VO : The Afghan. Lorsqu’une organisation terroriste se prépare à envoyer du gros pâté, les barbouzes occidentaux décident ne répondre par une opération d’une rare audace. Réaliste à souhait (même si l’idée principale va trop loin), le lecteur lira ce roman en moins de deux. Ouais, L’Afghan, c’est de la bonne – désolé, fallait que ça sorte.
Il était une fois…
Les services secrets américains, britanniques et pakistanais sont sur les dents : Al Qaeda s’apprête à foutre un daroi monstre en Occident. Genre un gros attentat qui tâche bien. Et là, au milieu d’un briefing en mode putain-keskon-va-bien-faire », une idée germe : pourquoi ne pas simuler la sortie d’Izmat Khan, un commandant taliban détenu à Guantanamo ? Et le remplacer par un soldat anglais qui maîtrise la langue et les coutumes de l’ennemi ? Allez zou, allons préparer notre ami – qui, bonne poire, accepte.
Critique de L’Afghan
Y’a des romans qui n’ont pas le quatrième de couv’ (et l’image associée) qu’ils méritent. Acheté un peu au pif, et au final une excellente surprise Faut dire aussi que je ne connaissais guère cet auteur outre-manchois qui semble avoir son petit succès – et n’est pas manchot quand il s’agit de tenir un stylo.
Deux camps s’affrontent. Les méchants, d’une part, mettent en place une complexe opération pour porter un coup fatal aux States et à leurs alliés. Et le lecteur découvrira, au fil des pages, ce qu’il en est d’Al-Isra (tant qu’à livrer le nom de l’attentat en préparation). Face à cette terrible menace, please welcome Mister Mike Martin, colonel de son grade, ancien SAS, mâle ultraburné mais à l’intelligence rare. Vétéran de la guerre d’Irak (la première je crois bien), parlant plusieurs langues, le mec va se déguiser en chef de guerre afghan (pas de la gnognote, bien sûr) pour infiltrer les lignes ennemies.
Dans ce thriller agréablement rythmé à l’anglo-saxonne (chapitres courts et nerveux, descriptions suffisantes qui ne s’attardent pas au superflu), Forsyth fait étalage de ses connaissances dans l’univers de l’espionnage et des grandes manœuvres des soldats de l’ombre. L’écrivain en sait des choses, le résultat est plutôt réussi dans la mesure où la crédibilité de l’intrigue n’est pas trop salopée, on se surprend même à flipper pour le héros lorsque, plusieurs fois, sa couverture est prête à griller tel un feu de joie.
Bien évidemment, il convient de ne pas se poser trop de questions sur l’attaque que préparent les vilains islamistes, un poil too much par l’ampleur du résultat (touchons du bois) et des différentes étapes que ça implique. De même, la « réponse » de la CIA fait confiance à un nombre inimaginable d’étoiles bien alignées pour que ça réussisse, j’espère qu’ils préparaient, avec la même application, quelques plans B, C et D en loucedé.
Thèmes abordés (du moins selon Le Tigre)
Le succès de ce roman tient sans doute au fait que l’écrivain aborde tout ce qui terrifie (et, paradoxalement, fait bien bicher) l’Américain, à savoir The big attentat. Le truc imaginé avec des moyens du bord, utilisant les artefacts de l’Occident (technologie, armes) avec une ruse de…chacal (d’ailleurs c’est le titre d’un autre des romans de l’écrivain, et pas le surnom de Khan, l’antagoniste principal). Je n’en dirai pas plus, à part qu’il s’agit d’une attaque par les mers plutôt que par les airs – on connaît déjà, hélas. En revanche, la manière bourrin dont le roman se termine, avec le colonel Mike qui décidément en fait trop, a laissé le félin sur sa faim.
Dans le monde des agents secrets, inutile de vous rappeler que la méfiance est de mise. En particulier quand on se fait passer pour un caïd du terrorisme. Le héros a beau avoir une peau hâlée, parler parfaitement l’arabe et se remémorer à vitesse grand V le pachtoune (ou le pachto, sais plus trop), notamment comment prier dans cette langue, il n’en reste pas moins que le moindre détail de travers aura pour résultat un décollement de sa tête depuis le reste de son corps. Au moins on voit du pays : le lecteur en profitera pour avoir un aperçu relativement solide de la géopolitique de la région Afghanistan-Pakistan, des relations entre intervenants, que ce soient d’étonnantes alliances locales ou des problématiques menant, presque naturellement, à des actes d’une violence exacerbée.
…à rapprocher de :
– Le gros attentat qui fait bien mal m’a fait penser au début de Politika, de Tom Clancy. Ce dernier est moins sérieux il est vrai.
Enfin, si votre librairie est fermée, vous pouvez trouver ce roman en ligne ici.
il y a aussi, dans le même genre, « je suis pilgrim » de terry hayes
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