Ce doit être la seule bande-dessinée que Le Tigre possède du bon André Geerts. Le tonnerre de l’été qui sera traité dans cet ouvrage renvoie autant à la nature vengeresse qu’aux premiers émois de certains – sans compter le kiff total de ces vacances pour nos héros. Dessins qui glissent dans les mirettes, scénario bien ficelé,un peu d’humour, c’est du tout bon.
Il était une fois…
Mamy (madame Semaine pour les intimes) et son petit Jojo, accompagnés de l’irremplaçable ami Gros Louis, vont passer leurs deux mois de vacances d’été à Aventières, chez la famille. C’est également dans ce trou paumé pas loin de la mer que le directeur de l’école passera ses congés. Une bonne dose d’amitié, du grand air, une pincée de sentiments, c’est parti pour un été du tonnerre – mouarf, rendons hommage à ce jeu de mots.
Critique de La cible de deadshot
Il arrive au félin de tomber sur une antique BD qui traîne dans les chiottes de la maisonnée du grand-père, et immanquablement il s’agit de la même depuis des piges. Par conséquent, je commence à la connaître sur le bout des doigts, ce qui est plus qu’utile pour en faire une critique.
La bande à Jojo (décidément, je vous prie de m’excuser) part donc chez la cousine Angèle qui vit dans une très grande ferme. C’est l’occasion de retrouver Odilon, énorme gaillard qui a pris du muscle, son épouse Emma (timide maladive), le fiston Thomas (dont on entendra plus parler), le chat…et surtout Marie, la petite dernière. Gros Louis a le coup de foudre, en même temps la couverture était sans appel. Très vite, chacun trouvera sa place dans ce petit univers : le petit Jojo essaiera de devenir aussi fort que son cousin éloigné, et Gros Louis fera tout pour gagner le cœur de la petiote.
Le petit plus narratif est l’histoire parallèle de René, le dirlo de l’école qui va camper à deux pas de la ferme. S’il ne croisera jamais nos héros, ceux-ci influenceront plus d’une fois le déroulement de ses vacances – relativement reposantes. Quant aux illustrations, classiques au possible, Le Tigre a applaudit des deux mains grâce aux traits précis et les personnages représentés à l’aune de la vision d’un enfant – proportions dégradées suivant l’importance accordés à tel ou tel aspect. Bref, une BD qui fleure bon la paille et donnerait presque envie de poursuivre avec ces personnages.
Thèmes abordés (du moins selon Le Tigre)
La campagne, la vraie (quoique…). André Geerts vend du rêve avec ses petites saynètes agricoles, tout ceci est profondément charmant : lever de bonne heure, petit-déjeuner aussi lourd que le mur de Berlin, menus travaux autour du domaine, soirées improvisées et nature qui parfois se déchaîne. Les personnages sont pittoresques, presque de gentilles caricatures du paysan un poil bourrin mais qui a le cœur sur la main. Cette campagne idyllique (aucun pesticide ni aide de la PAC) est souvent opposée à la « civilisation », notamment la plage où se serre la populace.
A la fin de ce séjour, Mamy dit quelque chose de fort touchant à sa cousine : Jojo et elle ont trouvé, pendant ces vacances, quelque chose de fort : de l’amitié – avant la famille, mais je ne juge pas. Cette amitié renvoie avant tout à la relation entre le directeur/campeur et un oiseau. Voui voui. Car le piaf adopte rapidement son nouvel ami qui, en prenant de gros risques, le sauve des dangers d’un orage. Ces sentiments font écho à ce qui lie Gros Louis de Jojo, éternels amis pour le bonheur des lecteurs – enfin, c’est ce que je me dis.
Enfin, y’a un peu d’amour ici. Du très soft, rien de sexuel ni licencieux. Seulement une amourette naissante qui donne des papillons dans le gras bide du gros Loulou. Celui-ci découvrira les difficultés pour plaire, que ce soit bien cocotter ou éviter de lâcher une correcte perlouze en public. Marie, de son côté, ne sait rien de ce genre de sentiments, disons qu’elle oubliera aussi vite son mignon dès le premier jour de la rentrée des classes. Du Brassens, vous dis-je.
…à rapprocher de :
– Vacances à Saint-Prix, de Chris & Julien Flamand, est du même acabit (à ceci près que ça s’adresse moins aux gosses).
– Le retour à la terre (tome 1 sur le blog), Manu Larcenet (avec Ferri), y’a égalementdestiné aux ados à mon sens.
– Si vous aimez ce genre de BD mignonnes avec tout plein de souvenirs, je ne saurais trop vous aiguiller vers Paul à la campagne, de Michel Rabagliati.
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