…et autres proverbes. Une bonne pétée de dictons amusants et dont certains font réfléchir, il y a de quoi briller en société par ces bons mots. Si le tout est serti d’illustrations de qualité renforçant le message de l’auteur, le plaisir est complet. Même si ça se lit en cinq minutes chrono, c’est pourquoi ce recueil est à partager au plus grand nombre.
De quoi parle La famille est une peine de prison à perpétuité, et comment ?
Le Tigre connaît bien le Szabowski, et dans un autre roman désopilant l’auteur avait produit des titres de chapitres sous la forme de savantes maximes. Lesquelles méritaient largement d’être publiées séparément. Un autre vœu du félin exaucé, zou !
Nous voici donc face quelques dizaines de phrases qui confinent aux poèmes par leur beauté (en les lisant à voix haute) et la manière dont celles-ci savent mouvoir notre imaginaire. En effet, ses mots sont finement tournés et possèdent la structure de proverbes ancestraux qu’une grand-mère serait susceptible d’asséner avec un aplomb qui impose le respect. Mais, à y regarder de plus près…
Car François T. tape juste et fort. Et peu de thèmes sont épargnés. Religion, économie, politique, société, ses sentences sont d’autant plus prégnantes que la police d’écriture, grasse et généreuse, ne passe pas inaperçue. Mais surtout, remercions les illustrations d’Elena Vieillard qui viennent accompagner ces vrais-faux proverbes à la sagesse insoupçonnée. Si ces dessins ont quelque chose de répétitif dans les motifs et d’enfantin dans le trait, c’est pour ne pas encombrer (et rendre moins lisible) le texte qui se fond naturellement dans son environnement.
Ces dessins, à l’image de celui de la couverture, offrent de surcroît un délicieux décalage entre le message délivré et la bonhommie, l’humour du premier étant alors décuplé. Tout bien pesé, malgré un rapport quantité/prix qui pourrait en faire bondir plus d’un, cet essai reste un bel objet (au poids appréciable) susceptible de constituer un cadeau à un proche – ci possible doté d’un solide sens du rire.
Ce que Le Tigre a retenu
L’écrivain délivre ses poèmes avec des tons différents, aussi le félin a tenté de dégager trois thèmes (« tenté », hein) :
Premièrement, l’humour. De préférence noir, ça a le mérite de mieux s’imprimer dans l’esprit du lecteur. Que ce soient de mignonnes méchancetés (on ne bâtit pas des châteaux de cartes avec épileptiques) à des phrases nettement plus sombres, François S. parvient à faire preuve d’empathie et à se mettre à la place des cyniques – à moins qu’il en soit un lui-même. Que répondre d’intelligent, sans se mettre à son niveau, à un interlocuteur prétendant que l’interdiction du travail enfantin est une plaie pour l’économie mondiale ?
Deuxièmement, l’écrivain aime certes jouer avec les mots, mais s’amuse (et nous amuse) par l’utilisation d’antonymes pour mieux instaurer divers contrastes (par exemple : la vie est une longue suite de journées trop courtes). Néanmoins, cette manie confine parfois à l’absurde en raison de la connexité entre termes qui, au premier abord, n’ont rien à voir entre eux. Prenez cette phrase : Il faut laisser le patin à glace à ceux qui laissent tomber. Gnéé ? C’est joli à prononcer, attrayant pour les yeux, mais ça ne parle pas forcément au Tigre. Aussi, le cerveau du félidé reste bloqué dans un état de contemplation purement visuelle, en attendant que les connexions daignent se faire.
Troisièmement, il faut reconnaître que cet essai est un puissant vecteur de bon sens. Malgré le caractère passablement choquant de certain proverbes, il ne faut y voir qu’une désarmante franchise qui remet les idées à leurs bonnes places. C’est compliqué d’avoir de la culture quand on a faim ? Une parfaite illustration de la pyramide de Maslow. C’est toujours quand on allume sa cigarette que le train arrive ? On ne peut mieux exprimer une bénigne manifestation de la loi de l’emmerdement maximum (ou loi de Murphy). Bref, y’a de quoi soulever d’interminables débats…
…à rapprocher de :
– Comme je le disais, ces textes sont issus de la saga du copiste (équivalent humain d’une imprimante), à savoir Les femmes n’aiment pas les hommes qui boivent suivi de Il n’y a pas de sparadraps pour les blessures du cœur.
– Plus généralement, on retrouve le bon Szabowski dans Il faut croire en ses chances (original) ou Une larme de porto contre les pensées tristes (beaux exercices de style). Quant à Silhouette minuscule, j’avoue avoir eu un peu plus de mal.
– A tout hasard, Elena Vieillard (assistée de Pelaprat) a ravi le félin avec son Edgar ou les tribulations d’un pendu. Chez le même éditeur évidemment.
Enfin, si votre librairie est fermée, vous pouvez trouver ce court essai en ligne ici.
C’est le genre de petit bouquin que j’ai dans mes toilettes. Ahahah !!
En tout cas, ça me tente bien !! Si je tombe dessus un jour je me laisserai surement aller à l’achat !!
Merci de la petite decouverte !!
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