’ils arrivent à faire à peu près bien (peut-être à cause de la peur des procès très coûteux de la part des écrivains anglos outrés ?).

    Bref, piquez-le ou achetez-le, je vous le recommande, surtout en anglais.

    Je note que des romans japonais similaires n’ont pas reçu des critiques pareilles. Ah, mais c’étaient des écrivains japonais méconnus ; qu’est-ce qu’on aurait l’air d’être des MéKongs si on les incendie et qu’après y sont bons, t’as vu ? Weeeesh, vas-y, Jean-Christophe, sort (sic) ta phrase d’ « un fascinant récit oriental » …

    Vous remerciant pour vos recommandations de lecture,

    Damián

    • Cher Damián,
      vous parvenez à élever le débat à un niveau que je n’aurai osé espérer sur ce billet. Je ne souhaitais pas ajouter une énième critique (en vous lisant, je serai sûrement passé à côté de plein de choses) sur un titre dont on a trop parlé, aussi j’ai préféré « grappiller » une partie du flux de cet évènement littéraire pour en faire un dessin. Quant aux retours que j’ai eu, ce ne sont pas ceux des critiques. Non, plutôt des amis qui voulaient le lire et se sont ennuyés car c’est une histoire d’amour (comme vous le dites si bien) et que ces derniers voulaient surtout du xxx.
      Et, avec votre intervention, tout (ou presque est dit). Vous parvenez à faire drôle et profond avec votre style, et votre vision du monde germano-pratin littéraire n’est pas pour me déplaire. Toutefois, sur le style, en regardant des extraits j’ai cru remarquer que c’était parfois indigeste. Sauf si c’est encore le résultat de la traduction.
      En outre, il est vrai que si cela avait été un obscur auteur birman ou autre, la critique aurait été différente (y’a qu’à se souvenir de l’accueil de « Ong Bak », équivalent thaï de n’importe quel nanard US). Mais, à mon sens, ce qui a particulièrement rendu fou les éditeurs (et les critiques, parce que souvent tout est lié), c’est comment ils ont été spoliés dès le début. On a parlé du bouquin grâce à des pubs ou des journalistes (non littéraires), et surtout celui-ci a été auto-publié. Un blasphème ! Bref, tous sont arrivés après la bataille, même s’ils ont su bien gérer les droits de publication en France.
      Quant à me le procurer, j’attendrai que le vent se calme et que les trois sortent ensemble, en poche. Et en anglais.
      Tigre

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