VO : Animal Farm. L’autre classique d’Orwell, plus digeste et à portée d’un lectorat bien plus vaste. A la manière d’un La Fontaine, l’auteur a imaginé une courte histoire avec des animaux, entraînés par des cochons, qui vont prendre le pouvoir dans la ferme. Critique à peine voilée de l’URSS, on peut raccrocher à chaque animal son personnage politique.
Il était une fois…
21 juin, dans la campagne de sa très gracieuse Majesté, gronde la révolte de quelques animaux. Les humains sont chassés, les cochons Snowball et Napoléon prennent le pouvoir. La constitution du régime est « Tout ce qui est sur deux jambes est un ennemi. Tout ce qui est sur quatre jambes ou possède des ailes est un ami. Aucun animal ne portera de vêtements. Aucun animal ne dormira dans un lit. Aucun animal ne boira d’alcool. Aucun animal ne tuera un autre animal. Tous les animaux sont égaux. » Mais l’utopie ne durera pas longtemps, entre crises politiques et difficultés financières, mais surtout l’attrait du pouvoir, tous ces évènements poussent les cochons à construire une solide dictature qui est le miroir à peine déformé de l’URSS des années 20 jusqu’à la fin des années 40.
Critique de La ferme des animaux
Un petit joyau d’Orwell, pas étonnant que ce titre soit sur les listes des livres à lire pour les collégiens (ou lycéens). Petit car en 150 pages la lecture est aisée, le lecteur ne sera à peine troublé par le style qui ne fait pas très forties.
Concernant le scénario, je ne vais pas vous l’expliquer par le menu, la partie précédente étant déjà bien fournie. Seule la fin mérite d’être relatée, avec le règlement du manoir qui progressivement s’efface pour laisser la place à un « Tous les animaux sont égaux, mais certains le sont plus que d’autres ». Lors d’un dîner entre cochons et humains, ceux-ci s’entendent si bien qu’il est difficile pour les autres animaux de reconnaître une espèce de l’autre.
Le Tigre, qui aime parfois briller dans les dîners de Mme la Baronne, a cru comprendre qu’il s’agissait d’un apologue (rien à voir avec l’apologie) : un texte narratif censé revêtir de précieux enseignements. Ici, c’est une partie de l’histoire de l’URSS qui est contée mais avec des bêtes (cf. infra). C’est bizarre d’ailleurs que personne n’ait eu l’envie de faire une suite à La ferme des animaux, il y a bien quarante années de soviétisme restantes qui attendent leurs fables animalières.
Comme 1984, voilà un texte que vous ne serez pas prêt d’oublier : plus de dix ans après Le Tigre a encore en tête les péripéties de nos cochons, vaches, poulets, canassons,… Seule l’analyse, plus fine, évolue avec l’âge.
Thèmes abordés (du moins selon Le Tigre)
Les animaux et leurs homologues humains. Je ne m’en étais pas complètement rendu compte lors de la première lecture, mais toutes les bêtes ont leur équivalent du côté de l’URSS. Chaque cochon représente un apparatchik du parti (Staline, Trotsky,…) ; le cheval de trait (Malabar, rapport avec son cerveau malléable ?) est l’ouvrier soviétique qui a toujours cru au système et se fera plumer même dans la mort ; le corbeau qui incarne la religion, etc. D’autres sites se chargent mieux que moi de cette analyse, néanmoins l’ignorer n’empêche pas le plaisir de la lecture. Comme Fight Club…
La dictature. Comme le communisme, l’idée de départ des dirigeants est belle et noble, on a envie que leur ferme (rebaptisée « manoir », déjà on est alerté) marche le mieux possible dans une harmonie parfaite. Mais comme toute utopie, le rêve fait place à la réalité teintée d’un effroyable cynisme. Les dictatures qui souvent sont initialisées par l’espoir trouvent leur alpha et omega dans La ferme des animaux, qui mieux que tout livre d’histoire rend compte, en un vocabulaire simple et efficace, des étapes séparant la félicité pour tous du bonheur pour une poignée.
…à rapprocher de :
– 1984 est sombre, pessimiste et beaucoup plus étoffé que le présent titre. Un chef-d’œuvre d’anticipation que Le Tigre hésite à résumer tant on a parlé de ce livre. Si je le fais, ce sera alors sous le sceau de l’humour.
– Plus court, plus marrant, mais avec les mêmes enseignements, il y a bien sûr Les fables de La Fontaine.
– Pour en apprendre un peu plus sur les dictateurs et leurs œuvres, L’Express a sorti Les derniers jours des dictateurs. 20 au total, édifiant.
Enfin, si votre librairie est fermée, vous pouvez trouver ce roman en ligne ici.
Ping : Guy Delisle – Pyongyang | Quand Le Tigre Lit
Tigre,
Je me baladais sur ton glorieux blog à la recherche de titres de livres bien sentis pour accompagner mes futurs journées d’été du mois d’août. Mon premier choix est fait, ce sera la ferme des animaux de George Orwell que je n’ai jamais lu. A ce propos m’est venu une question. Si je comprends ta volonté de ne pas résumer son précédent et célèbre roman 1984 tant on a déjà parlé de ce bouquin, j’aimerai en revanche beaucoup avoir ton avis sur un autre classique d’anticipation sociale : Le meilleur des mondes d’Aldous Huxley. Et ce parce que malgré la renommée de cet ouvrage j’ai malheureusement été obligé de le laisser (à regret) sur mon mur des renonciations tant je l’ai trouvé indigeste. Alors ma question est simple : sentiment légitime ou simple acte manqué qui pourra être corrigé dans un futur proche par la reprise du livre dans d’autres circonstances peut-être?
Merci d’avance pour ton félin avis.
La Pieuvre.
Je m’occuperai d’Huxley avant la rentrée, promis. Il a été lu et est dans les bacs, et vu sa longueur je l’avais très vite terminé. N’hésite pas à me rappeler de le mettre sur le glorieux site.
Amitiés marines