Idée de Sutra qui m’est venue après de nombreuses lectures des comics Batman, Le Tigre est en passe de révolutionner le paradigme sociétal de DC Comics. Malgré la popularité de l’homme chauve-souris, personne (il me semble) ne paraît s’être posé une cruciale question de bon sens. Et j’ai pourtant trouvé la réponse.
Qu’est ce que Gotham City ?
Allons droit au but. La fameuse question que Le Tigre vous pose est la suivante : pourquoi les habitants de Gotham (qu’on appellera les Gothamites) ne se sont toujours pas aperçus que Bruce Wayne fait le con sur les toits de leur ville habillé en combinaison de cuir noir avec un masque de chippendale ? Et ma réponse est désarmante : ils le savent, et parallèlement font tout pour que Wayne ne le sache pas.
Revenons aux bases : Gotham City est une ville imaginaire qui sert de décors à la plupart des aventures de Bruce Wayne, alias Batman. Ce terme « Gotham » est un fort joli mot d’ailleurs, on pense rapidement à une ville sombre, à l’architecture gothique (les premières lettres sont révélatrices) et dotée d’une structure labyrinthique des plus dégueulasse. Bref, une sorte de Paris de notre siècle si le baron Haussmann n’avait pas sorti son marteau-piqueur.
New-York plutôt que Paris pour être précis, car Gotham City n’est rien de moins que l’avatar imaginaire de la capitale économique américaine dans l’univers lié au Batou (dixit le Joker). Un peu comme Métropolis dans les aventures de ce gros myope de Clark Kent. Et ce nom ne semble pas avoir été choisi au hasard étant donnée que Washington Irving parlait déjà de Gotham pour NYC dès le 19ème siècle. Or, la différence ne s’arrête guère là : une grosse île au milieu, une corruption qui se porte bien, la disparité riches / pauvres qui faisait tant plaisir à Reagan, les bagnoles de police, c’est bien Big Apple.
Pourquoi Gotham ne sait pas qui est Batman ?
Pourquoi cette question ? Parce que depuis que sortent les comics relatifs à ce super-héros, pas une seule fois l’identité de Batman est portée à la connaissance de l’opinion. Pire, connaître l’identité du clown bodybuildé qui tape des rodéos avec sa batmobile, ça ne semble pas vraiment intéresser les Gothamites. Et c’est plus que louche, même si je comprends que certains (ouvriers du bâtiment, constructeurs de routes, vitriers, assureurs) ont un intérêt certain à laisser la grosse chauve souris s’en donner à cœur joie. Mais les autres ? Un mec comme Bane, certes très intelligent, devine en très peu de temps que Bruce = Batman, alors que peut-il bien se passer dans la tête du reste de la populace ?
Une telle concentration de demeurés n’est pas normale du tout, seule Antibes accuse un tel plafonnement de QI, et ce à cause d’une seule personne (cette ville a en effet vu naître Guillaume Musso). Statistiques certes aggravées en été par la présence de touristes anglais.
Avant de passer à la partie suivante, Le Tigre va vous donner deux sources d’inspiration m’ayant aidé à trouver la solution. La première, c’est Neil Gaiman et sa BD Qu’est-il arrivé au chevalier noir ? Dans cette œuvre où Batman mort voit défiler ses amis et ennemis devant son cercueil, Alfred donne une version délicieuse de son rôle pour sortir maître Bruce de sa langueur. Original et séduisant, ce passage a suffi à pardonner les égarements de l’auteur quelques planches après.
La deuxième est une histoire (véridique) ayant lieu au 12ème siècle de la ville anglaise de Gotham, dans le Nottinghamshire. Jean d’Angleterre voulait passer par cette bourgade, or chaque carriole du roi (comme en France à l’époque) foulant une route recevait le doux nom de « route royale ». Ce dont les habitants ne voulaient pas du tout. Aussi lorsque l’intendant du roi faisait un tour en éclaireur de la ville, il vit des habitants totalement demeurés en train de faire n’importe quoi (brouter l’herbe, courir comme des poulets décapités, bref faire tout à l’envers j’imagine). Résultat : le bon roi Jean a jugé utile d’éviter ce village de mongoliens qui ont magnifiquement joué le jeu le temps d’une journée.
Comment ?
