Mi-fiction mi-biographique, le dionysiaque (pour ne pas dire gros loser queutard) Beigbeder s’est fait plaisir sur ce coup. Mélange de divers textes avec un fil plus ou moins tenu, y’a de tout. Relativement insupportable pour ma part malgré quelques jaillissements intellectuels fort plaisants. Non, Frédou a fait mieux dans sa vie.
Il était une fois…
Allez hop, voici comment tente l’éditeur de nous vendre sa came. Y’en a qui ne doutent de rien punaise :
« Oscar Dufresne a trente-quatre ans. C’est un écrivain fictif, comme il y a des malades imaginaires. Il tient son journal dans la presse pour que sa vie devienne passionnante. Il est égoïste, lâche, cynique et obsédé sexuel – bref, c’est un homme comme les autres. »
Critique de L’Égoïste romantique
Comme Le Tigre n’est guère clivant (à quelques exceptions près) et que chaque personne a son petit avis sur le cas de Frédéric B., nous allons tenter de dégager deux penchants extrêmes dans lesquels tout lecteur normalement constitué pourrait sombrer. Oui, j’utilise le « nous » de majesté, mais j’ai vu bien pire dans ce roman.
D’un côté, la prose de l’écrivain parisien, déconnante dans toute sa décadente splendeur, est un régal des yeux. Ça coule d’autant plus dans le cerveau que les chapitres, courts, ressemblent à autant de petites histoires fort savoureuses. Quelques anecdotes m’ont franchement aéré l’esprit, avec un humour classo-cradingue qui m’a arraché plus d’un ricanement. Alors certes il y a quelques considérations plus sérieuses, cependant celles-ci ne sont pas dénuées de sens et tendent un épaissir un personnage assez frivole.
De l’autre côté, ce roman est profondément consternant. Un scandale, même, c’est à se demander qui Beigbeder a sucé pour que son truc soit publié. Déjà, le protagoniste, branleur de première qui baigne dans les tunes et la dope (et parvient à se plaindre de ne pas trouver l’ââaaamour), est horripilant. Ensuite, et sans aucun doute le plus grave, des chapitres entiers ont un goût de déjà-vu qui m’a piqué l’arrière-train. Il y a des passages qui sont, à peu de différences près, des quatrièmes de couverture (voire des titres) des romans qu’il était sur le point d’écrire. C’est là que le félin formule le gros reproche à Beigberder : à part parler de toi, tu ne sais rien écrire. Tu n’es donc pas un écrivain.
Pour conclure, tout dépend en fait de l’expérience que vous avez de cet auteur. C’est tout bon pour commencer. En ce qui concerne Le Tigre, grand habitué de F.B., ça ressemblait fort à une belle séance de masturbation devant un miroir sans teint grossissant – avec une caméra derrière.
Thèmes abordés (du moins selon Le Tigre)
Ohhhh…j’ai une idée. Et si je faisais un paragraphe par mot du titre ?
L’égoïste, c’est le Beigbeder pur jus. Du moins c’est ainsi qu’il s’est présenté à ses débuts. Le mec qui ne pense qu’à sa gueule, son plaisir, ses plans cul/drogue, tout de suite, là, maintenant. Sauf qu’ici, l’écrivain va plus loin en tentant de se dédouaner. A mon sens, cet ouvrage est avant tout une sorte de travail sur soi, à savoir parvenir à être au-dessus de la mêlée, de coucher par écrit (salvateur, forcément) l’absurdité de son univers. Mais pourquoi vouloir publier le résultat ? Par égotisme ou pour instruire la populace ?
Romantique, l’auteur l’est à sa façon en voulant attendrir le lecteur – le style aide il est vrai. Derrière ce masque néojovial qui se rit de tout et ne semble rien respecter, il y aurait l’être sensible qui, malgré de retentissants échecs, cherche à rencontrer l’amour. Sauf que je n’y ai pas cru une seconde, le protagoniste retombe trop facilement dans ses excès pour le prendre, ne serait-ce que le temps d’un chapitre, au sérieux.
…à rapprocher de :
Aucun « roman » autre que ceux de Beigbeder ne mérite d’être mis en lien dans ce billet, aussi le félin va se contenter de vous livrer les autres productions de l’auteur (par ordre de publication, pas de préférence hein) qui se trouvent sur le blog : Vacances dans le coma (mouais) ; L’amour dure trois ans (pas si mal en fait) ; Nouvelles sous ecstasy (nullissime) ; 99 francs (14,99 euros, la base) ; Windows on the World (bof) ; Un roman français (bien mieux).
Enfin, si votre librairie est fermée, vous pouvez trouver ce roman en ligne ici.
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