Sous-titre : Prince de l’océan. Voici le cycle de la vie d’un fort sympathique cachalot, de sa naissance à l’accouplement, en passant par le retour triomphant dans son groupe après avoir été chassé par un vilain mâle dominant. Oui, c’est le scénario du Roi Lion, et alors ? Bien dessiné et scénario qui tient la route, cette BD didactique remplit confortablement ses objectifs.
Il était une fois…
Lors d’une jolie journée dans l’atoll de Kelai, pas loin de l’archipel des Maldives, un heureux évènement a lieu. Archimède est sur le point de naître. Le très mignon cachalot tout blanc, qui accuse déjà son gros quintal sur la balance, va évoluer dans un univers merveilleux mais pas exempt de nombreux dangers – au premier rang desquels, vous le devinez aisément, l’Homme.
[Comme le proclame fièrement le quatrième de couverture, la rigueur scientifique n’empêche pas de romancer les aventures de notre héros. Autant jouer le jeu non ?]
Critique de Cachalot
Ceci est le premier ouvrage d’une collection parrainée par la célèbre WWF, comprenez donc que j’ai laissé mes griffes dans le tiroir pour rédiger ce billet. Je n’évoquerai que peu les menues erreurs ici et là ou choses qui m’ont piqué les yeux. Ça tombe bien, il y en a peu. Je peux citer par exemple le Japon ou l’URSS cités comme pays pratiquant la chasse à la baleine. Pour un opus sorti en septembre 1991, il y avait sans doute matière à correction.
Yvon Paccalet, écrivain et naturaliste, maîtrise intensément son sujet. Le gars n’est pas que resté connement cloîtré dans son bureau de l’ENS, il a aussi bourlingué avec son ami le bon Cousteau, dont il a d’ailleurs scénarisé certaines aventures. En optant pour une narration peu omnisciente (j’y reviendrai) et axée du point de vue d’un héros animal, le lecteur sera confronté à des péripéties complètes qui passent en revue tout ce que peut subir un tel bestiau.
Quant aux illustrations de Gabriel P., il faut également reconnaître que le rendu des animaux aquatiques (requins, orques, différentes poiscailles) est digne d’une encyclopédie. Applaudissements supplémentaires pour être parvenu à esquisser des sourires sur un cachalot. Toutefois, gros bémol sur les personnages humains, aussi caricaturaux qu’inexpressifs. Lorsque les marins d’un chalutier sont vilains au possible, ou le Japonais qui tient le harpon ressemble à un kamikaze sous meth en train de chier, les « gentils » plaisanciers dans leurs voiliers semblent être deux poupées blondes en plastoc à peine sorties du moule.
En guise de conclusion, un tome très honnête qui alerte, de manière équilibrée (c’est-à-dire sans catastrophisme ni idéalisme outrancier) sur une espèce méconnue en danger. A offrir à son neveu en âge de lire, c’est parfait.
Thèmes abordés (du moins selon Le Tigre)
WWF oblige, il s’agit d’instruire les tout petits sur les glorieuses espèces qui peuplent notre belle Terre en montrant une histoire qui a vocation à se reproduire si « les hommes ne détruisent pas cette planète qui nous nourrit tous ». L’Homme qui fout la merde, c’est avant tout le chasseur de baleines/cachalot ou les supertankers qui croisent et inondent l’océan de mazout. Rien sur le plastique à l’époque de cette BD, apparemment l’Homme n’a guère pris conscience du mal qu’il fait.
Il n’y en a pas que pour le cétacé et son spermaceti qui permet d’avoir un sonar, les balades d’Archimède et son pote Chocolat (parce qu’il est noir…) sont l’occasion de voir quelques beaux spécimens de la faune locale. Car les connaissances du héros semblent innées ! En vrac, nos amis vont croiser des requins nourrice, poissons ventouses et autres poisson-juif (oui, ça existe) dans leurs tendres enfances. Plus tard, lorsque descendre à mille mètres se remplir la panse de calamars est possible, y’a de sympathiques monstres marins à découvrir : du régalec (le roi des harengs), un sexy coelacanthe, voire l’eurypharynx et le grand gousier qui se bastonnent – sans parler des horreurs phosphorescentes qui squattent les profondeurs.
…à rapprocher de :
– La série semble se poursuivre, et le tome 2 est sur l’éléphant, roi des savanes. Et ça continue avec d’autres trucs sur pattes ou avec des nageoires.
– Si y’a un tome sur le tigre, merci de me contacter. Je suis prêt à le payer très cher (avec le « documentaire » de Boucq, ça passera bien).