Alors, comment puis-je asséner que Gotham, à l’instar de sa petite homologue anglaise, est loin d’être aussi conne que le lecteur qu’il n’y paraît ? Mais surtout, comment font-ils et quelles sont les motivations des Gothamites ? La motivation m’a semblé hélas évidente : l’argent.
En effet, Bruce Wayne est issu d’une famille scandaleusement riche. Pas une seule fois dans les comics, sauf exception, j’ai vu le jeune Wayne checker son livret A et s’inquiéter de ne pas pouvoir terminer le mois dans le vert. Et la famille Wayne agit comme une centaine de Rotary et Lions Club réunis, de vrais philanthropes. Or, comme on peut le découvrir dans la La Cour des hiboux, dès que les Wayne ferment le robinet à fric, des horreurs arrivent. C’est pourquoi les habitants de cette ville complexe ne souhaitent en aucun cas que le bel homme se fasse la malle comme un vulgaire Depardieu anorexique. Bruce ne doit pas quitter Gotham, point barre.
Pour cela, la métropole fait autant preuve d’imagination que de sacrifices. Les Gothamites ont bien compris que Wayne Jr. n’en peut plus de ce bled pourri depuis que ses vieux se sont fait bêtement assassinés dans une sombre ruelle. Et psychologiquement il convient de donner au jeune prodige de solides raisons pour le maintenir dans sa ville natale. Ne pas favoriser un quelconque irrédentisme villageois, garder le cordon maternel intact, pour parler en termes savants. Du coup, par un subtil bouche à oreilles au sein des grandes instances de la ville, on s’est rapidement mis d’accord.
Le Tigre évoque l’esprit de sacrifice car il fallait créer d’inquiétants super-vilains comme le Joker ou encore Killer Croc. Le but est double : premièrement, ces tarés à la logique sibylline représentent une arme parfaite pour se défaire de la mafia. Celle-ci fait certes de temps à autre alliance avec eux, mais au final se fait entuber dans les grandes largeurs. Deuxièmement, Batman doit avoir des adversaires à sa taille capables de le maintenir sur place. Donc des acteurs ont été recrutés, par la mairie, parmi la populace de Gotham. Un peu de maquillage, quelques expériences génétiques, il s’est très vite avéré qu’entraîner ces gus sortis de nulle part ne représente qu’un infime pourcentage de ce que rapportent les bonnes œuvres et les impôts de Wayne.
Enfin, contrairement aux citoyens normaux (pire, aux flics), la mort n’est presque pas dans leur contrat de travail. Que du bonheur. Parce que Batman a un code moral archaïque qui veut qu’il ne faut pas tuer, mais les enfermer à Arkham. Or cet asile est l’équivalent du pénitencier où les Dalton séjournent, c’est-à-dire une vraie passoire qui s’ouvre un peu plus pour occuper Bruce Wayne dès qu’il songe à faire ses valises. D’ailleurs je soupçonne notre héros d’avoir une solide érection dès qu’il apprend qu’un méchant s’est (encore) évadé.
Conclusion batmanesque
Voilà, j’ai découvert le pot aux roses. Je m’applaudis et m’oins de crème d’or pour l’occasion. Le plaisir de l’aventurier qui pose son frétillant drapeau sur un territoire vierge, cela n’a pas de prix. A ce propos, si DC Comics avait l’idée d’utiliser ma fabuleuse explication, je tiens à signaler que l’éditeur devra passer à la caisse. Et ça coûtera bonbon, croyez-moi.
Pour ceux qui s’étonnent du comportement de Bane qui explose la colonne vertébrale de Wayne dans Knightfall, je vous répondrai qu’il fallait littéralement clouer le Bat sur un lit à Gotham à un moment où il caressait l’espoir de prendre des vacances. En guise de vraie conclusion, un rapide mot sur le numéro du Sutra. Comme lorsque j’ai répondu à la question de ce billet, les raisons du #64 sont simplissimes : A=1, B=2, etc. en faisant la somme des chiffres de GOTHAM on arrive à ce nombre. Voili voilà.
Peut-être les habitants de Gotham feignent l’ignorance par crainte de voir l’homme chauve-souris, démasqué, se faire la malle entrainant par la même occasion le départ précipité de la belle et féline Catwoman. Miaou
Grrraaooouuu…je n’y avais pas pensé, et ça me semble fort logique également ! Je rajouterai dans le lot Poison Ivy, bien plus sexy dans les comics que cette fadasse d’Uma Thurman…