VO : Lucifer Rising: A Book of Sin, Devil Worship and Rock n’ Roll [pas moins, tsss]. Charles Manson, les Wicca, Anton LaVey (celui en couverture), Mayhem, Led Zep, Aleister Crowley, les sorcières, mélangez tout ça et hop ! Essai de 500 pages denses et souvent imbitables. Le diable est vraiment dans les détails.
De quoi parle L’essor de Lucifer, et comment ?
Gavin, mon ami, qui es-tu donc ? Ooooh, la jolie biographie. Le mec a un cv très complet, presque intimidant même : journaliste (TV, radio), écrivain, chercheur (du moins dans un domaine bien précis), prêcheur et révérend de l’Église de Satan, voilà pour le personnage. Je m’attendais à de la subjectivité pure carat, mais ce ne fut pas criant.
En effet, l’introduction fait montre d’une pertinence (à mon sens) et d’une simplicité qui n’auguraient que du bon, Mister Badelley se proposant de pondre quelque chose de rationnel (entendez, sans le sensationnalisme normalement attaché au satanisme), historique et sans faire acte de prosélytisme. S’il s’y est tenu, hélas la suite a franchement déçu Le Tigre. Ce doit être le fameux « darwinisme social » dont il est question, à savoir que j’ai démérité en ne me concentrant pas assez.
Les reproches à formuler sont relativement nombreuses, mais partent toutes du même constat : j’ai eu un mal de chien à terminer le bouquin. En fait celui-ci, malgré une présentation d’obédience chronologique, n’est pas assez structuré. J’irai même jusqu’à dire que ça part correctement dans tous les sens. Ce n’est pas tant qu’on passe du coq à l’âne, mais les informations brutes délivrées et les interviews réalisées n’ont pas su, à mon niveau, dresser un tableau logique (peut-être il n’y en a pas en réalité) de l’essor des fidèles de celui-qui-apporte-la-lumière.
Et c’est bien dommage car souvent Le Tigre s’est perdu dans la narration. En ajoutant les nombreux name droping et interventions de nouveaux protagonistes (presque un à chaque page), je n’ai pas pu apprécier l’intégralité de l’œuvre. En plus de souvent lire en diagonale la plupart des interviews, j’ai allègrement passé certains passages qui traitaient trop de musique (deux tiers de l’essai), en particulier sur le black metal (cf. infra).
Bref, un essai lourd et bien référencé qu’il est difficile à lire d’une traite. Le résumer fidèlement m’aurait pris plus de 3.000 mots, et ce n’est définitivement pas le genre de la maison du Tigre.
Ce que Le Tigre a retenu
Entendons-nous tout de suite, il est pas mal de passages que j’ai lu au forceps, comme si le diable en personne était juché sur mon épaule. La préface est plutôt bien foutue en balançant les maîtres mots de cette nouvelle religion : curiosité, indépendance et plaisir. Après, il est souvent question de la manière d’atteindre le plaisir.
Le Tigre a surtout remarqué que le satanisme en général est un joyeux mélange de plusieurs cultures et donne lieu à toute une pétée de ramifications. Rien que pour la musique, j’en ai perdu mon latin. Black Sabbat, Led Zep, Venom (qui a créé le nom « Black metal » du titre d’un album de 1982), Ozzy Osbourne, KISS, les métalleux norvégiens, Marilyn Manson, etc. en fait les autoréférencements entre eux et les protagonistes du satanisme sont plus que nombreux.
Les réactions de la « bonne société », enfin, sont souvent bien à côté de la plaque. Je ne parle pas que des fondamentalistes, par exemple la Parents Music Resource Center a « invité » les majors à indiquer quand un album avait un vocabulaire peu idoine, ce qui concernait beaucoup de titres de metal. Cette asso de vieilles dondons (mariées à de puissants hommes politiques en vue) devait sévèrement s’emmerder pour faire cela. Le résultat, on le connaît tous.
En fait, les responsabilités sont partagées : d’un côté certains artistes qui, pour faire underground et subversif, invoquent le diable pour déconner et se faire mousser (à l’instar de groupes bien connus), arrêtent dès que c’est commercialement risqué) ; de l’autre, les flics/journaux/pasteurs qui voient dans n’importe quel pet de souris la manifestation du démon. Même les policiers aux States suivaient des formations sur les « meurtres sataniques », encore plus édifiant que du Hunter S. Thompson !
…à rapprocher de :
– Puisqu’on parle souvent, Aleister Crowley a vomi Le livre de la loi dans des conditions abracadabrantesques. Tigre dit bien « vomi » dans la mesure où c’est incompréhensible (à mon humble niveau).
– Le black metal satanique fait l’objet d’un essai chez le même éditeur. C’est là que le chanteur de Mayhem se suicide. Puis Euronymous le prend en photo et demande aux flics à récupérer une partie de sa cervelle…pour la cuire et la bouffer dit-on…
– Quant au bon Anton LaVey, c’est sa Bible Satanique (en lien) qu’on est censé lire. Les interviews de cet individu par l’essayiste sont inintéressantes néanmoins – tout comme sa bible en fait.
– L’excès d’individualisme prôné par le satanisme est, entre autres (parce que certains sont vraiment dingues), la raison de l’éclatement des courants et diverses querelles d’anti-chapelles. Du coup, ça m’a rappelé le fin mot de La Secte des égoïstes, d’Eric-Emmanuel Schmitt.
– Sinon, faudrait lire (si ça existe toujours) le magazine Kerrang!, puisque l’essayiste n’en peut plus de l’invoquer.
Pour finir, concernant les names droping, une musique de The Gap Band a régulièrement tourné dans mon esprit fécond : You dropped a bomb on me. Et y’en a eu.
Enfin, si votre libraire ne peut vous commander ce titre, vous pouvez le trouver via Amazon ici. Ou directement sur le site de l’éditeur (je ne passe que par là).
Ping : Anton LaVey – La Bible satanique | Quand Le Tigre Lit
Ping : Aleister Crowley – Le livre de la loi | Quand Le Tigre Lit
Sinon il y a aussi Le Bon Petit Diable de la Comtesse de Segur…
Ping : Moynihan & Soderlind – Black metal satanique | Quand Le Tigre Lit