Trilogie science-fictionnesque mettant en scène une mercenaire au caractère bien trempé qui est plongée au milieu d’un conflit au sujet d’une fabuleuse invention, il y a certes quelques beaux passages. Mais cela manque de fluidité et de crédibilité. Le format doit y être pour quelque chose.
Il était une fois…
Cette intégrale se décompose en trois parties aux noms aussi exotiques que mystérieux – Jukurpa, Mare tranquilitatis puis Intrusions. Tout commence par l’enlèvement plutôt culotté d’une détenue qui purgeait sa peine dans un gros frigo. Oui, la mode à un moment fut de cryogéniser les condamnés le temps que les places se libèrent. L’héroïne « libère » donc une japonaise (Naoko Sonoda de son p’tit blaze) pour le compte des Yakuza pour qui Naoko a précédemment travaillé. Sauf que Sonoda n’est pas n’importe qui, en fait si la mafia la recherche c’est pour finaliser une invention susceptible de foutre un bordel monstre au sein de l’Humanité.
Critique de L’affaire Sonoda
Le problème avec les intégrales à petit format est que le félin se tue les yeux à décrypter des dialogues (pas forcément intéressants). Sans compter les détails moins décelables et la ferme impression qu’il manque une certaine ampleur aux paysages et échanges de tirs nourris entre clans. Et ça peut durement influencer la teneur d’une critique j’en ai peur.
L’histoire se passe au milieu du 21ème siècle et l’Homme a colonisé la lune et des stations orbitales ont fleuri un peu partout dans l’espace – putain, rigolez pas, en ouvrant le robinet à subventions c’est possible. Sauf que ce sont moins les États que les corporations qui ont permis cela, d’où l’émergence de groupes puissants à peine retenus par l’ONU. Le protagoniste principal, Mac Callum, est une aventurière de talent qui mène une mission qui la dépasse. Aidée notamment par un Australien un peu dingue et la journaliste arriviste Elena Dinova, Mac Callum rejoindra vite le camp des gentils contre celui des impitoyables Yakuzas qui se rêvent maîtres du monde. Happy end, bien évidemment.
Parlons un peu des illustrations. Si le trait et les couleurs tiennent la route, ça n’a pas le petit plus qu’une BD de SF peut offrir. Ceci dit, il ne faut pas cracher sur l’absence d’effets « waoww » pour de si longues sagas, sans compter que le rendu des personnages est de bonne facture – j’irai même jusqu’à dire qu’ils sont diablement sexys. En particulier, le méchant boss japonais avec son dragon numérique envoient du joli, et je ne parle pas du combat final à la tournure numérique qui a été relativement bien abordé.
En guise de conclusion, je n’ai pas vraiment été déçu dans la mesure où je n’attendais rien de cette bande dessinée. Le Tigre n’espérait ni grandiose aventure (les péripéties se déroulant à un rythme satisfaisant mais terne) ni redoutait une merde sombre, et sur ces points tout c’est déroulé comme prévu. N’ai pas été convaincu hélas.
Thèmes abordés (du moins selon Le Tigre)
L’univers de la trilogie fait montre d’un peu d’anticipation sociale en présentant un monde assez immoral où les multinationales (notamment les entreprises criminelles) jouent sur un pied d’égalité avec les organisations internationales. La puissance de feu et l’organisation de la mafia japonaise m’ont plus d’une fois troué le fondement, que ce soit la mise en place d’une production de drogue à partir de stations spatiales ou le QG sur île surprotégée qui ferait bander n’importe quel ennemi de James Bond qui se respecte.
Pour la petite histoire, le quatrième de couverture parle d’un « programme dont le contenu permettra d’accéder au plus vieux rêve de l’humanité ». Quitte à légèrement spoiler, quel est donc ce fameux rêve ? Oui : l’immortalité. Sauf que pour les auteurs qui font monter la mayonnaise pendant la première moitié de l’œuvre, l’immortalité se traduit par la fusion entre l’esprit et la machine…aussi con que ça, Le Tigre était en droit d’avoir quelque chose de plus renversant. En outre, je n’y ai guère cru, les soubassements scientifiques à une telle découverte relèvent plus de la fantaisie que de la hard SF. C’te bande de touristes.
…à rapprocher de :
– Sur la fusion esprit-machine, je préfère nettement le bon Reynolds et sa tétralogie des Inhibiteurs (premier opus en lien), voire Le vaisseau des Voyageurs de Wilson.
– En bande dessinée, une autre petite bagarre dans un univers numérique se trouve dans le tome 7 des aventures de Bruce Wayne par Grant Morrison (Batman Incorporated). Voire Les Technopères de Jodov’.
Enfin, si votre librairie est fermée, vous pouvez trouver cette intégrale en ligne ici.
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