Sur-titre: Les Aventures de Max Fridman, tome 1. Polar d’espionnage se situant en Hongrie, il y a du réalisme dans les pérégrinations d’un homme engagé malgré lui dans la tourmente européenne – moins crédible hélas, ce personnage. Longuet, action limitée, fin décevante. Bref, les années 80 ont produit nettement mieux question littérature dessinée.
Il était une fois…
A la fin des années 30, quelques mois avant la Seconde Guerrière mondiale, le foutoir s’installe en Europe de l’Est, notamment pour les services secrets européens. Rhapsodie, c’est le nom du réseau français sis à Budapest. En peu de temps, la plupart de ses agents a été zigouillée, et ça balise sévère à Paname. Tellement que le Deuxième Bureau (ancienne SDECE, puis DGSE) décide de tout faire pour dépêcher un homme sur place. Au lieu d’envoyer un barbouze de chez eux, les Français parviennent à « inciter » Max Friedman – qui est juif au passage. Saura-t-il dénouer une intrigue aussi complexe que dangereuse ?
Critique de Rhapsodie hongroise
Voilà sans doute l’unique bande dessinée que je possède de Vittorio Giardino, et très honnêtement je pense que ça s’arrêtera là. Car ce n’est pas mon genre d’histoire (et je ne parle pas des illustrations), même si dire que je me suis ennuyé serait excessif.
Le scénario, en effet, tend à trop vouloir rendre compte des luttes (j’allais dire des jeux) clandestines de cette époque troublée. Or, étant donnée que Rhapsodie Hongroise accuse près de 100 pages au compteur, l’auteur italien a pu ficeler une intrigue complète et, il est vrai, bien menée. Mais il y a trop d’intervenants : Herr Schminck, avec sa bonne gueule de nazi pervers et affilié à Himmler ; l’Abwehr, renseignement militaire de l’armée allemande ; les espions français qui, depuis Paris, assistent impuissants au désastre ; le NKVD, forcément ; et même quelques freelanceurs plus ou moins accrochés à/par un État – le mystérieux Zadig, l’extravagant Baron Von Kluberg, une tenancière d’un bordel, etc. Enough is enough, comme disent les Anglais (étonnamment absents).
Le héros, Friedman, parvient progressivement à tirer son épingle de la meute de foin européenne. S’il n’était pas un peu limité question physique et un poil amateur, le gars aurait tout d’un James Bond franchouillard : chance insolente, intuition, et quelques éclairs de débrouillardise. Il réussit même (étant marié) à se faire la miss Möget, survivante de l’hécatombe hongroise. Quant au dessin, disons que l’environnement admirablement reproduit (architecture, paysage) est rapidement gâché par des personnages qui ont peu d’envergure et présentant toujours la même gueule. Sauf que Giardino aime les gros plans sur ceux-ci, ça fout bien en l’air le plaisir de la lecture.
En conclusion, Le Tigre a lu et relu l’ouvrage, et jamais s’est dit « zut alors, c’est pas mal finalement ». A la décharge de Giardino, son style autant que le sujet de cette BD ne sont point de nature à me transporter. C’est donc avec l’œil morne du poisson pêché depuis fort longtemps que j’ai parcouru ces pages.
Thèmes abordés (du moins selon Le Tigre)
Comme je l’expliquais, les barbouzeries sont prégnantes, sans doute trop. Outre le nombre de protagonistes (dont certains présentent le même faciès, histoire de corser la compréhension), leurs motivations et ce qu’ils savent (ou ignorent) sont difficiles à suivre malgré une narration quasiment omnisciente. Les péripéties se suivent à un rythme soutenu (peu de coups d’éclat toutefois), et quelques unes se ressemblent tellement que j’ai bien cru que l’auteur/illustrateur souhaitait attirer notre attention sur la monotonie du métier d’agent secret.
A mon sens, l’œuvre est également utile pour dresser le tableau d’une Europe centrale en tourmente. Coincée entre l’ogre russe et un Führer fou furieux, la région est un champ de bataille autant diplomatique que, plus tard, militaire. Sans spoiler (aucun lecteur du blog ne lira cette foutue BD de toute façon), les aventures de Max Friedman sont l’occasion de se balader dans les grandes réceptions, les rafiots coulants et de rencontrer des personnages-types des années 30. Tout ça pour une sombre histoire d’approvisionnement d’armes à destination de l’Espagne en pleine guerre civile…opération en cachant une autre plus vitale pour l’Allemagne – genre, l’annexion de l’Autriche.
…à rapprocher de :
– Pour l’instant, Le Tigre ne voit que Les fantômes de Breslau, de Marek Krajewski, pour rendre compte de l’ambiance de l’Europe centrale. Mais en mieux, et avant/pendant la première guerre mondiale.
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