Sous-titre : Ou le Théorème du homard. Dans une grande ville d’Australie, l’univers ordonné d’un scientifique ultramaniaque est sur le point d’entrer en collision avec celui d’une femme à l’esprit foutraque mais plein de promesses. Écriture svelte et aisée à lire, quelques passages amusants, mais dans l’ensemble assez terne. Ce n’est pas que c’est nul (quoique…), mais ce n’est pas vraiment mon genre.
Il était une fois…
Don Tillman, petite quarantaine, a tout pour plaire : scientifique australien à la réputation établie, plutôt beau gosse, sportif comme il faut, maîtrise plus que correcte des arts martiaux, cuisinier de talent. Y’a juste un pitit truc qui cloche : il est complètement asocial. Mais au moins il le sait. Et puis il a un couple d’amis (Gene et Claudia) dont le volage mari aime punaiser une mappemonde sur chaque pays dont il a baisé une citoyenne. Sinon, Don est célibataire, et s’est mis en tête de trouver la femme parfaite à ses yeux. Pour cela, il a mis au point un processus bien rôdé. Mais c’est sans compter Rosie qui débarque dans son bureau….
Critique du Théorème du homard
Pourquoi ce titre ? Parce que Don se prépare, chaque mardi soir, un quart de homard. Et que la gueuse qui vivra avec lui devra se plier à cette habitude. C’est un critère de sélection d’une compagne parmi tant d’autres. Je vous passe les autres critères, sachez juste qu’il existe une raison scien-ti-fi-que-ment logique pour chacun d’entre eux.
Ce roman, plaisant mais loin d’être renversant, se décompose en deux histoires solidement imbriquées. Déjà, il y a « l’Opération Épouse » menée par notre héros. Et quand son ami Gene lui envoie (pour plaisanter) Rosie Jarman dans son bureau, Dan pense à une « candidate ». Sauf que la miss, loin d’être bien dans sa peau, ignore tout du personnage. Et même si Rosie ne répond pas positivement à ses tests, Tillman continue de la fréquenter. Pas parce qu’elle lui plaît, mais pour l’aider à retrouver son vrai papa. Lequel aurait copulé avec sa mère lors d’une fête de remise de diplômes de médecins.
Le roman prend alors la tournure d’une comédie sentimentale à succès dégoulinante de guimauve avec les bons ingrédients pour cartonner : de l’humour (entre quiproquos et comportement de Dan) ; de l’aventure (le couple voyageant beaucoup pour récolter des prélèvements ADN des pères potentiels) ; un peu d’action (une petite baston dans un restau chic) ; un peu de sexe sur la fin (sans les seins visibles hein), sans oublier le consternant happy ending à la sauce australienne. Emballez en trois heures c’est pesé, et passez à autre chose.
En fait, j’ai trouvé ce qu’il ne va pas. Le Tigre est plus proche de Don (pas en intelligence, mais en bizarrerie) que votre voisin de palier. Du coup, je n’ai rien trouvé d’original aux remarques du narrateur (première personne du singulier). Et puis la manière dont les péripéties sont amenées m’a parfois paru d’une rare putasserie digne d’un comique qui cherche à vous expliquer sa blague pas drôle.
Enfin, et au risque de me faire (encore) engueuler comme de la poiscaille à peine défraîchie, c’est encore un roman de nanas. Mais du roman utile, du genre à permettre de comprendre comment peut fonctionner quelqu’un avec tous les défauts des hommes – mis à part l’envie constante de se vider les couilles, peu présente chez Don..
Thèmes abordés (du moins selon Le Tigre)
Parlons sérieusement. J’ai trouvé assez intéressant le fait que deux mots ne reviennent qu’une fois dans ce bouquin : le syndrome d’Asperger. Faut pas être grand clerc pour piger que Don est sévèrement atteint – surprenant qu’il ne se diagnostique pas lui-même. N’étant pas spécialiste de cette affection (qui n’est pas une maladie à mon sens), j’ai comme l’impression que Graeme Simsion (tiens, ai appris un nouveau prénom) a plutôt bien cerné le cerveau de ces personnes et la façon dont leur paradigme s’organise : méthodiquement, prise de risque minimale, optimisation au détriment d’un plaisir qu’ils ne recherchent pas, etc. En outre, ne pas évoquer Asperger tend à montrer que ce n’est pas vraiment une atteinte, mais plutôt une façon de penser par défaut qui peut indisposer l’individu dit « normal ».
Sinon, et de manière plus que triviale, l’auteur entreprend, par une voix certes inédite, de montrer que l’amour ne se programme pas, et gnagnagna. Tout n’est que délices du hasard, constructions par étapes, petits ratages fort mignons, feeling grandissant, discussions à bâtons rompus – l’opposé d’un questionnaire aussi intrusif qu’un logiciel de la NSA sur l’appareil avec lequel vous me lisez. En rajoutant la recherche du père biologique et comment la génétique peut influencer une personne (ou est-ce un effet placebo), comprenez que l’écrivain a tapé large dans le consensuel.
Pitié, qu’un producteur n’aie pas soudainement envie d’en faire un film.
…à rapprocher de :
– Y’a une suite. Je m’en fous. Suivant.
– Dans le même genre de niaiserie que je n’ai guère l’habitude de lire, et si c’est votre came (ce que je respecte infiniment), allez voir du côté de chez Douglas Kennedy .
– Le film Pour le pire et pour le meilleur, avec Jack Nicholson en maniaque furieux qui finit par séduire l’autre truie dont j’ai oublié le nom.
Enfin, si votre librairie est fermée et que c’est susceptible de vous plaire, vous pouvez trouver ce roman en ligne ici.
A propos d’un mec totalement tarre mais qui trouvera quand meme l’amour, j’ai pense a « Comment Je Suis Devenu Stupide » de Martin Page. Bon pour etre honnete j’ai adore ce bouquin.Tigre, l’as-tu lu?
Non. Mais je le note. Merci de ta régularité dans les conseils.