VO : idem. Roman graphique conseillé par mon dealer littéraire, j’ai eu une petite perle dans mes mains. Écrit en trois mois, intimiste sans être sentimental, la vie d’un couple dont un des membres est atteint du SIDA est parfaitement rendue. Le lecteur découvrira, apprendra et sera touché par cette histoire d’une simplicité désarmante.
Il était une fois…
Le narrateur nous invite à suivre son intimité avec sa nouvelle petite amie, séropositive avec son enfant également infecté par le virus. Première rencontre, découverte du quotidien de cette maladie, relation avec l’enfant, gestion des relations sexuelles, visites chez le docteur et à l’hôpital, tout y est.
Critique de Pilules bleues
Le Tigre l’annonce tout de suite, et ce afin de justifier sa critique, ce n’est pas le genre de livres que j’ai l’habitude de lire. Quelqu’un qui raconte sa vie, à moins que ce soit exceptionnel, pas tout à fait ma came. Sauf ici, où j’ai lu d’une traite cette belle histoire.
La femme aimée de l’auteur est donc en mauvaise condition physique, bien que le SIDA ne se soit pas encore déclaré. Plus que la douleur physique, il y la culpabilité qu’elle ressent quant à l’infection de son fils. Le tout sur fond d’alertes quand une capote pète, de projets d’avenir, voyages où les « pilules bleues » accompagnent la petite famille, séjours de l’enfant à l’hosto,…
Frederik Peeters a donné en un trimestre (trois mois en fait) tout ce qu’il a, et le résultat est plutôt bon. Sujet délicat s’il en est, Peeters n’a basculé ni dans le sensationnalisme, ni le voyeurisme, et encore moins le sentimentalisme. Chapeau l’artiste, d’autant plus qu’il est parvenu à distiller une petite dose d’humour bienvenue. Je pense notamment aux épisodes chez l’excellent docteur, très bons moments de BD.
Rien n’est parfait, loin de là même. Le dessin, d’une part, fait un peu brouillon, voire « sale ». Style de l’auteur, qu’il maîtrise certes, hélas en noir et blanc ce n’est pas optimal. A titre de comparaison, Guy Delile fait dans le même coup de pinceau, et ça rend bien mieux.
D’autre part, sur la fin, il y a un passage des plus abscons avec un mammouth : discussions philosophiques entre le vénérable animal et le protagoniste, j’avoue avoir un peu lâché. On se demande d’où ces planches sortaient. A part ceci, rien à reprocher à Peeters, il a fait du bon boulot. Merci à lui.
Thèmes abordés (du moins selon Le Tigre)
L’amour. Amour envers la femme, contre puis avec son affection. C’est un engagement énorme, le narrateur se met en concubinage avec son amie mais également la maladie, omniprésente dans leur couple. Dépasser la pitié, botter le cul quand il le faut de sa compagne, travail d’équilibre permanent. Amour également vis-à-vis du gamin, qui doit progressivement se laisser apprivoiser. Remplacer peu à peu la figure paternelle, être gentil sans permissif, au final la maladie ici ne change pas grand chose.
La gestion de la maladie au quotidien. Les pilules bleues, ce sont les médocs de la trithérapie. En plus de suivre deux personnes dans leur vie de tous les jours, pas mal de questions légitimes trouvent des esquisses de réponses séduisantes : comment avoir des relations sexuelles, jusqu’où peut-on aller ? A quel point se projeter dans l’avenir ? Mais surtout, comment réagissent les proches (amis, famille) dans les différentes étapes (découverte de la maladie, petit ami,…) ?
…à rapprocher de :
– Jean-Philippe Amar a adapté cette histoire pour la télévision, je vous préviens dès que je la visionne.
– Roman graphique sur une maladie mystérieuse (allégorie du SIDA même), il y a Black Hole de Charles Burns. Magnifique. Voilà.
– Sur le VIH, il y a le très bon essai de Michel Kazatckine, La consultation du soir.
Enfin, si votre librairie est fermée, vous pouvez trouver cet illustré sur Amazon ici.
Mon hyperémotivité prémenstruelle vous dit merci, Tigre. ça a l’air bien lacrymogène
Ravi de l’apprendre Lou, ça fait plaisir ! En principe, vos yeux ne saigneront pas, ce titre reste relativement optimiste.
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